Chapitre 3: Hallucinations

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20 septembre 2006/11h49:

Dans la salle d'attente, le jeune homme fixa l'horloge d'un regard désintéressé. Cela faisait maintenant une bonne demi-heure qu'il patientait, et toujours pas une trace de médecin. Personne d'autre non plus dans la pièce. Il avait l'impression d'être seul dans le cabinet médical. Cela paraissait d'autant plus bizarre que normalement, quand il n'y a personne, il n' y a pas d'attente. Cela va de soit. L'heure c'est l'heure, et le docteur avait un retard considérable.

Le fauteuil sur lequel était assis Bradley lui faisait atrocement mal au dos. On aurait dit que le dossier était fait de béton. Bien sûr, il avait essayé les autres sièges, mais il semblait que le confort des clients importait peu, ici. Ces minutes interminables, il les avait passées à éplucher les quelques magazines sans intêrét laissés à l'intention des patients. Et à sa grande surprise, ils les avait trouvés ... sans intêrét.

Le rendez-vous était censé être fixé à 11h15. Le jeune homme en avait plus que marre d'attendre. Son problème, s'il en avait un, méritait pourtant d'être traité immédiatement. Il repensa aux évènements de dimanche. Avait-il vraiment vu ce qu'il avait cru voir ? Il ne savait plus quoi en penser. Et toujours aucun personnel soignant dans les parages. Paris et l'organisation...

- Monsieur Stone ?

Enfin !

Bradley suivit l'homme en blouse blanche dans un étroit corridor d'un blanc immaculé. On se croirait dans une série américaine à la con sur des visions idylliques des hôpitaux. Lui, il savait que la réalité n'avait rien à voir avec toutes ces idioties. Il ne le savait que trop bien. Ils tournèrent à droite avant d'entrer dans une petite salle de consultation.

- Veuillez vous asseoir, je vous prie. Alors, pourquoi avez-vous demandé ce rendez-vous médical ?

- Je pense souffrir d'hallucinations.

- D'hallucinations ? Voyez-vous ça ? Ce n'est pas tous les jours que j'entends ce genre de choses ! s'esclaffa le docteur.

- Je suis sérieux !

- Mais moi aussi. Ça ne va pas être simple de vous diagnostiquer, je pense. Hmmm... Par où commencer ? Êtes-vous malade ? Souffrez-vous d'une quelconque maladie chronique ?

- Non.

- Avez-vous récemment reçu un choc à la tête ?

- Non

- Vous a-t-on déjà opéré d'une tumeur ou d'un traumatisme crânien ? Avez-vous déjà fait un AVC ?

- Non à toutes vos questions.

- Dans ce cas, avez-vous consommé, ou consommez-vous de la drogue quotidiennement et/ou de l'alcool, entre autres substances psychoactives ?

- Bien sûr que non ! s'indigna le jeune homme.

- Ha ! Je ne peux pas savoir avant d'avoir posé la question.

- Bien. Quelle est la nature de vos hallucinations ? Quand et où pensez-vous que cela a commencé ?

- Je crois bien que c'était il y a trois jours. J'ai cru voir un cadavre dans une ruelle.

- Donc une hallucination visuelle. Et vous n'avez pas entendu de voix, par hasard ?

- Si, je crois bien que si. Et c'est même cette voix qui m'a guidée jusqu'au corps.

- Intéressant..."

Un petit bruit se fit alors entendre. Le Requiem de Mozart dans la poche du docteur. Il sortit son téléphone de sa veste. Un peu ironique comme sonnerie, pour un médecin.

- Veuillez m'excuser un instant, dit-il, c'est un appel important."

Deux secondes plus tard il se retrouvait dans le couloir, assez loin pour que Bradley n'entende rien de sa conversation.

Pendant ce temps, le jeune homme fit le tour de la décoration du regard. Au-dessus du bureau se trouvait un tableau de mauvais goût. De "l'art" abstrait. Sûrement payé grâce à des honoraires faramineux. Sur le pan de table en lui-même, pas grand chose. Une photo de famille encadrée. Grand classique. Quelques stylos éparpillés. Et... un dessin d'enfant plutôt flippant qui était sûrement censé représenter le docteur. On le reconnaissait à son crâne chauve.

En parlant de lui, il revenait déjà.

- Monsieur Stone, vous m'en voyez navré mais je suis demandé autre part. Pour l'instant, je ne peux que vous recommander de prendre du repos. Je ne suis pas un spécialiste du sujet mais si vos hallucinations reprennent, revenez me voir. En attendant, voici le contact d'un confrère psychologue, dit-il tout en lui tendant un post-it gribouillé d'une écriture incompréhensible. Si vous ressentez le besoin de vous confier, n'hésitez pas à l'appeler."

Il s'apprêtait à repartir.

- Et combien ce sera ?

- Excusez-moi ? fit-il sans comprendre.

- Pour la séance. Combien ce sera ?

- Ah oui ! Euh... Ne vous en faites pas pour ça. Vous me paierez la prochaine fois qu'on se verra. Je dois vraiment y aller.

Sur ces mots, le docteur disparut dans l'embrasure de la porte, laissant Bradley en plan. Ça c'est du jamais-vu...

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