La grande ère de l'écriture

de Image de profil de Mouquet LouisMouquet Louis

Avec le soutien de  Dominique Eysse 
Apprécié par 2 lecteurs

François était assis devant son ordinateur depuis une bonne heure maintenant. Mais il n’avait pas envie de bouger, il ne faisait pas n’importe quoi, il écrivait. Ce qu’il rédigeait n’était pas un devoir d’école, l’école, ça fait bien longtemps qu’il l’avait quittée. Ce n’était pas un mail pour une entreprise, non plus, rien de tout ça.

Il avait décidé d’écrire un livre, un roman, de raconter une histoire. Cette idée lui était venue, il y a quelques heures, après avoir regardé une émission à la télévision. Pour être précis, jamais auparavant François n’aurait voulu écrire une histoire. Il laissait ça aux auteurs, aux vrais, à ceux qui passent à la télévision, ceux qui ont du talent. Il ne pensait pas faire partie de ces gens là.

Sa vie lui paraissait banale, il pensait qu’elle n’intéresserait personne. Il n’était qu’un petit français moyen travaillant comme gardien de musée. Il était tard et à cette heure, peu de gens étaient encore éveillés, mais lui devait rester debout et veiller. Le directeur du musée comptait beaucoup sur lui pour éviter tout problème. Et François ne comptait pas le décevoir.

Il repensa au talk-show qu’il avait vu à la télévision, il y a une heure. Combien de gens étaient à l’heure actuelle, en train de faire la même chose que lui. Avait-il une chance par rapport à eux de réussir, si on en croyait cet homme, oui, il en avait une. La phrase qu’il avait lancée à la fin de l’émission avait été comme une bombe.

« Chacun de nous est unique. On est pas tous nés au même endroit, on a pas tous des frères et des sœurs, on pas les mêmes amis. Nos façons de penser sont différentes et nos façons de voir les choses le sont tout autant. Certains d’entre vous reconnaîtront peut être ce qui suit. Gloire, Fortune et Pouvoir, cet homme avait amassé toutes les richesses du monde. Son nom Gold Roger roi,des pirates, ses dernières paroles incitèrent les hommes de toute la planète à s’aventurer en mer. Mon trésor, je vous le laisse si vous voulez, trouvez le, je l’ai laissé quelque part dans ce monde. Le monde connut alors une grande vague de piraterie. Me concernant, je ne veux pas vous inciter à devenir pirate, non. Mais avec ce qui fait de vous cet être unique, dont je parlais tout à l’heure. Je veux vous inciter a prendre un crayon ou un ordinateur et à écrire. L’homme que j’ai cité à lancé une grande vague de piraterie, moi, je veux lancer une vague littéraire. Lancez-vous et envoyez moi vos textes, je les lirai un par un avec attention et vous ferai un retour.» avait dit l’homme invité.

L’auteur invité semblait savoir ce qu’il faisait. Il avait attendu la fin de l’émission pour faire ce discours. Et avant de le prononcer, il avait sorti quelque chose d’un sac, qu’il avait à ses pieds. Cette chose était un chapeau, un chapeau de paille avec un ruban noir qui en faisait tout le tour. Et lorsqu’il eut prononcé la dernière phrase, il resta à fixer la caméra avec un grand sourire.

L’émission s’était terminée ainsi, François avait réfléchi un temps aux paroles de cet homme. Il avait ouvert une page de traitement de texte sur son ordinateur. Au départ, il avait écrit des mots et des phrases sans vraiment croire en ce qu’il faisait. Et puis, il avait pensé à ce musée, à ces rondes qu’il faisait, il devrait d’ailleurs bientôt en faire une.

Là, les idées étaient venues, un vol dans le musée, des œuvres du musée qui prennent vie. Il avait noté tout cela et avait commencé à rédiger quelque chose. Il y avait toujours en lui, cette dualité. D’un côté, il pensait que cela n’allait pas marcher, que son histoire, tout le monde s’en ficherait. De l’autre, il se disait qu’il tenait là, une histoire semblable à aucune autre, originale en tout point.

Lorsqu’il quitta son ordinateur pour faire sa ronde, il se passa quelque chose d’inhabituel. Il s’immergea entièrement dans ce qu’il avait commencé à écrire. Et chaque œuvre devant laquelle il passait, il en tirait quelque chose qu’il gardait dans sa tête. Il se pressait d’écrire cette idée quand il revenait à son poste, là où il y avait toutes les caméras.

Outre son activité de gardien de musée, son histoire parlait aussi de lui. Il y avait assemblé de nombreux souvenirs de sa vie passée. Des bribes de son adolescence, changeant les noms de certains personnages, même le sien. Quand le jour se pointa, il était encore en train d’écrire, il n’avait pas vu le temps passer. Il rentra dormir, et là, il rêva de son histoire.

La nuit suivante, et toutes celles qui suivirent, il écrivit. Il y eut des moments où il se persuadait que son histoire était nulle. Mais en pensant à ce gars à la télé qui avait dit que toute histoire était bonne à raconter,il continua. Les pages se succédèrent et les chapitres aussi, mais il n’osa d’abord pas le montrer, à personne. Même pas à sa compagne, il avait une petite amie mais n’était pas marié.

Un jour qu’il dormait, il avait laissé son ordinateur dans la salle à manger, ouvert. Sa chérie tomba dessus, elle le trouvait changé, bizarre, depuis quelques temps. Elle lui faisait confiance sur leur relation, elle savait qu’il l’aimait, elle en était persuadé. Mais elle voulait savoir ce qu’il se passait, alors elle se mit à fouiller.

Tombant sur l’histoire, elle se mit à la lire jusqu’au bout. Elle la lut en entier, et finit en pleurs, car elle se reconnue plus d’une fois dans ce récit. Elle le trouva magnifique, bien écrit et assez représentatif de ce qu’était son tendre amour. Quand il se réveilla de sa sieste, elle était partie faire des courses. Mais un mot sur l’ordinateur témoignait de son admiration.Le gardien de musée sourit.

Tous droits réservés
1 chapitre de 4 minutes
Commencer la lecture

Commentaires & Discussions

Des milliers d'œuvres vous attendent.

Sur l'Atelier des auteurs, dénichez des pépites littéraires et aidez leurs auteurs à les améliorer grâce à vos commentaires.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0