Chapitre 30 : Le jour où tout a basculé

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Salutations à vous les poussins prophétiques, en ce jour spécial, la grande Poule Cosmique a enfin voulu nous transmettre sa motivation et son savoir pour qu’on vous ponde un nouveau chapitre. Ce dernier conclut la première partie de notre œuvre, la partie deux arrivera, on l’espère, dans un futur proche ou du moins pas trop lointain.

Nous vous proposons l'écoute de Billx — Parvati Shankara, entre techno et chants traditionnels hindous.

PDV Léo ===

Après avoir eu une réponse positive de la part d’Alan, je m’en vais en direction de son appartement avec des pensées plein la tête ; je me demande comment je vais pouvoir aborder toutes ces questions avec lui. L’écoute de Be Somebody, ma sorte de panne face à Louane dénudée et ma discussion avec mon cousin Zach m’ont fait comprendre qu' il était visiblement plus important à mes yeux qu’un simple ami et que quelque chose était en train de changer en moi. En réalité, je suis persuadé qu’il saura comment me décoincer, je n’ai pas à m’en faire pour cela, mais j’ai peur de ce qui peut arriver par la suite.

En arrivant devant sa porte, j’hésite quelques secondes avant de sonner. Une fois la chose faite, je n'ai pas à attendre longtemps pour voir Alan ouvrir la porte avec un immense sourire. Son style si particulier me perturbe énormément, il est vêtu d’une chemise d’un violet profond et un jean plus que moulant comme s’il attendait ma venue pour me provoquer. Je suis alors soumis à une phase de rougissement intensif. Il m’invite à pénétrer dans son antre comme il prend plaisir à l’appeler. Comme le soir ou je suis venu chez lui pour parler de ma relation avec Louane, je m’installe sur le canapé et il me propose un cocktail de sa composition. Cette fois je n’hésite pas à prendre son breuvage alcoolisé, peut être que ce dernier permettra de libérer ma pensée et me permettra de m’exprimer convenablement. Il me propose ce qu’il a appelé le Cidrodka : un mélange de vodka, jus de pomme et limonade qui fournit un goût semblable à celui du Cidre avec une bonne vingtaine de degrés supplémentaires.

— Bon, je crois que malgré la tentative de rattrapage de Roger, nous avons réellement perdu Chloé, s’écrie tout d’un coup Alan au milieu de son salon.

Décidément, quand il a une idée en tête, il n’en démord pas…

— Par contre, j’avoue que j’ai adoré ta crise de jalousie. Tu l’aurais arrachée de mes bras s’il avait fallu ! continue-t-il.

— De quelle crise est-ce que tu parles ? réponds-je, embêté qu’il ait aussi rapidement changé de sujet.

— Lors de notre dernière répétition avec Chloé, tu vois bien ! Roger avait d’ailleurs peut-être un peu raison, j’ai abusé de mon charme naturel sur cette pauvre jeune fille. Mais qu’est-ce que je peux y faire, je suis trop attirant ! Je ne peux pas m’en empêcher, termine-t-il en riant.

— Euh…en effet t'es plutôt pas mal, dis-je en chuchotant presque.

— Qu'as-tu dit petit Léo ? J'ai cru entendre que toi aussi tu étais tombé sous mon charme ravageur c'est ça ?

— Euh… non enfin oui… enfin je sais pas je suis justement là pour parler de ça avec toi… mais euh.

— Tu n'es pas bien clair ! Mais incroyablement craquant à rougir comme ça ! Mais commençons par le début ! Que s'est-il passé avec Louane du coup ? As-tu réussi à appliquer mes conseils de maître, afin de lui faire sa fête ?

— Euh … pas exactement justement. Comme je te l'ai dit par message, tout ne s'est pas passé comme prévu… j'ai eu une sorte de panne. Alors qu'elle s'était mise à califourchon sur moi, il était impossible pour moi de… enfin tu vois !

— Yes ! Ton gros chibre n'a pas pointé vers le ciel ! dit-il avec amusement.

— Oui mais ce n'est pas drôle, Alan ! J'en avais envie pourtant…

— Es-tu sûr de ça, Léo ?

— En fait non… Louane m'a suggéré l'idée que je n'étais peut être pas fait pour être avec une fille.

— À défaut de trouver la voie de son boule, tu as trouvé la voix de la sagesse avec elle, je crois ! Sinon, ça me fait plaisir de constater que tu ne m’as pas contredit quant à la taille de ton organe.

— Je ne pense pas que ce soit le plus important ! me défends-je.

Nous continuons de discuter sur ce sujet pendant plusieurs minutes, Alan m'explique comment lui à compris qu'il était gay, mais tout en restant assez flou sur sa première relation comme si quelque chose le tracassait, quant à moi je lui explique la discussion avec Zach qui semble aussi confirmer le fait que je puisse bel et bien être attiré par les garçons. Il revient ensuite rapidement sur ma pauvre personne :

— Tu sais, Léo, je crois que l’amour et la musique ont beaucoup de points communs. Parfois, quand tu écoutes un nouveau morceau, tu es frappé par une émotion si violente et profonde, comme un coup de foudre ! Tu ne sais pas l’expliquer, il te plaît intensément, et tu penses déjà au moment où tu pourras le ré-écouter. Les jours passent ; tu vas commencer à le cerner de plus en plus précisément, tu vas distinguer les instruments, les textures, imprimer le rythme dans ta tête. Puis, parfois, la découverte du caractère du morceau va te décevoir, tu ne percevras plus l’harmonie initiale. Au contraire, il peut arriver que, comme lorsque tu es amoureux, chaque détail prenne une importance phénoménale, que finalement tu dévoiles un nouveau morceau, une nouvelle personne derrière cette première impression, qui te plaît d’autant plus !

— Euh … c’est une déclaration que tu viens de me faire là ?

— À vrai dire je ne sais pas trop ! J’ai réfléchi à ça ce matin en me réveillant et je me suis dit que le contexte était bien approprié pour te faire part de cette réflexion. Mais tu voudrais que ça soit une déclaration ?

— Euh… C’est possible ouais ! Je dois bien avouer Alan que tu me perturbes énormément. Si tu veux, tout à l’heure j’ai écouté Be Somebody de Thousand Foot Krutch, tu dois sûrement connaître.

— Affirmatif, cette musique est grandiose !

— Oui, effectivement, mais tu vois justement je suis d'accord avec toi la musique peut te procurer des sentiments et des émotions insoupçonnés. Les paroles de Be Somebody m’ont énormément fait penser à toi, enfin plutôt à notre relation qui s’est construite au fur et à mesure de ces deux mois, depuis ce jour où tu m’as interpellé pour que je rejoigne ton groupe. En fait je crois que tes délires, ta folie et ta personne en règle générale m’attire énormément. Mais euh… j’ai toujours été attiré par les filles … et je comprends vraiment pas ce qui est en train de m’arriver. Peut-être que je me suis complètement trompé et que je pourrais vivre des sentiments beaucoup plus forts avec un garçon… avec toi !

— Mmmh je vois… Tu m’aimes, c’est ça ?

— Euh… C’est compliqué à dire mais je crois que oui, enfin du moins un sentiment fort me lie à toi, c’est indéniable. Et toi tu penses quoi de tout ça ?

— Bah je dois bien avouer que tu me fais un effet de malade mental mon petit Léo, j’ai rarement connu ça, tu me perturbes énormément. Moi, qui suis pourtant un expert du batifolage, je me retrouve tout démuni lorsque je suis avec toi, et … je dois bien admettre que j’aurais envie de plus avec toi…

Je sens alors une importante tristesse dans la voix d’Alan, lorsqu’il évoque le fait qu’il pourrait se remettre sérieusement en couple, plutôt que simplement baiser avec moi comme il baise ses autres “victimes”. Ce qui est bien évidemment impensable pour moi ! Je ne suis pas encore prêt à quoi que ce soit de sexuel pour l’instant, j’espère qu’il le comprend bien. Je ne peux m’empêcher de lui demander ce qui le tracasse tant :

— Je suis désolé, mais je n’arrive pas vraiment à comprendre ce qui peut te déranger dans une relation stable… ou peut-être que je suis trop naïf.

— Non, non ce n’est pas ça… tu sais je t’ai expliqué tout à l’heure ma première relation, lorsque j’ai compris que j’aimais les garçons… et bien elle ne s’est pas terminée de la meilleure des façons et depuis j’ai du mal à aimer quelqu’un. Tout s’était très bien passé pendant plusieurs semaines, même plusieurs mois ! On a découvert tellement de choses ensemble… je ne pouvais pas croire que cette relation ait une fin… Et pourtant…

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3 ans avant notre histoire :

… Nous étions un vendredi ; Arthur et moi avions prévu d’aller nager ensemble le week-end, j’avais même eu la permission de mes parents qu’il reste dormir le samedi soir.

Lors de la pause de dix heures, j’avais demandé à Arthur s’il voulait que nous profitions de cette occasion pour annoncer officiellement notre relation mais ce dernier avait réagis au quart de tour, en disant que jamais les autres devait savoir qu’il était PD et que c’était trop dangereux ; qu’il désirait garder ça secret, voulant me garder pour lui tout seul. J’ai ensuite été pertubé par son énervement tout le reste de la matinée, ne comprenant pas réellement ce qui était en train de se passer.

C’est à la pause méridienne que tout à dérapé, nous nous étions installés comme à notre habitude dans notre petit coin secret, nos lèvres se sont retrouvées encore une fois pour un baiser des plus merveilleux. Alors que nous profitions tous les deux de l’instant, nous entendîmes un de nos camarades :

— Arthur ? Qu’est ce que tu fous avec Alan là ? Vous êtes des tafioles ?

Arthur me poussa violemment contre le mur et m’envoya un énorme coup de poing dans le ventre qui me fit tomber au sol, tout en se justifiant auprès de son ami :

— Non mais c’est lui ! Le PD, il m’a obligé à l’embrasser il est pas net, ce type avec ses yeux chelous !

C’est à partir de cet événement que tout s’est détruit autour de moi. Harcèlement, rumeur, rejet, j’ai eu le droit à tout ce qu’on peut imaginer de pire. Tout le monde me crachait dessus, et me frappait en m’insultant de PD, tafiole, raté et autre insultes et le plus violent était bien évidemment Arthur qui n’hésitais pas une seule seconde à m’humilier au milieu de la cour de récréation. Je me suis rapidement retrouvé tout seul, il n’y avait que Roger qui était là pour me soutenir dans ma peine, je crois que sans lui je n’aurais pas tenu le coup. Toute cette horrreur a continué pendant tout le lycée, durant l’année de terminale, afin de me changer les idées j’ai commencé à fréquenter des parfaits inconnus et à changer chaque soir. A la fin de notre année de terminale, alors que Roger était passé chez moi, je m’étais fait la promesse que je ne tomberais plus jamais amoureux…

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Point de vue d’Alan :

Léo semble abasourdi par ces révélations, mais toujours un peu inquiet :

— Mais tu as réussi à surmonter ces épreuves alors ? Tu sembles si sûr de toi !

— On peut dire ça, mais je me demande si pour conjurer définitivement cette période de ma vie, je ne devrais pas accepter de sortir à nouveau avec quelqu’un, et par la même occasion mon amour pour toi…

À ce moment-là, je devine au regard de Léo que j’ai obtenu son laissez-passer pour conclure cette conversation par le baiser que j’attendais depuis toutes ces semaines. Contrairement à ce que j’aurais pu penser, c’est lui qui redouble d’efforts pour prolonger le contact ; il est peut-être puceau, mais Louane l’a sûrement bien entraîné à cet art. Le moment est magique, je peux sentir le goût merveilleux de ses lèvres, l’ardeur de son amour et les battements de son cœur. J’ai comme l’impression qu’à force d’enchaîner différentes conquêtes dans la précipitation, j’avais perdu cette sensation sublime ; sentir le contact réellement amoureux de Léo fait une différence incroyable ! Je commence à faire passer mes doigts sous son t-shirt, le caresser encore et encore ressentir chaque millimètre de sa peau, le bonheur est à son paroxysme… Léo, maintenant tu es à moi !

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