28 (FIN)

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Commissariat de police, Gy-en-Sologne


Lorsque nous sommes arrivés sur place, la pauvre jeune femme se scarifiait les avant-bras. Ses yeux étaient révulsés et du sang coulait un peu partout sur son corps. Elle se défendait comme si ce lieu était son cœur.

Ce qui nous a intrigué, c’est que la porte avait été verrouillée de l’intérieur. Au début, nous nous sommes inquiétés. Nous avons pensé à un tueur ou à un violeur. L’appel que nous avions reçu n’était pas assez précis dans ses propos. Il expliquait seulement qu’une jeune femme était en danger de mort. Dans le doute, nous sommes passés. Nous avons bien fait. En trente-cinq ans de carrière, je n’ai encore jamais vu une chose pareille.

Après avoir enfoncé la porte, c’est là que nous l’avons trouvée dans la cuisine, couteau à la main. Des cheveux bruns, sans doute les siens, recouvraient le sol. Aucune lumière extérieure ne parvenait à perforer les fenêtres, bloquées par de puissants volets métalliques. C’était pire qu’une prison.

Cependant, nous avons enquêté sur cette femme et découvert qu’elle possédait un petit appartement à une soixantaine de kilomètres.

Quelques voisins ont entendu des cris les nuits des jours précédant son déménagement précipité.

Un homme, connaissant bien la jeune femme et habitant à quelques rues de son appartement, nous affirmait qu’elle l’accusait à tort d’être rentré chez elle par effraction pour lui causer une fuite d’eau. Son ami a également précisé que le lendemain de cette altercation, elle aurait agressé sa femme chez eux en lui demandant où son mari se trouvait. Elle cherchait apparemment à rétablir la vérité concernant un conflit qui aurait eu lieu la nuit précédente. Il ne nous a fourni aucune explication complémentaire.

Par chance, la résidence possédait des caméras de surveillance à l’entrée et sur chaque étage. Nous avons donc analysé les trois dernières nuits et plus précisément celle ayant un rapport avec ledit conflit. Nous avons aperçu la jeune femme sortir de son immeuble la nuit, de façon monotone, presque somnambulique, à plusieurs reprises.

Lundi matin, sur les coups de quatre heures, elle était sortie de son appartement, un couteau en main. Une demi-heure plus tard, elle revenait avec un chat vivant et une couverture sale, sans doute trouvée dans les poubelles. La description de l’animal perdu faite par son voisin correspondait avec les images.

En nous appuyant sur les témoignages des habitants et les vidéos visionnées, nous en avons conclu qu’elle avait tué le chat. Du bout de mon nez, je flairais une double personnalité due à une pathologie sévère.

Lors de son embarcation dans l’ambulance, les infirmiers lui ont injecté un puissant sédatif afin qu’elle se tienne tranquille pendant le trajet.

Elle était attachée sur son lit d’hôpital par des sangles en cuir. Elle a même failli mordre plusieurs fois le personnel soignant. Chaque jour, sa folie grimpait, terrant un peu plus la douce jeune femme qu’elle incarnait autrefois. La décision a été radicale. L’asile l’accueillait à bras ouverts.

Le jour où elle a quitté l’hôpital, j’ai fait le rapprochement avec Germaine Feuillet, sa grand-mère, qui s’est suicidée dans des conditions plus que terrifiantes.

Ce jour-là, deux hypothèses étaient nées. Soit cette famille possédait des pathologies héréditaires, soit la maison qu’elles avaient habitée était hantée par quelque chose ou quelqu’un.

Aujourd’hui, je ne souhaite pas revivre des évènements de la sorte. Je ne crois pas forcément aux esprits, mais ce que j’ai vu aurait très bien pu se retrouver dans un bouquin de Stephen King.

Espérons que la source de tous ces malheurs soit enfermée au fond de cet asile psychiatrique.


Enregistrement numéro cinq cent vingt-six, Arnaud Bourgeois, commandant de police locale de Gy-en-Sologne.

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