Leçon n° 2 : bien connaître l'Histoire

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Tandis que j'enjambe machinalement les débris - humains et matériels - générés par Alexa, je me remémore comment tout a débuté.

Cela faisait déjà plusieurs décennies que les écologistes prévenaient l'humanité : le réchauffement climatique attaquait les glaces, entraînant la disparition de nombreuses espèces animales et à terme, ce serait le tour de l'humain. Mais pour une infime partie de la population mondiale qui triait ses déchets et faisait attention à son empreinte carbone, la majorité continuait de faire n'importe quoi, façon "après moi, le déluge !" S'ils avaient su ...

J'avais tout juste 18 ans quand la catastrophe finit par arriver. Le permafrost, cette zone de gel permanent située dans les zones arctiques, était attaquée à son tour. Or, en dégelant, le sol devint mou, provoquant l’effondrement de bâtiments dans les zones habitées, et libéra dans l'atmosphère une pléthore de cochonneries : dioxyde de carbone, mercure ... bactéries et virus. Lors d'une expédition dans l'Arctique, un scientifique découvrit un cadavre de renne, jusqu'alors conservé dans la glace du permafrost, dont l'estomac contenait ... Les restes d'un autre renne. En autopsiant l'animal, le scientifique s'aperçut que son cerveau présentait des dizaines de trous, sans doute causés par une bactérie extrêmement agressive, et qui avait pu entraîner le comportement cannibale du renne.

Cet homme s'appelait Anton Criggs ; il passa à la postérité pour ses travaux, et pour être devenu le patient zéro de ce que le monde entier appellerait bientôt la "pandémie zombie", ou "Pan - Z" pour les intimes. Selon les rumeurs, Anton se serait coupé pendant l'autopsie du renne, et une goutte de sang de l'animal aurait suffi à le contaminer. Il fut atteint d'une forte fièvre, puis mourut d'une crise cardiaque ... Avant de revenir à la vie, animé par un seul but : dévorer ses congénères. Toutes les personnes mordues par Anton furent contaminées et développèrent le même comportement agressif. La bactérie attaquant le cerveau, le seul moyen de venir à bout des malades était de leur tirer une balle dans la tête ou de les décapiter.

Ainsi débuta l'épidémie mondiale que personne n'a encore pu juguler à ce jour. Oh, bien sûr, dans les premiers temps, peu de gens prirent l'information au sérieux ; on pensa à de mauvaises blagues de potaches, à des vidéos truquées par des internautes pour engranger des vues et de l'argent ... Mais quand le président américain en personne fut atteint, contraignant ses propres agents de sécurité à l'abattre en plein milieu du Bureau Ovale, plus personne n'osa mettre en doute l'existence du virus Z.

Personnellement, je mettais déjà le moins souvent possible le nez dehors, mais je me tenais informé grâce aux chaînes d'informations en continu. Evidemment, la pandémie n'arrangea pas mon côté misanthrope et asocial ... Jusqu'à ce que je rencontre Alexa.

  • Oh, tu rêves ? fait la voix autoritaire de ma "collègue", fais gaffe à ta gauche !

J'ajuste un peu maladroitement mon fusil, mais j'arrive à dégommer le zombie qui arrive - effectivement - sur ma gauche. Mais derrière lui, j'aperçois une ombre, qui ne peut pas être un zombie puisqu'elle s'enfuit à toute vitesse.

  • Alexa ? C'est quoi, ça ? T'avais pas dit que la zone était inhabitée ?
  • Affirmatif, répond-elle.
  • Ben, je crois que t'as oublié quelqu'un ... Regarde là-bas.

Alexa se met devant moi, et tire d'une de ses poches une longue-vue rétractable (bricolée par mes bons soins). Elle ajuste la molette, et regarde dans la direction que je lui ai indiquée, pendant que j'assure nos arrières.

  • Merde, dit-elle, mais qu'est-ce que c'est que ça ? C'est ni un humain, ni un zombie, et encore moins un animal !
  • Ça ressemble à quoi ?
  • À un gamin qui porte un capuchon, mais avec des yeux fluos.

Je tords le nez en signe d'incompréhension.

  • Bon, peu importe, fait Alexa, c'est pas notre problème. Si ça vient vers nous et que c'est dangereux, je lui présenterai Titine, ajoute-t-elle en tapotant son fusil.

Nous continuons notre chemin parmi les gravats, et arrivons bientôt à notre van. Je m'apprête à ouvrir la porte du conducteur, quand une sensation désagréable me vrille les reins. Une seconde plus tard, une voix gronde à mon oreille :

  • Jette ton arme et retourne-toi. Les bras en l'air.

La voix ne donne pas du tout envie de déconner. Donc, je ne moufte pas et m'exécute. Face à moi se tient une petite brune qui supporte le poids d'un magnifique fusil à pompe, avec lequel elle m'a sans doute appuyé sur les lombaires. Elle est plutôt petite et mince, et ses yeux noirs lancent des éclairs. Par-dessus son t-shirt à rayures, elle porte un étui qui, vu sa taille et sa forme, doit contenir une machette.

La fille plante son regard dans le mien, et articule :

  • Bouge plus, coco. Police.

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