01. Seth

6 minutes de lecture

Seth tritura par réflexe le petit lapin en peluche qui pendait à sa mallette de cuir en porte-clé. Ce lapin était tout rose, assez vieux, usé, comme s’il l’avait toujours eu, depuis sa naissance. Cela jurait relativement avec son physique, et surtout avec son poste de professeur.

C’était son tout premier jour de travail depuis son retour en Angleterre. Il avait du partir à l’étranger vers ses dix ans avec ses parents. Depuis, il n’était jamais revenu au pays. Cette année, il en avait eu l’opportunité, donc il sauta sur l’occasion. C’était trop beau pour être vrai.

C’est vrai que les voyages et les nombreux pays étaient appréciable. Sauf qu’il arrivait à un certain âge où il commençait à en avoir assez de bouger. Il voulait s’établir, ne plus prendre la route. Bâtir une vie, profiter, se reposer.
Il en avait assez de la folie du travail, et surtout, ce qu’il exécrait le plus aujourd’hui, c’était le costard-cravate. Il en avait tellement porté durant sa vie qu’il ne pouvait plus en voir en peinture.
Avant de revenir au pays, il exerçait le doux métier d’agent pour musiciens classique. C’était vraiment une carrière satisfaisante. Entourée de toutes ces personnalités atypiques, il avait le choix, ce qui diversifiait grandement son travail. Satisfaire le moindre désir d’un excentrique, ou empêcher le suicide d’un génie mélancolique. Oui, c’est vraiment arrivé, je vous assure.

Le problème ? Sa carrière bougeait bien trop. Partir au pied lever n’importe où dans le monde, n’importe quand pour accompagner les artistes, tout gérer. Ne pas pouvoir se poser dans son spacieux appartement plus d’une semaine. En soi, l’appartement était magnifique et confortable, mais depuis des années qu’il était dans le métier, il n’avait pas encore ouvert tout les cartons de son déménagement.

C’était comme ça qu’il s’était rendu compte qu’il n’en pouvait plus. Il avait repenser à un objet important à ses yeux en divaguant de fatigue sur son canapé. Ce qui semblait avoir le plus d’importance pour lui. Une petite peluche de lapin en porte-clé.

Le jour précédent, il était tombé sur une vieille photographie d’elle, Willow Allister. Son amie d’enfance. La seule personne qu’il avait chéri au cours de sa vie.
Ils avaient grandi ensemble, et quand, à ses dix ans il fut obligé de déménager dans un autre pays, elle lui offrit ce petit être de chiffon. Lui, lui avait offert un pendentif que sa mère lui avait donné.

La chose la plus précieuse au monde. Ce lapin rose et tout sale.
Il l’avait gardé près de lui pendant temps d’années. Il s’était même battu plus jeune dans une des écoles qu’il avait fréquenté car on le traitait de tapette, parce qu’il portait une peluche rose de lapin en porte-clé. Finalement, quand il entra dans une grande école de management, il le rangea dans son sac, pour ne pas avoir de problème. Juste après son diplôme il fut recruté dans une agence.

Son sac de cours posé dans un coin, remplacé par une attaché-case. Le petit lapin abandonné au fin fond de ce sac de jeunesse…

L’heure était venu pour lui de prendre son envole. De quitter la demeure familiale. Le sac fini dans un carton. Ce carton faisant alors partie des nombreux qu’il n’eut malheureusement jamais ouvert par faute de temps.

C’est alors que dès qu’il fut rentré, il éventra tout ses pauvres cartons pour rechercher frénétiquement le petit grigri, comme si sa vie en dépendait.


D’un côté, on pouvait dire que c’était le cas. Comme je vous ai dit plus haut, Willow est, s’il on peut dire, la seule femme que Seth n’est jamais aimé. Il n’a eu ni le temps de déballer ses cartons pendant toutes ses années, ni avoir une relation amoureuse ou d’amitié avec qui que ce soit.

Cela s’imposa à lui comme une grande claque dans la gueule. Quand il était dans son appartement ou en déplacement, il restait dans sa chambre, ne sortait jamais boire un verre, même avec des collègues, il travaillait jusqu’à tard dans la nuit. Bien que quelques fois, il arrivait à dégager un peu de temps pour jouer de son instrument de musique. La seule distraction à proprement parler qu’il se permettait ce trouvant être les repas d’affaires. Même s’il ne s’étalait pas sur sa vie personnelle.

Sur un coup de tête, il plaqua tout. Laissant toute sa carrière en plan. Peut importait l’opinion de sa famille. Il avait beau venir d’une famille aisé, il était majeur et vacciné avec une bonne situation donc il pouvait éventuellement décider lui même de son chemin.

Son chemin était, en ce moment, de retourner en Angleterre. Changer de métier, quelque chose de bien moins étouffant, plus léger. Qui le passionne.
Ce fut une évidence ; professeur de violoncelle à la prestigieuse Cécil School. L’école qu’Elle rêvait d’intégrer alors, du haut de ses sept ans. Juste pour faire pareil que son grand-frère.
En soi, il vivait un peu à travers Elle. Mais bon, il lui fallait bien un point de départ.
Il était certain qu’il ne l’a retrouverait pas ici. C’était trop utopique.
Sûrement elle aussi été partie à l’étranger pour ses études.

Il n’avait pas en tête de la retrouver.
Enfin, pas encore.

Il entra dans la salle de cours. Une grande salle en amphithéâtre spécifiquement adaptée à la musique. Son violoncelle étant déjà la. Il posa sa mallette sur son bureau, le petit compagnon de coton se dandinant d’avant en arrière joyeusement.

Il remonta un peu les manches de sa chemise grise portait négligemment. Ça le changeait grandement des costumes tirés à quatre épingles. Après tout, en musique, il fallait des vêtements confortables.
Se passant la main dans ses beau cheveux mi-long noir en bataille, qui lui donnait un certain charme, il attrapa le feutre pour écrire son nom au tableau.

« Bonjour à tous ! Je m’appelle Seth Williams et... »
PAF !

Il se retourna lentement vers l’assistance, posant ses yeux sur la personne qui semblait être la provenance du bruit. Son regard mordoré et intense se posa sur une jeune demoiselle qui devait avoir dans les vingt-cinq ans. Il n’était pas trop éloigné de leur âge à tous. Lui, n’ayant que vingt-huit ans.

La demoiselle possédait une chevelure teintée en violet pastel qui lui allait très bien avec ses pupilles d’argent liquide. Elle tremblait, et avait lâchée son archer, qui tomba sur le sol de bois de la salle. Semblant choquée, le regard du professeur ne réussissant pas à la faire revenir à la réalité.

Il s’avança doucement vers le premier rang de l’amphi’, pour se rapprocher un peu d’elle, mais pas trop, puisqu’elle se trouvait au troisième rang, autant ne pas l’a brusquer. Elle avait l’air totalement ailleurs, tétanisée par ses pensées.

« Mademoiselle ?… Venez donc sur l’estrade avec moi. Montrez-moi ce dont vous êtes capable, s’il vous plaît. », avait-il demander le plus simplement du monde, délicatement, comme si son instinct lui dictait de pas la casser.

Seth était bien trop bon pour un professeur, et surtout pour un premier jour. Mais bon, le milieu musical était particulier. Souvent, les artistes étaient des individus avec un passif lourd, douloureux. La musique exerçant le rôle d’un exutoire.

La jeune femme se réveilla un peu, manifestement toujours en une sorte de transe. Elle descendit les marches pour arriver vers l’estrade du professeur. C’est alors que Seth se rendit compte qu’elle ne portait pas de chaussures. Elle marchait pieds nus. En jetant un coup d’oeil plus haut, il remarqua ses chaussures près de son siège.
Donc elle jouait de son instrument pieds nus pour se concentrer au mieux. Intéressant. Il n’avait jamais vu ce genre de violoncelliste auparavant.

Elle entama alors une magnifique et percutante mélodie qui touchait au coeur. Ce qui frappa directement Seth, c’était qu’elle jouait son morceau favori. Comment savez-elle ?
Non, ce n’était pas possible. Simplement une pure coïncidence.

Il prêta alors bien plus attention à elle. Contrairement aux autres étudiants qui semblaient bien habillés, style classique, comme la plupart des enfants bourgeois ; comme il en était issu ; cette jeune femme ne semblait pas venir de ce milieu. Sachant que l’école en question n’était accessible que par recommandation des hautes familles et personnalités et qu’il n’y avait pas de boursier. Pour éduquer l’élite de la musique classique.

La musicienne déjà si spéciale par sa façon de jouer pieds nus ; avait une coloration de cheveux, violet pâle qui lui allait à la perfection. Ses cheveux était brillants, long jusqu’au milieu du dos coupé en dégradé. C’est là qu’il remarqua ses vêtements. Un débardeur noir, ainsi qu’un sarouel lui arrivant aux genoux, de la même couleur. Elle portait aussi de longues mitaines en un tissu noir, fin et transparent. C’était bien inhabituel pour cette école. Il en avait un souvenir bien vieux. Il lui semblait qu’il y avait un code vestimentaire pourtant…
Il devra en référé au conseillé d’éducation… On ne sait jamais.
Il remarqua ensuite les nombreux tatouages qui l’habillait bien plus que ses vêtements. Cela lui allait vraiment, vraiment très bien... Il pensa même que ce style de femme lui plaisait beaucoup…

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