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Lou

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   Nous sommes tous tirés du sommeil à six heures. Enfin du sommeil, je me comprends. Je sais que seule Mia a réussi à dormir par je ne sais quel miracle. Nous – Léo, Elio et moi – avons passé une bonne partie de la nuit à tergiverser sur les tests. Et de nos trois avis, il y a quelque chose qui cloche avec ces derniers. Déjà, le silence des autres internes de Reborn, ainsi que le comportement moqueur des militaires lorsqu'ils nous en ont parlé hier.

Une des raisons pour lesquelles je n'ai pas trouvé le sommeil.

La seconde raison qui m’a gardé éveillé, c'est ma famille. Je n'arrive pas à me résoudre au fait que je ne les reverrais plus. Quoi que non, en réalité, ce qui me dérange vraiment, c'est qu'ils me pensent mort.

Je suis fils unique, ce qui est un mal pour un bien. Pas que mes parents ne souhaitaient pas avoir un autre enfant, mais plutôt qu'après moi, ils n'ont jamais réussi à remettre la machine en route. Il faut dire, que ma simple venue était un véritable exploit pour eux. Ma mère, ancienne mannequin profitant d'une retraite prématurée, avait en effet toujours été considérée comme incapable de donner naissance à un enfant. Avec ses anciens partenaires du moins, elle n'avait jamais réussi. Il a fallu qu'elle rencontre mon père pour que je vois enfin le jour.

Mon père. Pas forcément quelqu'un de très recommandable, et trempant dans pas mal d'histoires étranges, mais avec un cœur énorme, et entièrement dédié à nous. Il aimait ma mère comme jamais je n'ai vu autre homme l'aimer. Quant à moi, il me considérait comme sa petite merveille. Les années passant, et voyant que je ne développais pas d'aptitudes physiques extraordinaires, il m'a appris à me défendre du mieux que je le pouvais contre le monde extérieur, et m'a même dit un jour, alors que nous nous entraînions, que j'étais destiné à faire de grandes choses. Ce qui était rassurant, étant donné qu'à l'école on ne me considérait pas comme quelqu'un pouvant évoluer, mais seulement comme le fils d'une mannequin et d'un ''mafieux'', selon les rumeurs du village.

Alors, lorsque j'ai rencontré Mia et Léo, j'ai compris ce que mon père voulait dire lorsqu'il me disait que j'accomplirais de grandes choses : certes, je n'étais et ne suis toujours pas très fort, mais ma vraie force, celle qui me portera toute ma vie, est ma facilité à aller vers les autres et à diriger un groupe. Ce ne sont pas toujours les plus forts physiquement qui dirigent, c'est même souvent le contraire. L’intelligence prime sur les muscles. J’en suis intimement persuadé.

Et le fait de savoir que ma famille, mes parents que j'aime plus que tout, me croient mort, m'arrache le cœur. J'ai envie de les revoir, de leur dire que je vis encore, mais je ne peux pas. Interdit. Comme à peu prêt tout ce qui m’était autrefois autorisé : nous sommes morts pour rien, et revenons en tant que prisonnier. La vie peut vraiment être injuste parfois.

À six heures, la porte de notre chambre se déverrouille, et deux soldats entrent alors, armes aux poings, et nous intiment de nous habiller, puis de les suivre sans tarder. Personne ne proteste, et nous exécutons leurs ordres sans réfléchir avant de quitter l'internat de Reborn dans le froid cinglant du mois de novembre.

Je marche en tête de peloton, et frictionne mes bras comme si mes maigres mouvements pouvaient me protéger de la morsure du froid.

  • Pas trop stressés ?

Personne ne répond : aucun d'entre nous n'a oublié la règle numéro une, qui est de fermer sa gueule.

Je sens le souffle de Léo dans mon cou – je le reconnais car, en tout temps, il a une respiration rapide et chaude. Avec une discrétion que je ne lui connaissais pas, il me prend le poignet, et me glisse à l'oreille que quelque chose cloche. Au départ, je ne comprends pas de quoi il me parle, puis je sens à mon tour comme une drôle d'atmosphère tout autour de nous.

Les soldats rigolent entre eux. Encore.

Nous arrivons enfin aux portes d'un bâtiment imposant, duquel ne sont discernables aucune fenêtre. Ça me gêne : ce bâtiment tout en béton ne propose aucune issue si quelque chose venait à se passer. En étant objectif, je dirais même que cet endroit, ressemble à une pierre tombale.

  • Bien, suivez-moi, lance un soldat en nous pressant le pas d'un mouvement du canon de son arme.

Encore une fois, personne ne dit rien, et nous suivons sans broncher nos geôliers jusqu'à une sorte de salle circulaire où quatre hommes et femmes en blouse blanche nous attendent avec une impatience mal dissimulée. Pour y accéder, nous traversons des couloirs étroits et à l’odeur âcre nimbée d’une obscurité étouffante. Je suffoque dans mon propre corps.

  • Alors voilà les quatre Nouveaux ! s'exclame une jeune femme. Parfait.

Elle a un large sourire amusé de la situation, et se présent à nous les mains sur les hanches. Son rouge à lèvre corail ne va pas avec la couleur de ses yeux, lui donnant un teint blafard, selon moi, en parfaite adéquation avec l’ambiance morbide de ce lieu.

  • Bonjour à vous quatre, je m'appelle Judith. Je suis chargée des simulations. Vous savez pourquoi vous êtes là ?
  • Non, répond Mia pour tout le groupe. Mais vous allez nous l'expliquer, je me trompe ?
  • Exactement. Ici, nous sommes donc dans la salle des simulations qui prennent forme grâce à ces casques, que vous avez ici.

Elle nous montre sur une table, quatre casques noirs, équipés de visières, et assortis d'un nombre impressionnant de câbles en tout genre, ainsi que que de patchs gris – des électrodes.

  • La simulation consiste en une immersion totale dans un lieu que nous créerons par ordinateurs. Ces lieux dépendront de ce que nous aurons découvert en nous introduisant dans votre subconscient grâce à nos capteurs. Lorsque nous saurons tout de vous, nous vous plongerons par équipe de deux dans des endroits fictifs mais qui vous sembleront tout à fait réels grâce à une réalité améliorée, en stimulant tous vos sens grâce à des capteurs sensoriels. Est-ce que vous comprenez ?
  • Vous allez vraiment vous plonger dans notre subconscient ? répète Léo. Genre... nos cerveaux ?
  • T’en fais pas, si c’est le cas ils trouveront rien chez toi, je souris avec moquerie. Même avec la meilleure volonté du monde, on peut pas analyser ce qui n’existe pas.

Léo se tourne vers moi, hausse un sourcil, avant de se rétracter et d’à nouveau me tourner le dos.

  • Ce test a deux buts, reprend Judith, imperturbable : évaluer votre esprit d'équipe, et votre courage. Lorsque nous serons dans votre tête, mes collègues et moi-même irons piocher dans vos peurs les plus insidieuses, afin que vous vous confrontiez à elles. Bien sûr, vous ne les vaincrez pas aujourd'hui, mais l‘objectif ici est de voir si vous arrivez à tenir plus de quinze minutes sans vous évanouir, en travaillant en équipe pour faire barrage à vos peurs. Est-ce que c'est clair ?

... Wouah. Je ne savais même pas qu'une telle technologie existait. C'est... impressionnant, et ça le sera encore plus une fois que nous serons plongés dans la réalité virtuelle. Quoique, je serais encore plus intéressé si cette merveilleuse technologie n'allait pas servir, dans quelques instants, à me mettre face à ma plus grande peur.

Je fronce les sourcils en réalisant que je ne sais pas quelle peur ils vont trouver au fond de mon subconscient, puis je considère les airs passifs de Mia, Léo et Elio. Impossible de savoir à quoi ils pensent. J'aurais aimé me rassurer en voyant que Léo ne flanchait pas face à cette annonce, mais son manque de réaction ne fait qu'accentuer, pour ceux qui le connaissent, qu'il est dans un état d'affolement profond. En même temps, qui ne serait pas paniqué d'apprendre que l'on va le confronter à des peurs que lui-même ignore ?

Rapidement, nous passons sous les ordres des scientifiques, qui, à l'aide d'un ridicule scanner, nous sonde l'intérieur du cerveau. Ça me paraît totalement surréaliste, mais je ne fais aucun commentaire : ici, ce sont eux les pros. Et puis, j’ai appris il y a peu que j’ai été réscusité grâce a un sérum de reconstitution moléculaire et dopant les capacités primaires d’un homme, alors, je ne suis plus à ça près.

Judith, une fois que leurs drôles d'analyses semblent terminées, nous demande de nous répartir sur les différents sièges aux quatre coins de la salle. Je m'approche de celui étant le plus proche de moi, m'assieds dessus, et laisse mon expérimentateur me passer une ceinture de sécurité autour de la taille.

  • Les simulations sont très réalistes, explique t-il avec un sourire timide.

Ensuite, il attache solidement mes poignets aux accoudoirs du siège, avant de me placer plusieurs patchs sur les épaules et le torse. Il m'explique en deux mots qu'il s'agit de sortes d'électrodes permettant d'imiter des sensations extérieurs, comme le vent, la douleur, ou tout autre chose.

Vient enfin le moment où l'on nous apporte les casques.

  • N'oubliez pas que vous serez deux dans la même simulation. Vous saurez avec qui vous partagerez le test, une fois plongés dans la réalité virtuelle. Vous ne pouvez pas mourir à l'intérieur de ces simulations, ne l'oubliez pas. Restez calmes, tout est fictif. On est ok ?

Nous acquiesçons, et j'ai juste le temps de prendre une dernière inspiration que l'on me rabaisse la visière du casque, me plongeant ainsi dans un noir total, mais seulement temporaire.

Lorsque je rouvre les yeux, je suis assis en salle de classe, totalement vide. Il n'y a personne autour de moi. Je ne me sens pas comme je m'y attendais : j'ai vraiment l'impression d'être dans cette salle de classe. Le sol sous moi me semble exister, de même que la lumière qui me tiraille les pupilles.

  • Y'a quelqu'un ? je demande en me relevant.

Comme je m'y attendais, personne ne me répond. Alors, je commence à faire le tour des lieux, constate que le mobilier semble récent malgré la poussière, et finis par sortir de la salle, pour tomber sur un couloir sombre, éclairé seulement par quelques faibles ampoules pendant du plafond.

  • Hé oh !

Ma voix résonne en écho dans ce couloir interminable, et je sens une sensation de froid passer sous mon sweat. C'est totalement creepy comme endroit. Les murs dont la peinture est écaillée, sentent le renfermé et cette odeur âcre m'a toujours été insupportable. De plus, ci et là au sol se dessinent d'horrible taches brunes dont j'ignore la provenance.

Il faut que je trouve mon binôme.

Je ne sais pas exactement comment décrire ce que je ressens : qu'importe quelle sera la peur qui me sera imposée, je me doute que je ne vais pas passer un bon moment. Ce qui me dérange le plus c'est plutôt que l’un de mes amis va en être témoin, comme moi-même je vais l’être, de la peur de l'un de ces trois-là. C'est une introspection au plus profond de nous-même qui est mise à nue, et je n'aime diablement pas ça. La peur est l'un des sentiments les plus forts de l'humain, de même que l'amour, la tristesse ou la colère. Mais, de savoir que quelqu'un va assister à ma propre découverte de ce sentiment primaire, me tétanise plus que ça ne me rassure.

  • Lou !

Je me retourne vivement, et me confronte aux yeux verts et bleus d‘Elio, qui semble essoufflé. Ses traits sont tirés, et ses cheveux ébouriffés : il a dû y passer les mains maintes et maintes fois.

  • Je t'ai entendu crier, explique t-il. Ça va ?
  • Oui, je voulais juste savoir si j'étais à proximité de quelqu'un.

Il hoche la tête, et se redresse après avoir repris son souffle, avant de jeter un regard circulaire tout autour de nous.

  • Viens, avançons par là-bas.

Il me montre la partie du couloir vers laquelle j‘avançai avant de le croiser, et c'est à mon tour d'acquiescer en reprenant ma marche.

  • Dis Elio, tu as une idée de ce qui va te tomber dessus toi ?
  • ... non, répond t-il d'une petite voix. Et toi ?
  • Aucune idée ! Ça fait un peu prétentieux, mais je t'avouerais que je ne crains pas beaucoup de chose. Peut-être les limaces, mais encore.

Il m'adresse un petit mouvement de tête, et je sens alors comme une odeur, étrange, à quelques mètres de nous. Je connais cette odeur, mais ne saurais dire ce que c'est.

  • Tu trouves pas que ça sent le pancake ?

Je tourne la tête vers Elio, et réalise qu'il a raison : ça sent le pancake. La même odeur qui régnait chez moi le dimanche matin lorsque ma mère préparait le petit déjeuner, et que mon père pressait des oranges pour faire du jus.

Nous avançons encore, jusqu'à nous retrouver devant une porte. Et étrangement, je n'ai pas tellement envie de l'ouvrir.

  • Tu l'ouvres, ou je le fais ?
  • Vas-y toi, moi je ne le sens pas, je marmonne.

Il hoche la tête et presse la poignée, pour nous laisser pénétrer dans une grande salle, dans le coin de laquelle, ma mère, de dos, est en train de cuisiner.

Je sens venir le malaise.

  • Mamá ? j'appelle en m'approchant.

Elle se retourne vers moi, et alors que je m'attendais à voir quelque chose d'effrayant, elle est tout à fait normale. Rien n'a changé sur elle. Toujours ses mêmes cheveux noirs, et ses yeux bleus, identiques aux miens. Elle porte un pyjama auquel je suis habitué, ainsi qu'un tablier floqué ''Meilleure maman du monde''.

  • Lou, mi ángel, viens donc t'asseoir. Et qui est ton ami ?

Je remarque qu'une table est apparue au milieu de la salle, et me mords la lèvre. Je ne saurais décrire l'atmosphère de cette salle, mais une chose est sûre, elle est malsaine.

  • C'est Elio, mamá.
  • Enchantée Elio ! Venez manger les garçons.

Mon ventre se contracte, mais nous nous asseyons tout de même à table, tandis que ma mère nous apporte des pancakes. Ils sont fumants, et sentent délicieusement bon.

  • Alors mon chéri, comment s'est passée ta semaine à l'internat ?
  • Bien, je réponds, les yeux rivés sur elle. Mamá, tout va bien ?

Elle semble étonnée, mais me répond tout de même qu'elle se sent merveilleusement bien.

Je ne comprends pas ce qu'il se passe. Ce moment est une scène du quotidien, anodine, qui ne devrait pas m'effrayer. Pourtant, voir ma mère ainsi, face à moi, une assiette de pancake à la main, me tord les intestins comme rarement une sensation de peur ne l'a fait. Elio, tout comme moi, semble sur la défensive face à la figure maternelle souriante que joue ma propre mère en cet instant.

Puis, tout d'un coup, la porte que nous avons empruntée s'ouvre à nouveau, et un homme entre, encapuchonné. Derrière lui, elle se referme et disparaît. Nous sommes donc bloqués dans cette salle. Le malaise s’accentue, de même que la peur.

L'homme, grand, large d'épaule, arrive à notre hauteur et s'assied à table à côté d‘Elio tandis que ma mère prend place à côté de moi. Au loin une musique lente, paraissant sortir d'une boîte à musique cassée, s'élève afin de meubler le silence de la pièce. J'aurais préféré qu'elle n'apparaisse jamais. Car à en entendre les notes, elle ne sert à rien d'autre qu'à nous effrayer.

  • Mangez tant que c'est chaud, sourit ma mère.

Je prends mes couverts, les yeux désormais fixés sur le nouvel arrivant, dont la capuche bien trop large cache l'entièreté du visage.

Je coupe mon pancake, et en avale un morceau – ils sont très bons. Elio, en face de moi, ne bouge pas d'un centimètre. Il n'a pas jeté un seul regard à l'homme encapuchonné et pourtant, il a l'air terrifié. Ses traits sont tirés et je vois à sa mâchoire qu'il serre les dents. Quant à ses yeux, que je trouve d'ordinaire si plaisants à regarder, sont plissés et fuyants.

  • Elio ? je demande.

Il m'ignore et l'homme se tourne alors vers lui, menaçant.

  • Tu ne réponds pas à ton ami ?
  • Si, je rêvassais, se défend-il immédiatement.

La voix de l'homme, c'est celle du proviseur Criada. Qu'est ce qu'il vient faire ici lui aussi ? Peut-être ont-ils décidés de tuer nos parents sous nos yeux ? D'une mort stupide comme celles de Destination Final ?

Il abaisse sa capuche, et je découvre sans grande surprise le visage du père d‘Elio, qui, distraitement, coupe un morceau de pancake avant de le porter à sa bouche, et de le mastiquer trente bonnes secondes.

  • Tu n'aimes pas mes pancakes Elio ? demande ma mère en avisant l'assiette intouchée.

Il ouvre la bouche pour répondre, mais au même moment, je vois son père fondre sur lui, un pancake entre les mains, et commencer à lui enfoncer dans la bouche en hurlant. Le temps se fige, je reste bloqué.

  • Lorsque l'on est invité, on mange, petit ingrat ! Avale ça ! Allez, avale, magne-toi !

Je regarde, sidéré, Elio rester impassible alors que son père est en train de l'étouffer à coup de pancake. C'est horrible, il doit déjà en avoir une pleine bouche mais monsieur Criada continue de telle sorte que plus rien ne peut entrer dans la bouche comble d‘Elio.

Ce n'est pas sa faute, mais son père ne semble pas le remarquer et se lève alors de sa chaise, envoyant valser la vaisselle présente sur la table pour le saisir au collet.

  • Avale espèce de sale petite ordure !

Il le secoue violemment d'avant en arrière, avant de le lâcher et de lui infliger un sévère coup de pied.

  • Elio !

Je sors enfin de ma transe, et tente de me lever de ma chaise pour aller l'aider tandis que son père le roue de coups, qu'il le détruit à coups de pied, de poings, et que par-dessous la table, je vois de légères taches mouchetées couleur carmin commencées à apparaître.

Cependant, mon corps ne bouge pas. J'ai l'impression qu'il pèse des tonnes.

Face à moi, monsieur Criada a redressé Elio, et lui écrase la tête sur la table dans les restes de pancakes, rouge de fureur.

  • Elio, je murmure, sentant les larmes me monter aux yeux.

Pourquoi est-ce que je ne peux pas bouger ? Il faut que je bouge, il faut que je l'aide, il faut que j'agisse. Mes bras sont comme englués à mon propre torse, mes pieds enracinés dans le sol.

Bam. Bam. Bam. Le bruit sourd de la tête de Elio frappée sur la table me donne envie de vomir, mais même ça, je n'y arrive pas.

Je ne peux juste... rien faire.

Un souvenir me revient alors, d’une autre fois où je n'avais rien pu faire pour aider quelqu'un, et j'inspire à plein poumons, manquant totalement d'air. Rien ne bouge, mes lèvres ne s'ouvrent pas, de même que mes valves respiratoires. Je suis bloqué, incapable de fermer les yeux ou de me boucher les oreilles pour échapper au massacre se déroulant en face de moi.

Pourquoi est-ce que je ne bouge pas ?

Je m'apprête à faire une nouvelle tentative pour foncer vers Elio, lorsque je sens des perles salées dévaler mes joues comme une averse. Quel imbécile bon sang. Je suis en train de pleurer, comme ligoté à ma propre chaise alors qu‘Elio en face de moi, est peut-être déjà mort entre les mains de son père.

On ne peut pas mourir à l'intérieur de la simulation. J'ai des doutes.

Monsieur Craida se redresse, attrape une serviette sur la table, s'essuie les mains, et quitte la salle par la porte d'entrée, qui vient de réapparaître.

La serviette qu'il a utilisée, est désormais rouge. Mon visage se déforme dans une expression de pure terreur tandis qu‘Elio se redresse enfin, le visage en sang, les dents rougies par l'hémoglobine, et alors au gré d'un effort surhumain et d'une peur qui me mène à la baguette, je pousse un hurlement, lorsque mon ami chavire en arrière.

  • Elio !

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