54 : Inquiétude

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Bureau de Police

DDPU 95

26, rue Général Leclerc

Saint-Ouen l'Aumône (95)

Fin janvier 2011

Le troisième jour

9:35

Le bruit de la photocopieuse résonnait dans la tête de la jeune femme, bourdonnant dans son cerveau comme le ferait un marteau-piqueur. La pièce dévolue à la reprographie était minuscule et propice à amplifier le son lancinant qu’émettait l’encombrant appareil. Si bien qu’elle n’entendit pas entrer l’homme qui posa ses mains sur ses yeux.

— Surprise !

La commissaire reconnut instantanément ces doigts familiers et cette voix. Elle se retourna brutalement, la mine déconfite.

— Ben quoi, Mari, t’es pas contente de me voir ?

— De voir qui ? Le pauvre mec qui était tellement imbibé d’alcool qu’il en a oublié d’honorer sa promesse ou celui qui a un portable invisible, avec un répertoire téléphonique qui l’est tout autant ?

— T’appeler pour quoi ? Pour te réveiller à quatre plombes du mat’ et te dire que je n’ai rien trouvé ? Ça t’aurait avancé à quoi ?

— Je n’ai pas fermé l’œil, Marco ! Tu peux comprendre ça, l’inquiétude d’une mère ?

— J’ai fouiné partout, dans les clubs privés et boîtes de nuit, sur les quais de gare, dans les couloirs du métro, les hôpitaux. J’ai même contacté mes informateurs. Pas la moindre trace d’Alex. Et c’est plutôt rassurant, en un sens. Je suis sûr qu’il est planqué chez un de ses potes, ou chez sa grand-mère. T’as essayé de la joindre ?

— Odile ? Pour qu’elle me renvoie à la gueule que je suis une indigne génitrice, non merci ! Et je ne suis pas aussi sereine que toi concernant mon fils.

— C’est une simple fugue. Il est en colère contre toi et veut te le faire payer, c’est tout. A son âge, tu étais loin d’être un ange, toujours la première à vouloir faire le mur pour aller à un concert de Sting.

— Il est en danger. Je le sens. Je le sais.

— Mari, arrête ta parano un peu…

— Mais enfin, Marco, tu ne comprends pas ? En plein interrogatoire, Eagle a menacé de s’en prendre à Alex !

— C’est ce qu’il t’a dit ?

— A mots voilés bien sûr. C’est surtout la manière dont il l’a dit, comme s’il savait comment David était décédé.

— OK petite sœur, je vais secouer mes indics. Seulement, ça ne va pas être facile parce que quelqu’un de la maison a balancé sur ma suspension.

— Tu penses à Revon ?

— Non, à Wilfried. Je suis persuadé qu’il veut récupérer l’affaire Eagle afin de le faire tomber pour trafic de stupéfiants. Ça lui ferait un beau marchepied pour accéder à la fonction de divisionnaire.

— Furhmann ? Mais c’est ton pote !

— Dans ce milieu, ma belle, plus rien ne m’étonne… En tout cas, de ton côté, continue à farfouiller là où ton intuition te conduit. J’ai confiance en ton instinct de flic.

— Tu oublies le patron…

— On s’en fout du taulier, vas-y, fonce ! Moi je te ramènerai ton fils… Les bas-fonds de la capitale n’ont aucun secret pour moi, ne t’en fais pas.

— Que ferais-je sans toi, vieux frère ?

— Tu te débrouillerais très bien toute seule, ça ne fait aucun doute.

— Marco, je t’ai déjà dit que t’étais un amour ?

— Ouais, il y a de ça une éternité…

— T’as un moment pour un vrai café ?

— J’ai toujours un moment pour toi, Mari ! Si en plus tu me proposes autre chose que le jus de chaussette made by the Administration, ça se refuse encore moins !

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