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Corentin rentra affolé.

— Lucas, tu sais, je t’ai parlé de Ludovic, celui qui a disparu brutalement et qui est revenu encadré par des colosses. Quand Fred m’a dit qu’il était en train d’être vendu…

— Oui, je me souviens très bien. C’est horrible comme histoire.

— J’ai revu un de ces mecs ce soir. Fred m’a confirmé.

— Merde. Ils sont dangereux ?

— Oui ! Surtout qu’ils ont demandé après toi ! Ils t’ont repéré ! Tu es en danger. Tu ne dois plus aller au club.

Lucas ne réfléchit pas longtemps. Il avait besoin de ces soirées pour évacuer ses existences multiples. Bien entouré et méfiant, il ne risquait pas grand-chose.

— J’ai envie de voir ! En faisant attention. Je suis de service demain, avec Ben. On appelle Dimitri. Fred est aussi imposant. Moi, je fais attention.

— Pas question. Ce sont des trafiquants. Ils font partie forcément d’une bande. Ils sont très dangereux, sans doute armés. Je t’interdis de prendre des risques.

— Corentin, on va voir ! Demain, c’est jeudi. Il y a du monde. Ils ne peuvent rien tenter. Juste pour voir. Si c’est vrai, on fonce à la police après.

— Je ne veux pas !

Corentin savait qu’il lui était impossible de retenir Lucas quand il avait décidé de foncer, inconscient des risques. Il avait toujours réussi !

— Je me mets dans la salle, en civil. J’aiderai au besoin.

Lucas l’embrassa. Corentin craignait trop la bagarre, mais il était prêt à défendre son amour.

Ce soir-là, Valentin arriva torse nu dans un pantalon de corsaire semi-transparent qui laissait voir son absence de sous-vêtements. Il aimait aussi ce costume, lui permettant de s’exhiber.

Fred lui désigna discrètement la table des trois hommes. Valentin fit un petit numéro, servit une table en jouant, paraissant ignorer le trio. En passant à proximité, sa main fut saisie.

— Et nous, tu ne nous sers pas ?

— Mais si, avec grand plaisir, en décochant un sourire qu’il savait irrésistible.

— Prends ton temps. Viens t’asseoir avec nous.

— Je ne peux pas m’asseoir avec vous ! Par contre, sur vos genoux, c’est possible ! Je peux choisir ? Toi, tu me plais !

Lucas avait jaugé les trois individus. Un chef, celui qui parlait, un observateur et un homme de main, au regard vide. Il avait choisi ce dernier, car il le devinait plus manipulable et surtout dans une position qui lui permettrait de bondir hors de leur portée en cas de besoin.

— Tu es vraiment un beau garçon ! Tu peux nous dire ton nom ?

— Valentin.

— Oui, c’est ça, Valentin. Tu es étudiant ?

— Oui, en première année de lettres modernes.

— Un petit intellectuel mignon.

Pendant ce temps, le sbire avait commencé à le triturer.

— Il est bien beau, ce garçon ! Il a des jambes de filles et un petit cul parfait.

— Trop heureux de te plaire. Tu n’es pas mal non plus !

— Pour une fois, je testerais bien la marchandise !

— Qu’est-ce qu’il veut dire ?

— Tim a un humour de chiottes. L’écoute pas. Tim, tu fermes ta gueule ! Sois correct avec lui. Dis-moi, Valentin, tu ne dois pas gagner gros ici.

— Non, mais ça me suffit juste. C’est mieux payer que chez MacDo !

— Tu n’as jamais pensé te vendre ?

— Me vendre ? Comment ça ? Vous voulez dire me prosti..

— Non ! Pas du tout ! Tu gagnerais énormément, c’est sûr ! Mais il faut être protégé. Non, ce que je veux dire, c’est qu’avec ton physique, tu n’as jamais pensé à faire de l’escorte ?

— C’est quoi ?

— Juste à tenir compagnie à des femmes. Ou à des hommes !

— Ça rapporte ?

— Pas au début. Toi, avec ton look, tu pourrais réussir assez vite.

— Comment on fait ?

— Je connais des agents. Ils s’occupent de tout.

— C’est intéressant !

— Il vient vite, il bande bien ! Je l’ai bien en main, lance le gorille qui triturait le membre de Lucas.

— Tim, ta gueule et tiens-toi bien. Tu peux le toucher, s’il est d’accord, mais épargne-nous tes commentaires. Valentin, il nous faudrait des photos de toi. Je peux en faire ?

— Non. C’est interdit. Mais je peux vous en envoyer si vous me donnez un mail.

— Photos du visage, du corps, nu si possible.

— Ça, j’ai pas. Mais je peux faire.

La main de Tim était passée sous la ceinture, alors que l’autre pogne lui serrait l’épaule.

— Eh, tu ne peux pas me toucher directement, retires ta main ! Toujours au travers du tissu !

— Il est vraiment bien monté ! Une belle bite, des couilles bien pendues. C’est du premier choix ! Le client sera content.

— Tim, ta gueule !

Lucas jugea la situation. Vu comme il était assis, il tenta le coup. Semblant se tortiller, il se défit un peu, pris de l’élan et envoya le plus fort possible son coude dans le plexus de Tim. Ce fut plus la surprise que le coup qui lui fit lâcher prise. Lucas bondit, se retourna et lança :

— Il est lourd votre copain ! Et puis il parle de moi comme un objet à vendre. Je me casse.

— Du calme, Valentin. Tim, assis ! C’est vrai qu’il est lourd. On achève notre conversation ? Tu es intéressé ?

— Faut voir. Vous avez un contrat ?

— Non, mais je peux revenir avec un. Par contre, il me faut absolument une photo maintenant.

Lucas regarda autour de lui. Ils n’avaient rien préparé. « Pourvu que les autres comprennent », se dit-il.

Le « chef » sortit son e-phone et commença à viser. Lucas se précipita vers lui, fit sauter l’appareil en direction de Corentin qui s’était levé. Il cria, en tambourinant le chef d'une façon hystérique.

— Pas de photos, j’ai dit pas de photos…

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