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Tout le long du trajet je n’ai pu m’empêcher de penser à tout cet argent. À cette histoire hallucinante ! Pourquoi mes parents ne m’ont jamais parlé de ma grand-mère ? Et surtout, pourquoi cette femme me lègue sa fortune alors qu’on ne s’est peut-être jamais vue ?

Après avoir rencontré le notaire, qui m’a expliqué et présenté les papiers ainsi que le testament de ma grand-mère, je décide de rendre une petite visite à ma nouvelle maison. Par chance, il n’y a qu’une heure de route.

*****

Je me gare sur un petit parking vide donnant sur l’entrée d’une forêt. De l’autre côté, il y a ma maison. Aucun voisin aux alentours. Je fais comment s’il me manque du beurre ! J’esquisse un léger sourire en pensant à ma propre blague.

Le soleil commence à décliner. Je ne vais pas rester longtemps.

Un grand portail noir protège cette bâtisse de pierres. Je dénombre au moins six fenêtres rien que sur la façade avant. Ma grand-mère adorait épier l’extérieur ou quoi ?

Je m’approche du perron, puis ouvre la porte. J’inspire. Une odeur de renfermé plane dans l’air. Le couloir que je traverse est plongé dans le noir. Je réalise que la maison doit dater d’une époque où l’électricité n’existait pas. Des bougies sont placées dans toutes les pièces.

Le flash de mon téléphone suffit pour voir un minimum. Dommage que je n’ai pas eu l’idée de prendre le briquet que je garde dans ma voiture !

Je traverse un long couloir qui donne sur quatre pièces disposées de part et d’autre. J’ouvre les portes afin d’aérer, et constate qu’il y a une cuisine, une pièce principale, un bureau et une chambre. Je me demande quand même ce qui a poussé ma grand-mère à habiter seule dans une maison si vieille et terriblement grande ! Je ne pourrais pas vivre à l’intérieur. Mon petit appartement de 40 m² me manquerait trop.

Lorsque je monte à l’étage, je ressens une ambiance lourde. J’ai presque froid alors qu’il fait trente-cinq degrés à l’extérieur ! Il y a deux pièces vides et un dernier escalier menant sans doute au grenier.

Je regarde autour de moi. Une question se pose. Une question à laquelle je n’ai pas pensé sous le coup de l’émotion.

Je trouve une petite barre de réseau, presque au niveau du grenier. Je compose le numéro.

— Madame Feuillet ? Avez-vous oublié quelque chose ?

J’espère que le notaire aura la réponse.

— En effet. Je ne sais pas si vous pouvez m’aider, mais savez-vous comment ma grand-mère a pu avoir autant d’argent de côté ? Ma famille n’était pas pauvre, mais ne roulait pas sur l’or non plus. Je suppose qu’une personne avec une somme pareille aurait fait parler d’elle…

Il paraît réfléchir.

— Écoutez, je ne peux effectivement pas vous aider. Cependant, je vais essayer de me renseigner. Je vous rappelle si je trouve quelque chose.

Mince. Tant pis. Je vais aussi chercher de mon côté.

— Merci beaucoup. Bonne fin de journée.

Je souffle. Me parle à moi-même.

Pourquoi tu cherches absolument à connaître la façon dont elle a gagné cet argent ? Ce qui est important, c’est qu’il existe. Et tu devrais la remercier d’avoir pensé à toi, bien que tu sois la seule survivante de la famille.

Le parquet grince. Je me dis que c’est une vieille maison, c’est normal.

Oui, sauf que tu n’as pas bougé.

Un frisson dresse les poils de mes bras. Je déteste ce genre de sensations. C’est toujours dans ces situations délicates qu’on a le plus souvent peur.

Un deuxième craquement survient au rez-de-chaussée. Je descends doucement les marches, espérant tomber sur un chat ou une souris.

Réfléchis Léa, qui veux-tu que ce soit ?

Je tente de me rassurer tant bien que mal.

Une fois arrivée en bas, rien d’anormal, forcément. J’examine chaque recoin. Rien.

Je réalise soudainement une chose importante. Je dirais même essentielle. La peur naît en moi. Mon cœur bat à une vitesse ahurissante.

Il n’y a pas de parquet. Seulement du carrelage.

Je me dirige vers la sortie, longeant le couloir oppressant. Mon souffle manque. Je me sens bizarre. Comme épiée. En passant devant les quatre pièces, je constate que la porte de la cuisine est fermée. Je suis sûre de l’avoir ouverte tout à l’heure. Je secoue la tête.

Sors de cet endroit.

Je rejoins ma Fiat 500 et démarre au quart de tours. En jetant une dernière fois un coup d’œil à l’extérieur de la maison, je crois distinguer une silhouette derrière la fenêtre du grenier.

Je ne remettrai plus les pieds dans cet endroit nauséabond.

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