15 (partie 1)

8 minutes de lecture

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Léo

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  • Va au diable, Lou !

Je le dépasse en grognant, un carton plat entre les mains, et ne me retourne que quelques minutes plus tard sur le chemin de l'internat, pour le considérer, à moitié plié de rire, son propre carton manquant de traîner par terre.

  • Bordel mais tu vas arrêter de te foutre de ma gueule abruti ? Crève !
  • Léo..., tente t-il de m'appeler en reprenant son souffle. Vraiment, demande-leur des sous-vêtement plus grand parce que là...

Voilà.

Voilà la cause de son fou rire depuis déjà vingt bonnes minutes : les caleçons que m'ont donné les membres du personnel de Reborn, sont trop petits. Ce qui est certes ridicule, je le conçois, mais de là a manquer de peu l'hyperventilation à cause d'un fou rire à ce sujet...

Dans la cabine où nous avons essayé nos uniformes pour les cours, j'ai eu le temps de grogner sur la tenue que je vais devoir arborer jusqu'à la fin de ma formation : un pantalon noir et une chemise blanche, assortis d'une veste rouge et d'une cravate sombre. Le tout avec le devoir de toujours être présentable. C'est à dire, chemise bien boutonnée, cravate bien nouée, pantalon avec ourlet impeccable.

Bien sûr, ça ne nous change pas beaucoup de Liberty, mais tout de même.

Je n'aime pas les uniformes. Sûrement un fantasme de Criada, les jeunes en uniforme, pour les rendre obligatoires dans chaque établissement qu'il dirige.

Lou ricane toujours, si bien que je finis par me rapprocher de lui, pour prendre son menton dans une main, et redresser son visage vers moi.

  • Si tu continus à te foutre de moi, je ferais en sorte que ton port de caleçon, passe au port de culotte en seulement deux coups de pied, pigé ?

Il retient un éclat de rire, mais hoche tout de même la tête, avant que je ne le relâche pour rejoindre les portes de l'internat. Il n'est que seize heure, les autres Reborn, eux, sont encore en cours.

Quant à Mia et Elio, ils sont toujours en train d'essayer leurs uniformes. On ne peux pas dire que la vitesse soit leur principale qualité.

  • Hé Léo !
  • La ferme, je te parle plus à toi !
  • Oh sérieux ? Allez, fais pas le gamin, écoute-moi !
  • Le gamin ? Je te signale que c’est toi qui es plié de rire à cause d’un caleçon trop petit !

Il trottine jusqu'à moi, tandis que je pousse la porte d'entrée dans une goulée d'air chaud.

En même temps que nos uniformes, les gérants de Reborn nous ont donné nos emplois du temps, ainsi qu'un manuel explicatif sur le Reboot et sur notre nouvelle position de ''non-humain''. Lou, en me rejoignant, exhibe notre planing tel un trophée, et me le fourre sous le nez sans plus accorder d'importance à ma mauvaise humeur, pourtant dévorante.

  • Regarde, on a cours six jours par semaine !
  • Ils ont été clairs avec nous : nous ne sommes plus des humains. Pas étonnant que nous ne soyons plus traités comme tels.
  • Et on a combat tous les jours !
  • Oui. Tu vas me faire un descriptif complet de ce foutu emploi du temps ? T'es au courant que je l'ai déjà lu ?

Il grogne, et plie la feuille avant de la ranger précautionneusement dans sa poche.

En arrivant dans notre chambre, je m'assois sur mon lit et attrape dans mon sac, le fameux manuel des Reborn, pour en lire le sommaire :

Qu'est ce qu'un Reborn ?

Les caractéristiques du Reborn

Le sérum Reboot

L'entraînement des Reborn

La fonction des agents Reborn

Le règlement de l'école

Je grimace, n'ayant aucune envie de lire le manuel, mais ne pouvant faire autrement, la seule autre activité m'étant proposé étant... rien du tout.

Les ''classes'' de Reborn sont faites en fonction de l'ancienneté des élèves. De plus, comme les différences de date d'arrivée sont nombreuses, les classes sont relativement petites. Dans la nôtre, nous ne sommes que dix. En nous comptant nous quatre, plus Sarah et Jeremy. Ce qui fait déjà six.

Aujourd'hui, est notre premier jour de ''cours'' à Reborn. Nous portons tous avec plus ou moins de fierté l'uniforme des élèves, et sommes assis dans une sorte de salle ressemblant à celle où se déroulent, dans les séries, les réunions des alcooliques anonymes.

Visiblement, le budget mobilier éducatif n'est pas au rendez-vous.

  • Bien, lance une jeune femme assise en plein centre du cercle. Nous accueillons aujourd'hui quatre Nouveaux. Pouvez-vous vous présenter, avec nom, prénom, âge, et domaine développé par le Reboot ?

Elle a l'air plutôt jeune, pour une prof. Ses cheveux noirs sont tirés en un chignon mal fait, et de lourdes lunettes aux verres épais viennent casser la beauté de son visage aux courbes fines. Pourtant, derrière ces ''culs de bouteille'', son regard a l'air plutôt conciliant, et à des kilomètres de ceux des militaires nous encadrant H24.

  • Je vais commencer, se dévoue Lou. Je m'appelle Lou Kampa. Je vais avoir dix-sept ans, et chez moi, le Reboot a développé intelligence.

Je toussote, moqueur, et le vois me jeter un regard furieux.

  • Enchanté Lou. Peux-tu nous parler de ta famille ? De ton ancienne vie ?
  • Je..., oui. Je suis le fils de Gloria Kampa et de...
  • Gloria Kampa ? s'exclame un garçon de la classe. La mannequin ?
  • Oui... la mannequin. Et mon père est Javier Kampa. Avant d'atterrir ici, j'étais étudiant à Liberty, un lycée sport-étude, où je faisais de la danse et de la MMA. Je..., voilà. C'est tout.

Notre professeur hoche la tête, et je m'apprête à me lever, lorsque Mia me devance, le sourire aux lèvres.

  • Mia Dos, j'ai dix-sept ans. C'est ma puissance qui a été augmentée. Ma mère est journaliste et mon père militaire. J'étais avec Lou au lycée Liberty, dans les mêmes sections que lui. Et pour être honnête, je ne pensais pas qu'un jour, je me retrouverais dans une école pareille, en tant que non-humaine.

Un éclat de rire collectif s'élève, et je grogne face aux regards admiratifs que les quatre élèves que nous ne connaissons pas, jettent à Mia. Qu'ils restent loin d’elle, vraiment.

Cette fois, je me redresse rapidement, et me présente à mon tour.

  • Léo Pogbal, dix-sept ans aussi. Chez moi, le Reboot a tout développé. Mes parents sont chômeurs professionnels, et j'ai deux sœurs plutôt connes. J'ai déjà fait du combat de rue avec des paris, et au lycée, je faisais de la MMA. J'étais le meilleur de ma promotion. Maintenant, libre à vous de venir me chercher des poux.

Je me rassois sans aucune grâce, et observe leurs réactions d'un œil amusé. Certains se sont tassés au fond de leurs sièges, tandis que d'autres me lancent des regards admiratifs : j'ai comme l'impression que mon laïus censé les effrayer, à plutôt attisé leur intérêt.

Damnit.

  • Moi c'est Elio Criada. J'ai dix-sept ans. Et c'est ma vitesse qui a été améliorée. Mon père en dehors de Reborn, est proviseur du lycée Liberty. Ma mère est dans le coma depuis deux mois maintenant. À Liberty, j'étais en MMA et en gym.

Il se rassoit, les jambes croisées, et l'une de ses informations me fait tiquer. Cependant, je me garde bien de poser la question, et me contente de focaliser mon attention sur notre professeur, qui vient de reprendre son monologue.

  • Merci à tous les quatre. On va pouvoir commencer. Mais avant, j'aimerais que l'un de vous fasse un compte rendu des avantages et des faiblesses des Reborn pour les Nouveaux.

Elle fait signe aux six élèves les plus anciens, et c'est une fille à queue de cheval blonde qui se dévoue, en levant la main. Elle a l'air de tout, sauf d'une future soldat/agent de Reborn. Car, de ce que j'ai compris, nous sommes quand même supposés ressortir de cette ''formation'' en tant que soldat surhumain, non ? N’est-ce pas ça le but initial du Reboot ?

  • Alors, commence la fille blonde. Les avantages d'abord : je dirais la récupération, et...
  • Explique aux Nouveau ce qu'est la récupération.
  • Ah, oui. En tant que Reborn, nos blessures se referment plus vite que la moyenne. Mais, il faut savoir que les blessures dites ''mortelles'' pour le corps, ne se referment pas.
  • Très bien. Quelqu'un d'autre, un avantage ?

Une autre fille, à la peau brune et aux yeux dorés, lève la main.

  • Nos capacités augmentées. C'est un avantage non ?
  • Tout à fait, répond la professeure. Autre chose ?

Personne ne réagit. Un blanc, vraiment long, s'installe entre les différents élèves présent dans la salle, et je hausse un sourcil. Wouah si les avantages ne se résument qu'à ses deux points, ce n'est pas si exceptionnel que ça.

  • Il y a d'autres choses, mais qui varient selon les Reborn. Désavantages maintenant ?

Et tout de suite, une flopée de main se lèvent. Je vois Elio ricaner, à côté de moi, et je roule des yeux : lui aussi a noté la différence d'entrain entre les avantages et les désavantages des Reborn. Quelle belle ironie pour une avancée scientifique se voulant révolutionnaire.

  • Le fait qu'on soit obligé d'être sous les ordres de Reborn ? marmonne Jeremy.
  • Jeremy..., un vrai désavantage ?
  • Les sentiments, propose la fille blonde.

Notre professeur se cale un peu plus confortablement dans sa chaise, et fait signe à son homologue de développer sa réponse.

  • Soit on les perd, soit ils s'accentuent de façon assez... problématique.
  • Tout juste, acquiesce notre professeure.
  • Euh, pardon, on va perdre nos sentiments ? J'espère que c'est une plaisanterie ?

L'intervention de Mia me rassure, cela prouve au moins que je ne suis pas le seul à me poser la question.

  • Cela dépendra de vous. Si vous êtes déjà de nature peu démonstratrice, il se peut que vos sentiments s'estompent. Par contre, si vous êtes comme Léo, il est très peu probable que vous les perdiez, mais qu’au contraire, ils se décuplent de façon exponentielle.
  • Vous plaisantez ? Il est déjà insupportable dans un état normal alors...
  • Bordel, mais sale loup de mes deux, tu veux vraiment que je t'en colle une depuis hier ?

Mia soupire, en haussant les yeux au ciel. Visiblement, elle n'approuve pas notre micro altercation, à Lou et moi.

Elle est bizarre, depuis hier. Ils sont revenus avec Elio, peu de temps après que nous soyons remontés dans notre chambre. Et j'ai tout de suite remarqué que quelque chose avait changé : le body language de Mia, tourné vers Elio alors que d'ordinaire il était neutre. Et son regard justement, qui semblait étonnement... apaisé. Là où depuis que je le connais, il avait toujours une sorte de préoccupation au fond des yeux. J'en ai donc déduit, qu'il s'était passé quelque chose entre eux, bien que je ne sache toujours pas quoi exactement.

  • Léo, langage. Et Lou laisse-le tranquille.
  • Mais Mia, je ne fais qu'énoncer la vérit...
  • Finis ta phrase, et à la sortie de classe, je t'écorche vif.

Notre professeure soupire, et décide qu'il est grand temps de reprendre un semblant de cours traditionnel. Résignée, elle se tourne vers le tableau numérique de la salle, et nous débutons enfin notre premier véritable cours, en tant que Reborn en formation.

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