Chapitre 4.1 : ce regard hautain [Léanne]

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Le club d’occultisme.

Nouveau au lycée, peu de membre, le moins pris au sérieux et en conséquence le moins bien lotit. Au moins, seules dans un rayon de dix mètres dans une aile abandonnée, on est dans l’ambiance.
Debout en bout de table, Kara (celle aux yeux gris en amandes) a posé ses mains sur ses hanches et arbore un grand sourire. Je suis à moitié affalée sur la table, ma paume maintenant ma tête à une hauteur raisonnable. En face, Nathalie, une blonde à la coupe asymétrique et aux yeux bleu électriques, se tient droite et est aussi enthousiaste que notre présidente.

– Mes amies… commence-t-elle d’un ton solennelle.

Oh, y a un bel écho ici.

– … Nous sommes les premières à inaugurer le club d’occultisme du lycée Newton !

La deuxième membre applaudit énergiquement. D’un geste, Kara lui demande de s’arrêter, ce qu’elle fait dans l’instant.

– Soyons fière ! Nous montrerons à tous ces scientifiques que tout ne s’explique pas par leurs formules !
– OUAIS !

Je lâche un petit « yeah » que j’essaye de rendre convaincant.
Je vais passer sous silence que je si je suis en S c’est parce que j’adore la physique et que j’envisage de devenir chercheuse en physique quantique…

– Et sinon, interviens-je pour ramener la conversation sur une pente moins glissante, le club n’est pas valable, non ? On est trois alors qu’il faut être minimum quatre pour être validé.
– On l’est, réplique notre présidente avec un sourire. Elle doit juste être en retard.

« Elle » ?

Quelqu’un frappe à la porte, happant l’attention de tout le monde.

– Quand on parle du loup, lance la blonde.
– Entre, lui ordonne Kara.

Elle obéit sans hésiter.
Quelle n’est pas ma surprise de la voire rentrer ici.

Iris Hector.

Elle se fige et me fixe. Mes poings se serrent et je détourne le regard.
Rassurez-moi, c’est juste une blague ? Elle n’est pas dans ma classe et dans ce club aussi ? Je ne vais pas devoir supporter son côté hautain ici aussi ? !

– Un problème ? demande Kara, brisant ainsi le lourd silence qui s’était installé.
– Bien sûr ! m’exclamé-je en me redressant. On a la petite princesse ici !

Mais bordel, j’ai fait quoi au karma pour que ce début d’année scolaire soit aussi pourris ? !

– « Petite princesse ».. ? répète la concernée d’un ton impassible et avec toujours ce PUTAIN de regard.
– C’est ton statut ici ! Tu es sur ton piédestal, là, lui craché-je en pointant du doigt le plafond, à juger les gens de haut. S’il y a une flaque d’eau, les gars se jettent dessus pour te servir de pont !
– Léanne, commence Kara, personne de sensée ne ferait…
– Tu n’es jamais au courant de grand-chose surtout, intervient Nathalie. Il y en a qui le font vraiment.
– Ah ouais quand même… murmure-t-elle sous le choc.
– C’est un dû mérité par les gens de mon statut, réplique-t-elle.

Les autres membres du club semblent choqués par une telle remarque.

– Bien sûr, lâché-je dégoûtée. Les gens comme toi pense que l’univers entier leur est dû ! Être adulé…
– Laisse-la, m’ordonne Nathalie.
– … idolé est légitime pour vous ! Le commun des mortels ne sont que des jouets pour toi, n’est-ce pas ? Tous ces mecs avec qui tu es sortis pour au final les jeter comme des ordures.
– Qu’est-ce j’ai bien pu faire ? demande-t-elle.

Mes poings se serrent et mon regard embrassé vient rencontrer le sien. Toujours aussi froid, toujours aussi indifférent, toujours aussi condescendant, trop semblable à ce vil être à l’esprit arriéré.

Qu’est-ce que j’ai bien pu faire pour avoir une abomination comme toi ?

– JE TE HAIE TELLEMENT !
– Léanne !
– TOI ET TA FOUTU VIE PARFAITE ! RETOURNE À TON CLUB DE TENNIS, TOI ET TES CHEVEUX BLONDS IMMONDENT !

Son expression change totalement, comme si elle se cachait derrière un masque dont elle venait de se débarrasser.

Qu’est-ce que…

Elle contourne la table pour m’attraper par le col, me soulève de quelques centimètres de sorte que nos visages soit face à face et ses poings se referment sur le tissu. Dans ses yeux des flammes de sulfate de cuivre danse.

– EMPRISONNÉE DANS UN MANOIR, RÉDUIT AU SILENCE TANT QUE CETTE SALOPE DE GRAND MÉRE N’A PAS DÉCIDÉ QUE JE SUIS UNE ADULTE, SURVEILLÉE, PRIVÉE DE TOUT, OBLIGER DE RENTRER DANS UN MOULE !

Elle est si proche de moi que je sens son souffle contre mon visage. Sa voix commence à trembler.

– Je n’ai pas une vie parfaite ! marmonne-t-elle la tête baissée.

Sa poigne se raffermie.

– SI JE SUIS VENUE ICI, C’EST POUR ÉCHAPPER UN PEU AU CONTRÔLE DE CETTE FAMILLE DE MERDE ! cri-t-elle en relevant le menton.

Deux sillons se mettent à briller sur ces joues.

Elle pleure.. ?

Elle me lâche et je sens mon corps tomber. J’entends des pas précipités, une porte qui claque, un « Iris » puis d’autres pas, un « bravo, tu l’as fait pleurer ! » et le silence. Je ne sais pas combien de temps passe avant que je réalise ce que j’ai fait. Je lâche un soupir, laisse mon dos tomber contre le mur et passe une main dans mes cheveux.

Bravo Léanne, tu viens de faire pleurer Iris Hector et te mettre à dos les membres du club.

Bravo.

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