I - La candidature

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Deux janvier 2022 neuf heures quinze

   Je me suis réveillé ce matin avec l’esprit brumeux. Pourtant hier soir, je n’ai pas vraiment abusé du champagne pour fêter le nouvel an. Louise, comme à son habitude, pompette, délirait sur la politique gouvernementale. Encouragée par ses copines féministes, encore plus bourrées qu’elle, elle gueulait à tue-tête qu’elle allait se présenter à l’élection, qu’elle y travaillait depuis des semaines et qu’elle avait réuni les signatures nécessaires et déposé les statuts de son nouveau parti politique : Démocratie, Européenne, Gynocratie et Liberté, dont l’acronyme DEGEL est déjà tout un programme.

  Je n’y avais prêté aucune attention, évidemment, mais en prenant mon petit déjeuner Alka Seltzer, un flash d’information fit une brutale percée dans mon cerveau encore endormi. Avais-je bien entendu ? J’allumai la télé pour vérifier, car la radio passait maintenant le programme musical. Sur France info, un débat comme sur LCI, mais sur BFM une bande-annonce titrait : après l’annonce de sa candidature, la postulante va se rendre dans la permanence cambraisienne de son parti, le DEGEL pour présenter son programme. Bon sang, pourquoi ne la nomment-ils pas ? Serait-ce vraiment Louise ?

   Ça y est, un journaliste est devant le local, un attroupement attend, quelques flics peinent à les maintenir à l’écart de la porte quand une berline noire se gare devant , une femme sort, regarde partout, autour d’elle, puis ouvre la porte arrière, les journalistes s’approchent, Louise s’extirpe du véhicule sans un mot et s’engouffre dans sa permanence sous les applaudissements des spectateurs. Une jeune femme vient alors au-devant des journalistes :

  — bonjour à tous, Madame Louise Disset tiendra une conférence dans la salle des mariages de la Mairie à midi, pour présenter son programme. Merci et à tout à l’heure.

Deux janvier 2022 midi

— Mesdames, messieurs, si je présente ma candidature aujourd’hui, à la fonction la plus élevée de la république, c’est pour mettre fin à la gabegie et aux abus de pouvoir, pour mettre en place une nouvelle constitution qui donnerait aux femmes les mêmes droits et devoirs, les mêmes salaires que les hommes, pour modifier la loi en instituant la parité effective, pour changer les « droits de l’homme » en « droits de l’homme et de la femme ».

  Les femmes sont plus nombreuses que les hommes dans notre pays et il est incroyable que, jamais, nous n’ayons pu occuper les postes qui devraient nous revenir, J'ajouterai : naturellement ! La dictature masculine doit cesser, si toutes les femmes votent pour mon programme, nous obtiendrons la majorité et je serai élue pour enfin assurer l’égalité de traitement et la parité dans tous les secteurs.

  Mon programme en 28 propositions est à votre disposition dans toutes les permanences du DEGEL.

  Vive la République, vive la France et vive la liberté, l’égalité, la sororité et la fraternité.

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JI 17/12/20

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