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Il quitta M. pour passer le réveillon avec Corentin.

Le trajet le plongea dans ses pensées. Décidément, il ne connaissait rien à l’âme humaine. Cela le découragea de reprendre l’écriture, tout en sachant qu’il reprendrait la plume. Incarné ses personnages sur le papier ou par son corps, peu importait, il était l’humanité entière !

Leur projet était de passer un réveillon fou au Club. Tous les serveurs, sauf Jean-Eu, étaient présents. La salle était comble, mais leur nombre leur permettait de produire de petits numéros, à la grande joie des clients.

Blanchette et Li firent un numéro d’amoureux vivement applaudi. Après le décompte sonore de la nouvelle année, les embrassades, Corentin et Lucas, entièrement nus, présentèrent un duo lascif, exprimant par des gestes lents ce qu’ils vivaient. Le silence s’était installé devant la magie de leur spectacle. Ils avaient décidé le pitch, mais se laissaient aller dans son exécution, perdus dans leur amour qu’ils exprimaient si joliment. Cela dura, sans lasser. Quand, épuisés, ils tombèrent dans les bras l’un de l’autre, le silence se fit, avant une ovation bruyante. Ils s’enfuirent dans le vestiaire, n’aspirant qu’à se fondre l’un dans l’autre.

Cela avait été à l’image de leur quotidien. Chaque fois que Lucas voyait Corentin, il avait le même coup de foudre. Chaque fois que Corentin voyait Lucas, il fondait d’amour.

Leurs cœurs débordants se déversaient sur leurs amis et sur le monde. Sans le savoir, Samuel et Dylan profitaient de cette énergie, progressant dans leur épanouissement, sous l’œil attendri de Lucas qui aurait rejeté tout soupçon de responsabilité dans cette réussite.

La soirée avec les parents de Lucas avait été repoussée. Lucas n’avait pas été prévoyant : son père, croyant bien faire, avait réservé dans un des restaurants les plus chics. Lucas avait peur que Corentin soit mal à l’aise dans ce luxe clinquant. Ils avaient veillé à leur tenue. Pour le coup, c’est le petit garçon bien élevé qui avait pris les choses en main.

Le premier contact était empreint de gêne. Corentin ne pouvait dissimuler sa nature ambiguë, celle qui dérange, car impossible à classer. Même le maitre d’hôtel stylé eut un moment d’hésitation, évitant un « monsieur, madame » de justesse. Avec classe, les parents de Lucas firent les indifférents.

L’avantage de cet endroit était la discrétion. Quelques propos anodins sur la maladie d’un neveu, la chute d’une nièce permirent de détendre l’atmosphère. Contrairement aux craintes de Lucas, Corentin était à l’aise, habitué à ces situations avec des interlocuteurs hésitants. La mère de Lucas le dévorait des yeux, subjuguée par ce mélange des genres. Le père de Lucas, à son habitude, étudiait et analysait, sans se rendre compte d’un biais de sympathie immédiat.

Lucas était en retrait, ressentant l’impression de passer un examen de vie ou de mort. Quand sa mère posa sa main sur celle de Corentin, son cœur flancha. Heureusement qu’il sentit sur la sienne celle de son père. Était-il possible que cela se passe aussi bien ? Méritait-il ce bonheur ?

Cela dérapa un peu quand sa bourgeoise de mère s’enquit de leurs projets de vie, mariage, enfants… Une pirouette astucieuse de Corentin les fut éclater de rire.

Quand ils se quittèrent, aucun mot ne fut nécessaire. Les parents de Lucas regardèrent s’éloigner ce jeune couple enlacé, la tête de Corentin sur l’épaule de Lucas. La mère de Lucas prit la même position, tenant le bras de son mari.

— Georges, cela fait si longtemps que nous n’avons pas marché en amoureux !

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