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Forum des Jeunes Auteurs, texte d'un certain Stendhal :

"Avec la vivacité et la grâce qui lui étaient naturelles quand elle était loin des regards des hommes, Mme de Rênal sortait par la porte-fenêtre du salon qui donnait sur le jardin, quand elle aperçut près de la porte d'entrée la figure d'un jeune paysan presque encore enfant, extrêmement pâle et qui venait de pleurer. Il était en chemise bien blanche, et avait sous le bras une veste fort propre de ratine violette.
Le teint de ce petit paysan était si blanc, ses yeux si doux, que l'esprit un peu romanesque de Mme de Rênal eut d'abord l'idée que ce pouvait être une jeune fille deguisée, qui venait demander quelque grâce à M. le maire. Elle eut pitié de cette pauvre créature, arrêtée à la porte d'entrée, et qui évidemment n'osait pas lever la main jusqu'à la sonnette. Mme de Rênal s'approcha, distraite un instant de l'amer chagrin que lui donnait l'arrivée du précepteur. Julien tourné vers la porte, ne la voyait pas s'avancer. Il tressaillit quand une voix douce lui dit tout près de l'oreille : – Que voulez-vous ici, mon enfant ?

Julien se tourna vivement, et frappé du regard si rempli de grâce de Mme de Rênal, il oublia une partie de sa timidité. Bientôt, étonné de sa beauté, il oublia tout, même ce qu'il venait faire. Mme de Rénal avait répété sa question.
– Je viens pour être précepteur, madame, lui dit-il enfin, tout honteux de ses larmes qu'il essuyait de son mieux.
Mme de Rênal resta interdite; ils étaient fort près l'un de l'autre à se regarder. Julien n'avait jamais vu un être aussi bien vêtu et surtout une femme avec un teint si éblouissant, lui parler d'un air doux. Mme de Rênal regardait les grosses larmes, qui s'étaient arrêtées sur les joues si pâles d'abord et maintenant si roses de ce jeune paysan. Bientôt elle se mit à rire, avec toute la gaieté folle d'une jeune fille ; elle se moquait d'elle-même et ne pouvait se figurer tout son bonheur. Quoi, c'était là ce précepteur qu'elle s'était figuré comme un prêtre sale et mal vêtu, qui viendrait gronder et fouetter ses enfants !
– Quoi, monsieur, lui dit-elle enfin, vous savez le latin ?"


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Télégraphe :

Je trouve Stendhal que tu fais des phrases trop longues, je pense que tu devrais alléger tout ça, par exemple tu pourrais réécrire ton premier paragraphe comme ceci :

« Mme de Rênal avait une vivacité et une grâce naturelles quand elle était loin des regards des hommes. Elle sortait par la porte-fenêtre du salon. Cellec-ci donnait sur le jardin. Soudain elle aperçut quelqu'un près de la porte d'entrée. C'était un jeune paysan presque encore enfant. Il était extrêmement pâle et venait de pleurer ». ça coule mieux non ?

Coupefranche :

Ton texte gagnerait à être élagué, bien des précisions sont totalement inutiles, supprime-les :

« Elle eut pitié de cette pauvre créature, arrêtée à la porte d'entrée (on s'en doute), et qui évidemment (inutile) n'osait pas lever la main jusqu'à la sonnette (précision de trop). Mme de Rênal s'approcha, distraite un instant de l'amer chagrin que lui donnait l'arrivée du précepteur (phrase trop lourde)."

Tatillon :

Voici mes corrections et remarques :

"Julien se tourna vivement (de trop), et frappé du regard (virgule) si rempli de grâce (virgule) de Mme de Rênal, il oublia une partie de sa timidité (cliché). Bientôt, étonné de sa beauté, il oublia (répétition rapprochée) tout, même ce qu'il venait faire (précision inutile). Mme de Rénal avait répété (répéta) sa question."

Nemo :

Je trouve que quelques phrases ne vont pas.

« Julien se tourna vivement, et frappé du regard si rempli de grâce de Mme de Rênal, il oublia une partie de sa timidité. », moi j'écrirais plutôt : « Frappé du regard si rempli de grâce de Mme de Rênal, Julien se tourna vivement en oubliant une partie de sa timidité. »

« Bientôt, étonné de sa beauté, il oublia tout, même ce qu'il venait faire. » à la place je mettrais ceci : « Bientôt, il oublia tout, même ce qu'il venait faire, étonné de sa beauté ».

Au sujet du titre, j'avoue ne pas avoir compris quel était le rapport avec la chanson de Jeanne Mas.

Original :

Bon, j'ai lu ton texte, il m'a laissé un peu perplexe. Il n'y a pas de fautes d'orthographe, c'est déjà ça.

A propos de ce passage...

« Mme de Rênal resta interdite; ils étaient fort près l'un de l'autre à se regarder. Julien n'avait jamais vu un être aussi bien vêtu et surtout une femme avec un teint si éblouissant, lui parler d'un air doux. Mme de Rênal regardait les grosses larmes, qui s'étaient arrêtées sur les joues si pâles d'abord et maintenant si roses de ce jeune paysan. Bientôt elle se mit à rire, avec toute la gaieté folle d'une jeune fille ; elle se moquait d'elle-même et ne pouvait se figurer tout son bonheur. Quoi, c'était là ce précepteur qu'elle s'était figuré comme un prêtre sale et mal vêtu, qui viendrait gronder et fouetter ses enfants ! »

Ce passage me gêne, je trouve un peu cliché le coup de la jolie femme mariée qui rencontre un jeune puceau. En plus, y en marre de toujours montrer les femmes sensibles aux larmes, il faut être un peu plus réaliste : les garçons qui pleurent ne suscitent que la moquerie en général. On a vraiment l'impression que ton héroïne est stupide, il va falloir que tu retravailles tes personnages si tu veux être lu.

Femen :

J'ai pas du tout aimé ton texte : je trouve que ta vision des femmes est rétrograde. Quand elles ne sont pas des putains, tu en fais des cougars. L'esprit de ton héroïne est vite distrait par l'arrivée d'un mec, et évidemment elle a besoin d'un homme pour enseigner à ses enfants. Enfin, c'est sexiste de montrer des femmes au foyer adeptes de romans à l'eau de rose et qui se mettent à rire comme des folles. Tu n'aurais pas pu valoriser un peu plus ton héroïne, par exemple elle aurait pu être architecte et tu décrirais d'autres qualités que sa grâce : sa vive intelligence et ses talents artistiques.

Mo-Rale :

Je trouve immoral de mettre en avant une femme mûre et mariée qui désire un enfant. De plus la condition sociale de la dame lui permet d'abuser de lui, on est à la limite de la prostitution masculine. On voit aussi qu'elle le tourne au ridicule. Ce genre de texte devrait être signalé, que font les modérateurs de ce site ?

Tellot :

Sans aller jusqu'à la perfection d'Apollinaire, on retrouve le phrasé et l'imaginaire érotique de La Fontaine, mais sans sa candeur. D'autre part, pour paraphraser Nietzsche, je dirais que l'homme a besoin de ce qu'il y a de pire en lui s'il veut parvenir à ce qu'il y a de meilleur. Cette femme a contrario de Salammbô, se joue des hommes et non se fut jouée, mais là, on trouve un caractère incestueux irreversible tout en été fascinant à la fois. Posons-nous la question : la sémantique réintroduit-elle le caractère métaphysique d'un monde clos ? Je suppute, face à cet essai, une réponse conflictuelle.

Lejeunot :

Salut Stendh,

ouais c'est pas mal ton texte, sauf qu'on comprend pas grand-chose, si tu veux gagner un jeune lectorat, tu devrais mettre des tournures plus actuelles comme dans cette phrase : « Le teint de ce petit paysan était si blanc, ses yeux si doux, que l'esprit un peu romanesque de Mme de Rênal eut d'abord l'idée que ce pouvait être une jeune fille deguisée, qui venait demander quelque grâce à M. le maire. » Voilà ce qu'il faudrait écrire : « Le jeune paysan était blanc comme un cachet d'aspirine, avec des yeux de fille. Mme Rênal qui n'avait pas connu d'homme depuis longtemps, le prit pour un trans qui faisait le trottoir ». Au lieu de « Mme Rênal », faudrait mieux l'appeller par son prénom, par exemple Allyson.


Stendhal :

Merci pour vos commentaires et critiques constructives, je vais retravailler mon texte en tenant compte de vos remarques.


Texte retravaillé :

"Allyson, avait une grande intelligence. Bien supérieure à la majorité des hommes. Elle sortit du salon. Soudain, elle aperçut un jeune paysan, blanc comme un cachet d'aspirine et qui venait de pleurer comme une fillette.
Allyson crut que c'était un trans qui faisait le trottoir. Elle eut pitié de cette pauvre créature. Elle lui parla à l'oreille, comme une mère : – Que voulez-vous ici, mon enfant ? Votre maman sait que vous êtes-là ?

Julien se tourna vivement. Effrayé par cette femme qui savait des choses sur lui, il oublia sa timidité. Hypnotisé par cette grande dame, architecte de son état, il n'osait plus demander du travail. Allyson répéta sa question.
– Je viens pour le job, madame, lui dit-il enfin, en fondant en larmes.
Allyson s'inquiéta, le mascara du trans dégoulinait sur ses joues, et il s'approchait trop près d'elle. Julien ne savait que penser de cette femme si sûr d'elle, et en même temps si gentille. Elle le regardait. Ses joues pâles étaient passées au rose. Elle s'en voulut d'avoir pensé que les gens du peuple étaient sales et mal élevés. Elle croyait qu'un homme de la campagne serait sévère avec les enfants et voilà qu'elle se trouvait devant un homme-femme, impressionnable et fragile. Elle lui demanda ses références :
– Vous parlez anglais ?"

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