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À peine ai-je raccroché avec le service client, que je distingue un bruit ressemblant à un grincement. Presque comme un animal se faisant les griffes sur du parquet.

La boule au ventre, j’escalade les escaliers en pierres à pas de loup.

Ce ne sont que des rongeurs. Qui veux-tu que ce soit Léa ? Il n’y a qu’un chemin qui mène au grenier et personne n’est passé devant toi.

Et s’il s’agissait de mon agresseur ? Peut-être qu’il ne s’est jamais rendu dans la forêt.

Comment aurait-il fait pour rentrer ? Tu n’as pas trouvé de traces d’effraction.

Par le toit ? Je frissonne. Pourquoi moi ? J’ai peur. Faites que ce ne soit que des souris.

Les cierges du deuxième étage s’éteignent en même temps, me laissant dans la pénombre. Je perçois mon souffle tremblotant et extirpe mon téléphone de ma poche pour activer la lumière. J’éclaire l’escalier menant au grenier.

Une ombre passe devant moi. Je crie. Me fige en observant la silhouette s’allonger.

— Pitié ! non ! je supplie en crachant un flot de larmes.

Une petite créature se dessine en bas des marches. Ce n’est qu’une souris.

Des fourmis foisonnent dans tout mon corps. J’essuie mon nez qui coule avec un mouchoir qui traîne dans la poche arrière de mon jean.

Heureusement que le courant sera mis demain, dans l’après-midi. Je n’en peux plus de vivre dans la peur perpétuelle. Un peu de lumière me sera bénéfique.

Je redescends au rez-de-chaussée, puis m’engage dans la chambre vide. Elle sent encore les vieux draps, mais cela me conviendra parfaitement pour cette première nuit.

Je me force à faire un petit tour dans la cuisine. La poignée est gelée. Sans délicatesse, je l’ouvre d’un coup sec.

À part le noir, rien d’autre ne me fait face.

J’allume les cierges répartis dans la pièce, puis réalise quelque chose de troublant. Quelque chose dont je n’avais pas porté attention lors de ma première visite.

Je n’ai pas pensé à ouvrir les volets. Mais maintenant que je les distingue clairement, je m’aperçois d’une chose effrayante ; ils sont situés devant les fenêtres, et non derrière. Je suis barricadée à l’intérieur de ces murs sans aucune source de lumière extérieure.

En ouvrant les placards, je trouve énormément de boîtes de conserves, de plats préparés et de gâteaux secs.

Plus les éléments s’additionnent et plus je me dis que ma grand-mère est restée ici non pas par choix, mais par obligation. Et quelqu’un ne voulait assurément pas qu’elle sorte de là.

Est-ce le même agresseur que moi ? Je n’en ai pas la moindre idée. Quoi qu’il en soit, je reste sur mes gardes. Ce soir, je fermerai à double tours et inspecterai chaque mètre carré au couteau de boucher.

Peut-être n’était-ce qu’un mirage, mais je repense à la silhouette que j’ai aperçue au grenier depuis ma voiture la dernière fois que je suis venue. Il s’agit de l’unique fenêtre sans volets. Une façon d’admirer le soleil se coucher en essayant de prévenir une personne qui serait de passage. Une personne qui viendrait rendre visite à une vieille dame piégée dans un endroit isolé.

Qui est-elle ? La mort.

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