Chapitre 3 

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Le soleil était absent, n’illuminant qu’une infime partie de l’hôpital, et sous ce temps de mauvaise augure, Annaëlle était sur le point d’assister à un suicide d’une jeune femme ayant brûlé une grande partie de son dos. Depuis sa haute fenêtre du cinquième étage, elle était sur le bord de béton de celle ci et elle était sur le point de sauter pour mettre fin à sa vie. Annaëlle qui la regardait avec ses deux yeux ronds intriguants d’un bleu éclatant se demandait comment une personne pouvait un jour se dire qu’elle voulait mourir. Quelle mystère pour elle, qui vit aux portes de la mort.

La mort n’a jamais plu à la jeune fille, elle refusait d’admettre que la mort est un moyen pour devenir plus heureux, et pour éviter une mort imprévu dans cet hôpital qu’elle aimait tellement, elle était prête à risquer sa vie. Elle ne voulait pas mourir, elle était assoiffée de vie, d’une volonté de vivre si puissante, alors même si on a beau lui répéter que la mort la sauverait, elle les ignorait.

Elle laissait Chris sur le banc, et remontait les longs escaliers à toute vitesse malgré ses talons hauts, elle ouvrit les grande porte fenêtre du couloir, juste sous la chambre de la jeune femme. Elle entendit juste derrière un homme au rire sournois, parler de la jeune femme comme une ordure, et lui dire que son sort lui était bien mérité.

Elle finit par tomber avec un grand sourire, le dos face au vide, elle se disait qu’elle pourrait enfin avoir le repos. Annaëlle a regardé l’homme aux mots viles avec un doux sourire, en rattrapant la jeune femme, tout en la ramenant à la terre ferme. La femme était paniquée, elle ne s’est pas attendu à ce qu’on la sauve, elle était en pleurs au sol, à regarder l’homme que Annaëlle avait regardé brièvement. On avait interrompu son suicide, et la femme a regardé la personne qui l’avait sauvé : une jeune fille à la crinière d’or et aux yeux bleus si profonds et si pâle qu’on pourrait se noyer à l’intérieur. Annaëlle avait le bras tremblant de douleur et s’est accroupie devant la femme brûlée, elle lui a caressé la tête délicatement au moment où son père s’est avancé dans le couloir. Il n’a pas osé lui adresser la parole et la regardait d’un point de vue étranger.

  • La beauté n’est pas la clé du bonheur, si on peut parler de bonheur. Ni la mort. Déclara subitement Annaëlle.

La jeune fille en avait déduit que la beauté était un mot qui était chère à la femme en face d’elle, qu’elle était animée par cette fameuse « beauté ». L’homme vile fut apeuré par le choc de voir la femme qu’il maudissait échapper de très peu à une mort douloureuse. Il était le coupable de l’accident qui lui a brûlé une grande partie de son corps. Annaëlle regardait droit dans les yeux la femme, avec un doux sourire, essayant de la calmer. En vain. Elle était frustrée d’avoir été sauvé quand elle voulait mourir. Son copain l’avait quitté à cause de son état, alors qu’il était tout ce qui lui restait.

  • Pourquoi tu m’as sauvé ?! Hurlait la jeune femme. Je n’avais pas besoin de ton aide.

Annaëlle continuait de lui sourire, malgré la douleur dans son coeur. Si c’était sa famille, elle n’avait aucun problème à accepté que personne n’avait besoin d’elle. Mais venant d’une inconnue, c’était dur.

  • Mais qui a besoin de moi ? demandait Annaëlle, une larme à l’oeil. Je ne comprends pas le principe de la beauté comme vous tous.
  • C’est normal pour une fille de toujours s’embellir. Répondit la femme, comme si c’était une évidence. C’était ma force pour avancer.

Annaëlle savait le responsable de son envie de perdre la vie, elle se levait doucement, et s’est dirigé vers l’homme. Sa main prit une poigne des cheveux bruns de l’homme, elle a fracassé le crâne de celui ci contre le sol, et releva à nouveau ce crâne. Son nez était en sang, il hurlait de douleur, mais la jeune fille n’aimait pas le bruit. De son autre main libre, elle enfonçait sa main dans sa bouche pour attraper sa langue. Elle la serrait pour qu’il se taise.

Il était plus grand qu’elle de quelques centimètres, et pourtant il était très faible, il hurlait à la moindre douleur. Annaëlle le regardait comme un être à part, mais elle ne pouvait pas le voir comme un homme.

Dans cet hôpital, ce n’est pas très étonnant de voir des décès. Je ne peux rien y changer quand c’est une maladie incurable. Mais pour une raison étrange, ça fait mal. C’est douloureux. Ça brûle quand tu les vois partir. Déclarait elle en regardant l’homme.

Elle enlevait sa main de sa bouche, et relâchait ses cheveux, elle saisissait le visage de cet homme dans le creux de ses douces mains.

Te sentais tu trahi ? Etais-tu triste avec elle ? Demandait Annaëlle d’un doux sourire.

L’homme s’est mis soudainement à pleurer, noyant son propre visage, il était envahi par les regrets, et par le réconfort de cette enfant. Personne ne lui avait jamais demandé ce genre de question, sur ses agissements. La femme suicidaire pensait que la jeune fille était de mèche avec l’homme. Mélodie, la femme s’apprêtait à s’enfuir mais elle fut bousculée par Chris dans sa fuite. Il était paniqué et en détresse de voir sa maîtresse disparu quand il est revenu à lui, il ressemblait à un chien battu, malheureux. Suite à la demande de Annaëlle de ne pas laisser cette femme s’enfuir, Chris saisit la femme et ils sont partis ensemble dans la chambre d’hôpital de la jeune femme.

Chris était allongé sur le lit, la tête sur les genoux de Annaëlle, à se reposer à nouveau, pendant que la jeune fille donnait des mouchoirs à l’homme qui essayait de sécher les larmes de ses yeux bouffis. Elle a proposé que l’homme leur parle de ses motivations pour avoir causé les brûlures sur le corps de Mélodie.

  • Je m’appelle Evan... je vais tout vous expliquer. Nous étions ensemble depuis plus de deux ans, mais Mélodie me trompait depuis plus de dix mois avec quelqu’un d’autre. J’étais fou amoureux d’elle, je voulais faire ma vie avec elle, mais je n’en pouvais plus. Par mégarde, j’ai mis le feu à notre appartement après que j’ai voulu brûler nos photos de couple.
  • Juste pour ça ? s’énervait Mélodie. Une petite infidélité n’a jamais fait de mal à personne...
  • Je ne peux pas te permettre une telle remarque. C’est très douloureux, de voir la personne que tu aimes avec un autre. A force de voir ceci, tu t’en viens à te demander si tu l’aimes encore, si c’est vraiment ce que tu veux. Répondit Annaëlle, ses mains carressant les cheveux de Chris tel un chat. Personne n’est pareille, mais ce que tu as fait était d’empiéter sur les sentiments de quelqu’un.
  • Tu es comme tout le monde... toujours à me trahir ! hurlait la femme en voulant se jeter sur Annaëlle.
  • N’es-tu pas celle qui les a trahi ? la « beauté » dont tu parles n’est qu’artificiel, qu’une illusion pour te persuader de continuer. Evan n’a jamais été ton pillier, il était ton pion pour ne pas être seule. Rétorquait Annaëlle, ses yeux plongés dans ceux de Mélodie. Je ne suis pas là pour juger tes agissements, tu es à même de décider pour toi. Nous ne sommes pas des outils que tu peux jeter comme bon te semble.

La femme ne pouvait plus répondre, elle réalisait son erreur, et ce qu’elle avait perdu. Tandis que Annaëlle regardait la jeune femme, sa famille avait écouté la discussion depuis l’extérieur, et compris que Annaëlle n’était pas arrogante, juste une jeune fille à la recherche de quelque chose que personne ne peut lui donner.

• • •


Son père qui n’a fait qu’écouter et observer compris enfin ce que le médecin signifiait en lui demandant de sauver Annaëlle. Sa propre fille n’avait plus de rêve, plus d’espoir envers la société qui n’a fait que la rejeter. Mais pour une raison étrange, il ne voyait pas sa fille comme une folle ou une cinglée mais comme une personne avide de vie, qui ne veut que survivre face à une maladie qui la dévore de l’intérieur. Il voulait la rattraper, et lui dire que tout allait bien, mais que pouvait il faire quand il était celui qui l’avait condamné à une telle vie ?

Thomas voyait sa fille, tête levée, juste devant une marre de sang à ses pieds, il la trouvait si admirable, et si belle. Elle était face à la tombe de sa mère pour la première fois depuis sa mort, il voulait tout rattraper et avait commencé par l’emmener sur la tombe de sa femme, pour qu’elle dévoile ses vrais sentiments, mais ce ne fut qu’un silence pesant. La jeune fille, entouré de sa famille au complet, ne faisait que regarder la tombe, tout en crachant du sang, le bras branché à une poche de sang. C’était une triste scène, où Annaëlle fit ses adieux à sa mère d’une voix vive, et monotone.

Sur le point de rentrer dans la voiture, Annaëlle entendit un son étrange, d’une voiture à toute vitesse, qui fonçait sur eux. Elle est passée juste en face d’eux, et un homme en costume très strict complètement noir ouvrit légèrement la fenêtre, et sortit une arme à feu, dédié à un membre de sa famille. Une première balle tirée devait toucher de plein fouet Mireille, l’homme pensait toucher sa cible du premier coup, puis vit son erreur. Annaëlle avait anticipé la balle, et avait légèrement déplacer sa soeur en tirant son col de son côté tout en fixant l’homme dans la voiture et la plaque d’immatriculation de la voiture.

L’homme n’était qu’un assassin et n’avait pas remarqué le regard bestial de Annaëlle, dont il aurait dû se méfier. La voiture était déjà loin devant eux, et la jeune fille entrait dans la voiture de son père comme si rien n’était arrivé, alors que sa soeur Mireille, elle s’était littéralement évanouie. Lorsque son frère, Alexander, lui a demandé comment elle pouvait réagir aussi sereinement, elle lui répondit :

  • S’attendre à toutes les situations est très important, si je ne veux pas faire une crise. Je suis désolé.

Rapide et simple, Annaëlle avait développé un mental d’acier, sans que personne n’en sache quoique ce soit. Mais que cette jeune fille cache-t-elle encore au fond d’elle ? Son excuse était sincère, comme si elle voulait qu’on la pardonne de vivre. Au fond d’elle, elle est persuadée que sa naissance est une erreur en soi et une nuisance.

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