Chapitre XI.2

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Plus tard, après qu’il eut mangé plusieurs repas et dormi longtemps, des gardes vinrent le chercher et l’emmenèrent. Il fut attaché à une chaise devant un bureau, et laissé seul. Io ne pouvait pas bouger, il ne pouvait qu’attendre.

Ce ne fut pas long : un homme vint rapidement s’asseoir au bureau en face de lui.

« Bonjour, dit-il. Bon, je suppose que vous préférez écourter les formalités administratives. Comme vous le savez sans doute, vous allez être jugé sous peu. Voici comment tout cela va se dérouler : vous signez la reconnaissance des méfaits accomplis, ensuite on va vous envoyer un avocat avec lequel vous discuterez des termes de votre défense, et si tout se passe bien, et rapidement, le procès pourrait avoir lieu dès demain. Alors voilà, ceci est la liste des méfaits qui vous sont reprochés, si vous voulez bien la signer… »

Alors, il signait, il était jugé, condamné, et puis, fini ! C’était tout simple. Mais n’avait-il pas juré de continuer à se battre ? Puisque c’était simple, il n’y avait qu’à compliquer un peu les choses.

Il posa son regard sur l’écran qu’on lui présenta. La liste était longue, ils n’avaient pas choisi de ne conserver que le plus important, loin de là :

- piratage d’un ordinateur de la Société

- tentative d’imitation d’ordres officiels

- travail publicitaire non demandé à usage nocif envers les forces de l’ordre…

On trouvait, aussi, un peu plus loin :

- non-obéissance aux abeilles de sécurité lors d’une mise aux arrêts à domicile

- vol d’un véhicule privé…

Mais les méfaits les plus importants étaient quand même mis en relief, ils figuraient en rouge à la fin de la liste :

- non-respect des forces de police

- piratage organisé du Réseau

- tentative de meurtre à l’encontre d’une Citoyenne

- reniement du bien-fondé de l’organisation de la race humaine.

Rien que ça ! Bon, comme cela, ça paraissait correct… Mais il y avait aussi une multitude de petits trucs insignifiants, des trucs auxquels il n’aurait jamais songé. Par exemple, « non-respect de la parole donnée au concierge du bâtiment de travail publicitaire » : en effet, quand il s’était fait passer pour un travailleur en attente de ses ordres pour retourner dans son ancien immeuble de travail, il avait dit au concierge qu’il viendrait se pointer en sortant pour décliner finalement son identité complète et les raisons de sa venue, et il ne l’avait pas fait. Un simple oubli… Ou encore, il lui était reproché d’avoir tenté d’empêcher certains Citoyens de manger, en utilisant des bus sans autorisation pendant les heures de pointe aux alentours de midi…

Pour perturber un peu le joli train-train qu’on voulait lui imposer, il lui suffisait de trouver le reproche le plus absurde… Voilà qui était fait !

« Ah, mais non, mais non, ça ne va pas du tout ! se plaignit-il. En gros, le principal y est, mais je crois bien qu’une erreur à été commise…

— Vraiment ? interrogea le fonctionnaire surpris. Vous savez pourtant qu’une erreur est chose peu commune parmi nous…

— Je le sais bien, et c’est pourquoi cela est de la plus haute importance. Voyez vous-même : ici, à la ligne 43, il m’est reproché d’avoir causé des souffrances extrêmes à un robot de la sécurité, souffrance telles qu’il a subi des dégâts cérébraux qui le font souffrir mentalement.

— Laissez-moi vérifier. » L’homme prit la feuille, se détourna et tapa quelques mots sur le clavier de son ordinateur. Il attendit quelques secondes, puis le résultat de sa recherche s’afficha sur son écran.

« Voilà, annonça-t-il. Selon votre dossier, hier, avant que vous ne soyez capturé par les forces de Sécurité, juste avant, vous avez ouvert le feu sur une importante quantité de robots qui vous faisaient obstacle.

— Oui, je vois. Je les ai en effet tous détruits.

— Tous, sauf un. Un des robots s’est retrouvé dans un état abominable mais encore à même de penser. Or, les souffrances que lui faisaient ressentir les dégâts par vous causés étaient telles qu’il a subi un choc mental, abaissant ses capacités intellectuelles. Mais il se rend compte de son état de débilité avancé, et vous le reproche.

— Mais c’est ridicule ! s’exclama Io. Pourquoi avoir doté de vulgaires robots d’un tel système sensitif ? Destinés à la sécurité, il était prévisible qu’ils se fassent tirer dessus un jour ou l’autre, et de tels robots n’ont que faire d’un système nerveux !

— Et leurs droits ? La possession d’un système nerveux est un droit, enfin ! Si ces robots ont voulu, à un moment donné, sentir ce qui leur arrivait, de quel droit nous leur aurions-nous refusé un système nerveux ?

—C’est absurde ! Ecoutez, de toute façon le problème n’est pas là : je n’ai jamais voulu abaisser les capacités intellectuelles de ce robot, jamais : j’ai tout simplement voulu le détruire. Ma volonté n’était pas de faire souffrir, seulement de tuer : ainsi, j’estime que les concepteurs du robot ont une responsabilité plus importante que la mienne dans les dégâts qui lui ont été causés.

— C’est vraiment fort ennuyeux ! répliqua l’homme d’un ton ennuyé. S’il y a une erreur, vous ne pouvez pas signer le formulaire. Et moi, je ne peux plus rien faire… Attendez un instant. » Il se remit à taper frénétiquement sur son clavier, pour finalement annoncer : « Désolé, je ne peux rien pour vous. Il va falloir que vous rencontriez mon supérieur, et le procès risque d’être retardé. Il va falloir aussi que vous retourniez quelque temps dans votre salle d’attente, avant qu’il n’arrive.

— Comme c’est ennuyeux ! » se plaignit Io en se levant. Et voilà, il suffisait de parler d’erreurs et plus personne ne savait que faire.

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