Chapitre 6 : repartir de zéro [Léanne]

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Elle sursaute quand je pose une main sur son épaule et se tourne avec lenteur vers moi. Un éclat de panique traverse son visage mais il est très vite remplacé par une expression froide. Même débusquée, révélée au grand jour devant le lycée, elle essaye encore de garder son rôle. Elle est incompréhensible.

Elle ouvre la bouche mais ce fait interrompre par la porte. L’infirmière, une petite femme à l’aura rassurante, nous invite à rentrer.

– Assis-toi donc ici, m’ordonne-t-elle avec gentillesse. Je vais chercher de quoi te soigner.

Je m’installe donc sur la chaise qu’elle m’a indiqué tandis qu’Iris se cale nonchalamment contre un mur. Elle doit se rappeler que cela ne correspond pas à l’image qu’elle a et se redresse alors comme une « I ». Je rigole devant cette scène mais m’interromps de suite quand elle reprend cet air hautain.

Une honte.

Je détourne la tête, mes poings se serrant contre mes cuisses.

– Léanne ?

Sa voix me ramène à la réalité. Elle m’étudie d’un air neutre enfin, malheureusement pour elle, j’arrive à déceler de la curiosité mêlé à de l’inquiétude dans ses yeux.

– Tu vas encore me hurler dessus ? s’enquit-elle.
– Seulement si tu oses encore me fixer avec condescendance, grogné-je.
– Pourquoi cela t’énerve tant ?

Je lui lance un regard noir en répliquant :

– Qu’est-ce que ça peut te faire ? !

Et ce n’est qu’une fois prononcé que je me rends compte que mon ton était beaucoup trop sec. Iris paraît toujours aussi impassible pourtant quelques paillettes d’émotions dansent dans ses yeux.

La tristesse, l’incompréhension, la crainte…

J’expire lentement et pose une main sur mon front. Bon sang, reprends-toi Léanne !

– Excuses-moi, murmuré-je, je m’emporte facilement des fois.
– Et voilà !

La gentille bonne femme revient avec une poche de glace et de quoi arrêter la fontaine qui me sers de nez. Une fois le sang arrêter par un coton et mon œil droit soumis au froid, elle fait quelques pas en arrière et pose ses mains sur ses hanches.

– C’est encore pour ça ?

Ce n’était pas la première fois que l’on s’attaquait à moi. À chaque fois elle me soignait, discutait avec moi, m’ordonnant de ne pas laisser des abrutis me dicter leur morale. Malgré les renvoies et les plaintes, de nombreux crétins continuaient d’être après moi. Avec le temps cela se faisait plus rare mais rien ne me garantissait que je ne finirai pas dans cette pièce le lendemain.

– Pas cette fois, je…

Je m’interromps un instant et reprends :

– … me suis laissée emportée contre la camarade de classe ici présente, pour des raisons complètement stupide.

L’image qu’elle renvoyait, ses toutous qui croyaient prêcher la bonne parole et ce regard qu’elle prenait quand elle jouait ce rôle qui me rappelait ce connard. Rien n’était de sa faute au fond.

– Son petit groupe de mouton m’a alors agressé. Au lieu de les supporter, elle s’est retournée contre eux et m’a entraîné ici. Je… Je me suis trompée sur elle.
– Ne jamais juger les gens sans vraiment les connaître, Léanne, déclare l’infirmière telle un personnage donnant la morale à la fin de l’un de ses dessins animés pour enfant. Tu ferais d’ailleurs mieux d’aller signaler cet accident au CPE.

Je repense à ce salaud et son sourire. Aucun doute qu’il est allé jouer des violons pour retourner la situation à sa faveur.

– C’est déjà fait.

Je me tourne vers Iris au moment où elle m’accorde de gros yeux. Elle s’empresse de leur faire reprendre leur aspect habituel, malheureusement pour elle, je l’ai vue. Et je sais maintenant que l’on ne vis pas cela de la même manière.
Je me lève, reportant mon attention vers l’infirmière et déclare :

– C’est pas tout ça mais il y a un cours de physique qui nous attends ! Je viendrais rendre la poche de glace à la récréation.

Nous la saluons et nous retrouvons le hall désert.

– Iris.
– Oui ?

Je me mets face à elle pour la regarder dans les yeux et tendre ma main libre.

– Je suis désolée pour hier, je me suis laissée bêtement emporter. Je me suis rendue compte que je ne te connais pas du tout et que cette histoire à fait partir notre relation du mauvais pied. Du coup est-ce que ça te dirait que l’on reparte de zéro ?

Ses yeux pétillent mais elle garde son aspect impassible.

– Avec joie.

Je me retiens de lui secouer les cheveux.

– Léanne Lefèvre, Iris Hector, annonce une voix grave, la proviseure vous attends dans son bureau.

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