Le collier

Une minute de lecture

J'ai tout vu
La foudre qui sortait de leurs doigts
Tendus vers des armées de mille hommes
Femmes seules, fières, debout devant la mort.
Un éclair, puis plus rien.
Des chevaux qui ruent
Les hurlements des soldats
Aux cris de "sorcière ! Démon !"
Ils s'enfuyaient.

Je dormais contre leur peau
Pressé la nuit dans le creux de leurs omoplates
Bien en sécurité là où elles pouvaient me sentir.
J'avais beau m'oxyder et perdre mon lustre
Toujours elles me protégeaient.

La première m'a reçu d'une source sacrée
De la paume ouverte d'une femme à la peau nacrée.
Façonné de main de fée
J'étais là au commencement
Comme une évidence, la solution à un mal
Qu'aurait prédit un sage en des temps immémoriaux.

Elles conduisaient la révolte
Révolte des dieux contre les sceptiques
Des purs contre les assassins
De la nature contre la modernité
Des femmes contre ceux qui voulaient les faire taire.

Elles conduisaient la révolte
Enfin je la conduisais, moi
Elles n'étaient rien sans la magie qui coulait
Depuis des temps immémoriaux
Dans la pierre de lune flanquée en mon centre
Mais moi je n'étais rien
Sans leur courage.

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