T.

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T,

Voilà qu'aujourd'hui je me présente à toi, les poches retournées, les mains vides et le cœur à découvert. J'ai tenté maintes fois de prendre ma plus jolie plume pour t'atteindre un peu, pour que tu m'entendes à défaut de m'écouter, mais j'y ai toujours renoncé. Je manque peut-être de courage.

Je manque peut-être de raison. Mais ton souvenir est volontairement tenace en ma mémoire. Alors, je me suis enfin décidée à bricoler des bouts de ficelle, comme un petit Poucet naïf espérant que tu retrouveras ainsi le chemin vers moi. Vers Nous Deux. Au risque de te sembler insensée, je tiens à te confier que je ne regrette absolument rien de tout ce que nous avons vécu. Au contraire.

La seule chose qui me chagrine, c'est mon manque de vigilance qui a causé notre perte. Et aussi la probabilité que nous n'avons pas ressenti les mêmes élans. L'intensité de ces derniers n'a jamais été claire, après tout. Et ton silence l'illustre bien. Oui, je pense encore à toi. Toujours. Parce que tu n'as aucune idée de la lumière que tu as incarnée sur mon chemin.

C'est pour cette raison notamment que je noircis cette page blanche qui restera, je le crains, une énième bouteille à la mer. Mais ces mots tournent inalassablement en mon esprit. Ces mots que j'aurais préféré prononcer en face de toi, mais yeux plantés dans les tiens. Les tiens trop bleus... Je m'éteignais et tu m'a donné ce dont j'avais besoin : je me suis Vue.

Grâce à toi, j'ai compris que je devais m'aimer davantage, pleinement et sans réserves. J'ai trouvé le chemin de la confiance en moi-même. J'ai saisi l'importance d'en faire le socle de notre estime de soi. C'est là une avancée extraordinaire que je n'ai pu réaliser qu'au bout de plusieurs mois torturés par ton mutisme.

Peut-être que c'est l'enseigenement qui m'étais réservé. N'as-tu jamais éprouvé d'affection à mon égard ? Je ne sais d'ailleurs pas vraiment si j'ai envie de le savoir. Parce que, le plus important, à mon sens, c'est celle que je te porterai jusqu'à la fin de moi-même. Je refuse, comme tu le sais peut-être, d'entretenir une quelconque rancœur envers toi. Je travaille à amener la paix.

Je te porte en moi, à part. C'est tout. C'est comme ça. C'est toi. J'ai oublié les pleurs et les débuts de colère. Je ne désire garder de nous que le meilleur. Et si ce meilleur est terminé à jamais, si je ne suis pas supposée vivre d'autres moments à tes côtés, alors il en devient d'autant plus important. D'une plus grande valeur que quoi que ce soit. C'est l'amour inconditionnel que nous devrions tous éprouver.

Par toutes ces phrases mal agencées, je voudrais simplement te faire montre de la plus grande preuve d'attachement qui puisse exister : du plus profond de mon être, je te souhaite le plus magnifique des bonheurs. Si ce bonheur authentique que l'univers te réserve doit t'être apporté avec une autre que moi, je garderai alors en tête que tu es heureux. J'aurai mal que tu l'aies choisie, mais je serai heureuse pour toi. Il n'existe pas de hasard.

Si nos chemins se sont croisés, ce n'est pas un hasard. Si je suis convaincue au fond de moi que nous nous reverrons un jour, ce n'est pas un hasard. Il m'est cependant difficile de ne plus entendre ton rire éclater dans l'air. De ne plus remarquer ton regard se poser sur moi dans un clin d'œil furtif. De ne plus m'amuser des bonds de mon cœur à la lecture d'un de tes messages. De ne plus ressentir cette assurance affichée dans tes promesses.

Je me surprends parfois à sourire en repensant à tous ces moments. Les plus petits détails me reviennent alors et s'impriment durablement à cette partition que je joue seule, désormais. Je t'admirais. Dans le bon sens du terme. Je t'envoie par la pensée tout l'amour que je n'ai pas pu te donner. Je suis perdue face à moi-même quand je pense à toi. Je suis perdue de n'avoir pas pu discuter avec toi.

Rien n'est clair. Rien n'est achevé. Du moins proprement, si c'est ce que tu te demandes. J'ai finalement aligné tous ces mots pour te dire merci. Merci de m'avoir montré le chemin pour naître à moi-même. Merci de m'avoir révélée à moi-même. J'ose espérer.

Je garde foi en l'avenir. Je garde foi en ton cœur et sa capacité à aimer. Je garde foi en l'univers. Te souviens-tu de nos conversations interminables ? Te souviens-tu des nombreux points sur lesquels nous nous sommes accordés puisque nous sommes de la même génération ? Te souviens-tu de nos valeurs communes ?

Te souviens-tu des mots que ni toi ni moi ne prononçons jamais ? C'est ici ma façon de te les rappeler en pensée.

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