12

3 minutes de lecture

Quand il aperçut Corentin, son cœur trébucha. Il était là ! Le sourire de plénitude de Lucas toucha profondément Corentin. Décidément, ce garçon si candide, si entier, avait un charme confondant. Dépassés par des sentiments qu’ils ne voulaient pas afficher, les deux jeunes gens se regardèrent avec gêne. L’évidence irrésistible était de se sauter dans les bras. Chacun était retenu par ses réflexions de la journée. Seule la timidité s’affichait, les rendant gauches dans leurs élans retenus.

— C’est bien que tu sois venu. Normalement, c’est Kevin qui assurait ce soir avec moi, mais il a eu un empêchement.

— Très bien ! Je suis passé par hasard, car nous n’avions rien convenu, ni avec toi, ni avec Joe. Je n’ai même pas ton phone !

— Oui, je m’en suis rendu compte. De toute façon, il faut que nous causions tous deux. Il y a des choses que tu dois savoir !

— Tout ce que tu veux, Corentin !

Cette confiance, ce désir inconscient non dissimulé désarmaient Corentin. Il prit sur lui pour lui décrire l’équipe des serveurs. Alex et Isa, dans le rôle des garçons-filles, Kevin et lui, dans le rôle des minets, Ben et Dimitri, dans celui des muscus plus Blanchette, le noir et Li, le chinois.

Il lui montra le planning et comment on le renseignait pour les deux semaines suivantes en se répartissant jours de semaine, weekend et assortiments amicaux. En fait, tout se passait assez bien. Corentin poursuivit qu’il n’était pas rare que les serveurs d’un même soir finissent ensemble. Lucas pâlit. Il n’était absolument pas sûr de vouloir coucher avec sept garçons ! Il était même certain que l’idée d’être baisé sept fois ne le tentait absolument pas. Corentin l’avait vu pâlir.

— Rassure-toi, il n’y a aucune obligation ! Lucas, j’ai vraiment l’impression que tu n’es pas à ta place ici. Tu n’es pas gay, alors que tout tourne ici sur des rapports physiques et sexuels entre mecs. Je te le dis franchement, j’ai peur pour toi.

— Corentin, tu es trop gentil ! J’ai bien compris, je ne suis pas con ! Mais ! Mais, j’ai aimé être caressé, même intimement, même par des vieux vicieux. J’ai fait comme tu m’as dit : prends sans t’occuper de qui te le donne. C’est trop bon. Et ça rapporte !

— Tu es bizarre comme mec. Tu joues avec le feu et tu vas te cramer. Je ne veux pas que tu sois abîmé.

— Je comprends. C’est ça la deuxième raison !

— C’est pas clair pour moi.

— La deuxième raison, c’est toi ! J’ai besoin de ton aide. J’aime la façon dont tu prends soin de moi. Je… je voudrais que nous soyons amis !

— On ne m’a jamais demandé ça !

— À moi non plus ! J’ai des amis, des bests et des autres, des potes. On ne s’est jamais demandé à l’être.

— Alors, pourquoi tu me le demandes à moi ?

— Corentin, parce que j’en ai besoin ! Je veux absolument t’avoir comme ami !

— T’es con ! Tu sais bien que je tiens à toi. On va devenir amis, c’est dans la nature des choses. Maintenant, tu dois savoir, non, tu le sais : je suis un pédé, un gay. Je n’aime baiser qu’avec des hommes et j’aime baiser des hommes, surtout s’ils sont mignons comme toi !

— Je sais. J’y ai pensé toute la journée. Penser à deux mecs qui baisent me dégoute. Être dans tes bras, je veux bien. Je veux bien « baiser » avec toi, même si je ne sais pas ce que ça veut dire.

— Ça veut dire que ce n’est pas ton affaire ! Il n’est pas question que nous baisions ensemble !

— Alors, on fera l’amour ?

— Lucas ! Tu déconnes complètement ! Habille-toi ! On va assurer le service ce soir, et après, tchao !

Lucas ignora complètement ce que Corentin venait de lui dire.

— Tu ne crois pas qu’il faut que je me vide avant ?

— Lucas, c’est n’importe quoi. Tu me gonfles sérieux !

— Désolé. Je ne sais plus ce que je fais. Tout ceci me rend fou.

— D’où mon conseil : casse-toi, ce n’est pas pour toi.

— Non ! Je veux te connaitre. Corentin, s’il te plait…

Lucas le regardait avec un regard confiant, chaleureux et… tellement amoureux. On devrait interdire de tels regards, se dit Corentin.

— Mais… je… tu fais chier ! Enfile un costume !

— Tiens, j’ai envie de celui-ci : en soldat romain, avec une jupette.

— Lucas, tu dois aussi te protéger. Je dois te parler de Ludo, celui que tu remplaces. Il a absorbé une drogue un soir et il a disparu. Il a sans doute été enlevé. Tu comprends ? Ne bois jamais un verre qui ne vient pas directement de Fred.

— Pas de risque ! Jamais d’alcool !

— Ni alcool ni rien du tout. Fais quand même attention à toi.

— Oui papa !

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire gai motus ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0