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Des étoiles sont imprimées dans le ciel. Tandis que je les contemple, une forme lumineuse apparaît à quelques mètres de moi. Je ressens de la paix. De la tendresse. La fuite n’est pas nécessaire.

— Viens, mon enfant, me dit-elle.

Je m’exécute. Même proche, je ne distingue pas plus son visage. J’entends seulement sa voix.

— Léa, tu ne dois pas rester ici.

J’ai l’impression que ses paroles sont suppliantes. Je demande, comme si je connaissais la personne depuis tout ce temps :

— Pourquoi cela ?

Elle se racle la gorge, puis m’avertit d’une voix chevrotante :

— Ne fais pas la même erreur que moi. Ne l’écoute pas. Je ne t’ai même pas vu grandir. Ma petite fille chérie, je suis sincèrement désolée…

— Grand-mère ?

Je ne peux obtenir davantage de réponses. La maison m’avale dans un torrent de cris qui couvre les miens. Mes mains balaient l’air en essayant d’attraper le vide. Réflexe inutile.

Ma grand-mère s’éloigne, jusqu’à n’être plus qu’un point bleu perdu au milieu des ruines sombres. Le portail claque. Je me retrouve assise sur une chaise au centre d’une pièce mansardée.

Une ombre sans apparence, sans parole tourne autour de moi. Elle me semble familière, mais toujours aussi effrayante. Les liens invisibles qui lacèrent mes poignets m’implorent de garder mon sang froid.

La tache noire s’immobilise devant mon visage avant de lâcher, d’une voix caverneuse :

— Nous sommes enfin réunis ma belle.

Une douleur exorbitante dans ma jambe droite m’arrache un gémissement.

J’ouvre les yeux. Je suis trempée de sueur. La crampe dans mon mollet commence à s’estomper.

Qu’est-ce que c’était que ce cauchemar, Léa ?

Je m’essuie le visage avec mes draps. Attrape mon téléphone que j’avais posé la veille sur ma table de chevet. Il n’y est plus !

Je me crispe. Ma jambe me refait souffrir. La tension est infernale. Mon cœur bat vite. Trop vite. L’angoisse se répand dans mes bras, mes jambes, ma tête. Je m’arrache les cheveux dans un silence glaçant.

Quelqu’un est dans la maison !

J’en suis maintenant convaincue. Que je me couche ou me réveille, mon téléphone est toujours au même endroit : à côté de moi. Quelqu’un l’a déplacé, ou pire, l’a caché afin que ne puisse prévenir personne en cas de danger imminent.

L’idée qu’un fou m’observe en train de dormir me donne des haut-le-cœur.

Je me réfugie aux toilettes sans penser à ma crampe. Sans imaginer que je suis à la vue de tous.

Tu es toute seule. Prends ton courage à deux mains.

Je me rends dans la cuisine à pas feutrés. Empoigne le même couteau de boucher que la veille, et m’engage dans les escaliers. Un mal de crâne insoutenable me tiraille l’esprit.

Reste forte. Attentive. Laisse-toi guider par ton intuition ma belle.

Je m’arrête. Quelles sont ces pensées ? Ce vocabulaire ? Il me rappelle mes cauchemars.

Je souffle un coup. Sens la chaleur monter. Mon couteau tremble intensément. Je me paralyse. Lâche tout. Y compris un torrent de larmes. La panique me gagne. Je m’adosse au mur de l’escalier.

— Où es-tu ? Que me veux-tu ? Montre-toi ! j’aboie d’une voix hystérique.

Je suis là ma belle !

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