Silvio Lavoretti

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Dans les quartiers nord de Venise, dans la petite cité de Celestia, Silvio Lavoretti sort sur le perron de son immeuble. Dehors, il s’attend à retrouver Agostino et la bande de copains, mais personne n’est encore là et il s’étonne de ne pas les voir, car un match de football est prévu ce matin. Le jeune garçon regarde vers le ciel et se dit qu’ils sont en retard, ou alors, c’est lui qui est en avance. Il cherche ses camarades, mais ce sont les grandes vacances et les enfants dorment souvent tard. Silvio s’imaginait que la perspective de la compétition les aurait poussés à se lever plus tôt, mais non.

Alors, il marche jusqu’aux limites de son univers. Il se déplace vers les frontières de son quartier : de larges canaux au sud et à l’ouest, les murailles de l’Arsenal à l’est, et la mer au nord. Celle dans laquelle baigne Venise n’est pas un océan sauvage parcouru par les tempêtes ou les ouragans, mais une étendue calme et parsemée d’îles.

Venise est différente des autres villes. Elle est bâtie sur une multitude d’îles séparées de leurs voisines par des canaux. Franchir un pont, passer d’une terre à la suivante revient souvent à changer de planète.

Las d’attendre, Silvio se met en marche vers le bout du monde. Avec un peu de chance, il croisera son père sur le Campo Santa Ternità. Monsieur Lavoretti est éboueur, chaque matin il collecte les poubelles dans les ruelles et la barge dans laquelle il charge les ordures doit encore être à quai.

Après avoir traversé la large place où se jouera le match, le garçon prend la Cale Piovan Castello. En s’approchant, il aperçoit la silhouette du bateau benne et entend la voix de son papa. Silvio se hâte de grimper au sommet du pont. II aime voir le pilote actionner la petite grue qui vide le chariot dans le ventre béant de l’embarcation.

Il n’existe aucune voiture à Venise, car elles ne roulent pas sur l’eau. Mais les bateaux les remplacent pour la plupart des besoins courants : pour les ambulances, les pompiers, les policiers et les poubelles. Certains Vénitiens possèdent eux-mêmes une barque ou un canot pour se rendre à leur travail, faire des courses ou des promenades, mais pas tous.

Dès que son père a mis le chariot en place, le bras de la grue commence à bouger, s’arrime à son lourd chargement et le soulève.

Monsieur Lavoretti suit la manœuvre des yeux et aperçoit Silvio.

— Ciao, Silvio ! Va bene ?

— Ciao, papà !

Père et fils ne s’en disent pas plus, ils se contentent du plaisir de se voir. La silhouette de Silvio, longue et fine, contraste avec celle de son père, grand lui aussi, mais fort comme un bœuf. Il répète à qui veut l’entendre que Silvio tient sa corpulence de sa mère, petite et fluette, douce et jolie comme le sont toutes les mamans aux yeux de leurs enfants.

Lorsque monsieur Lavoretti repart pour une nouvelle tournée, Silvio reprend la route, il espère que les autres garçons seront enfin là.

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