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Lucas avait soif de Corentin. Il se pencha pour se rapprocher de l’objet de sa dévotion. Corentin se détendit, afin de profiter de cette cérémonie. Lucas tournoyait sa langue, enfournait, abandonnait, tandis que sa main caressait ses testicules, son entre-jambes. Corentin sentait un doigt partir explorer sa raie. Il avançait vers le trésor, ne sachant où il était caché. Quand il se posa sur sa rondelle, Corentin la détendit pour laisser le passage, tout en émettant un petit gémissement de plaisir. Lucas était à l’entrée. Il fit une légère pression, marquant le lieu sans vouloir continuer, alors que sa langue travaillait la hampe à son maximum. Corentin, pris entre cette frustration et cette sollicitation, perdit le contrôle, emplissant la bouche de Lucas de sa laitance gouteuse.

— Tu es un diable ! Je me suis laissé prendre. Tu es merveilleux !

Ils s’étaient levés, avaient mangé, puis avaient décidé de continuer, de rester dans leur nudité, leur intimité.

— Toi, Lucas, comment tu as vécu cette agression ?

— Il m’a pris par surprise. Je n’ai pas eu le temps de changer de rôle. Je crois que Valentin se serait laissé faire. J’étais Lucas. Il m’aurait démoli.

— Je ne comprends pas…

— Oui ! C’est normal. J’ai aussi du mal. Je vais essayer de t’expliquer ce qui se passe en moi. J’avais quatorze ans quand on a monté une pièce de théâtre. J’avais bien sûr le premier rôle, le plus beau gosse de la classe et le meilleur. Cela a été formidable pour moi. Quand je jouais, je n’étais plus du tout moi, mais mon personnage. Ce qui lui arrivait m’arrivait réellement. Ma personnalité n’existait plus.

— Tu devais être excellent !

— C’est ce qu’on m'a dit. C’était très violent. J’aurais voulu recommencer, mais en même temps, cette dichotomie m’avait fait peur. Je crois que c’est ma vocation, quand même.

— Pourquoi tu fais la fac ? Fais une école de théâtre !

— Moi, acteur ? Je me fais tuer aussi sec. Ce n’est pas un métier pour mes parents. C’est impossible…

— Mais il faut que tu le fasses, c’est ton truc, ça se voit !

— Attends ! Le plus curieux, c’est ce travail que nous faisons. Je suis arrivé par une offre, la dernière sur le tableau. J’ai compris que c’était une boite gay et qu’il fallait exciter les clients. Tu te rends compte ? Quel rôle en or, au contact du spectateur ! J’appartenais aux spectateurs, corps et âme. Ce qu’ils me font, c’est à l’acteur. Ils apprécient mon physique et mon jeu. C’est un plaisir immense ! Je veux bien jouer tous les soirs !

— Je comprends mieux ! Tu es un garçon incroyable !

— Tu sais, j’étais pas trop partant. Et puis tes conseils m’ont montré l’évidence. Je ne m’en pensais pas capable. Me faire toucher le sexe, les exciter, palper le leur, jouer à être en chaleur, que c’est amusant ! Mais il y a autre chose…

— Oui ?

— Je me suis rendu compte, en te voyant et en t’adorant immédiatement, qu’en fait, j’étais tout le temps en représentation. Je n’ai jamais été moi véritablement. Le petit garçon sage et studieux, le garçon charmant qui tombe les filles et qui est entouré d’amis, c’est un rôle. Ce n’est pas moi. Quand je t’ai vu, je suis tombé amoureux de toi. Et ça, c’est ma vraie personnalité, c’est ça que je veux vivre. Avec toi. Si tu le veux bien.

— Quelle belle déclaration ! Lucas, tu es trop touchant. On ne peut que t’admirer et t’aimer. Tu es un joyau si précieux. C’est trop pour moi. Si je cède, alors je perds la tête, je ne vis que pour toi. C’est trop gros. Tu as vu, je suis un minable. Je ne saurais pas te défendre, je ne saurais pas te soutenir, t’accompagner. Et puis, tu n’es pas homo…

— Mais je m’en fous de tout ça ! Ce que je veux, c’est ton cœur ! Le sentir battre avec le mien.

— Lucas, je t’ai raconté ma blessure. Si je te dis oui, c’est ma vie que je te donne !

— C’est elle que je veux !

— Tu prendras soin de moi ?

— Mais je ne ferai que ça ! C’est ça que je veux, tout le temps !

— Viens près de moi. Embrasse-moi, c’est trop beau.

Ils n’en avaient pas fini pour autant. Corentin n’arrivait pas à cerner totalement ce Lucas-Valentin.

— Donc, si c’est l’acteur qui avait été violé par Kevin, cela aurait été moins grave ?

— Oui. Je n’aurais pas aimé, mais cela aurait fait partie du rôle. J’aurais réagi comme une victime extérieure à moi. Ce qui m’a foutu dedans, c’est que j’étais Lucas, pas Valentin. Tu as vu, je bascule facilement de l’un à l’autre. Là, j’étais bloqué. Lucas n’était pas prêt. Oui, j’aurais été violé. Oui, j’aurais été détruit. J’ai vraiment eu peur.

— Mon pauvre Lucas ! Je m’en serais voulu. C’est insupportable de tout supporter sans oser rendre les coups.

— Je sais !

— Mais, dis-moi. Quand tu me suces, tu es qui ?

— Je suis ma vraie personnalité ! Tu sais, la première fois que tu me l’as fait, c’est là où cette personnalité m’est apparue. Donc elle est à toi, pour toi. Tu te rends compte de tout ce que j’ignorais de moi ? Mais cette personnalité est apparue pour toi. Je t’appartiens !

— Et si je te demande de faire l’amour avec moi ?

— Je crois que je dirai oui ! Oui, avec plaisir et gourmandise !

— Tu as dit que tu trouvais cela dégoutant.

— J’ai dit aussi que j’en avais envie. Ce n’est pas un rôle. J’ai envie de me fondre avec toi, peu importe comment, peu importe les conséquences.

— Tu le veux vraiment ?

— Corentin, avec toi…

Corentin l’attira à lui.

— Ferme les yeux. Laisse-toi porter, ne résiste pas. Ouvre-toi à moi.

Lucas se trouvait sur le dos, exposant ces si belles formes. Corentin glissa un petit coussin sous ses reins. Il écarta les jambes de Lucas. Sa main courait sur son corps, flattant le pubis, le pénis, descendant derrière le scrotum, recommençant sa course infernale. Lucas se perdait dans ces sensations tournantes. L’autre main était sous ses fesses, massant cette merveilleuse protubérance. Les doigts se glissaient dans la raie, descendaient à la rencontre de l’autre main. Lucas décollait, s’abandonnait à cette expertise. Les mains partirent, frustrant Lucas. Un bruit de flacon et elles revinrent. La main des fesses semblait humide. Un doigt s’enfonça plus profondément. Lucas le sentit contre son anus, déclenchant un réflexe de resserrement. Le doigt n’insista pas, se contentant de masser cette rondelle. Lucas se relâcha. Le doigt s’enfila dans son intérieur. Le temps de réaliser, les ondes de plaisir étaient là. Il retint le réflexe, se laissant pénétrer plus loin. Lucas était concentré sur cette sensation nouvelle et si puissante. Il bascula sur le côté à la petite sollicitation de Corentin, replia les jambes instinctivement, pour être dans la position la plus accueillante.

Soudain, les choses s’emballèrent. Ce n’était plus des vaguelettes, mais un ras de marée qui déferla, emportant Lucas dans une chevauchée fantastique. Il accompagnait de larges mouvements de bassin, tandis que des gémissements sortaient du fond de son corps, avant un grand cri et un bref évanouissement.

Il ne parvenait ni à reprendre son souffle, ni ses esprits. Une main caressait doucement ses fesses. Il sentit un souffle chaud sur sa bouche. Il se laissa partir, se blottissant dans cette chaleur, alors que des larmes coulaient sur ses joues. Il resta un long moment, s’endormit presque. Y avait-il autre chose à vivre ?

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