Un merveilleux massacre

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Où va ce train ? Combien de passagers suivent la même voie ? Les quelques cabines encore vides se remplissent peu à peu. J'observe du coin de l'oeil ceux qui se retrouvent avec moi. Les pauvres. Ils ne se doutent pas une seconde qu'ils ont déjà fini leur voyage.

Je ne peux résister. Le paysage défile depuis plus d'une heure et je m'ennuie à mourir. Ha ha. C'est bien le mot. Sans me poser de questions, je sors de ma valise un revolver et tire dans la tête de l'homme assis en face de moi. Son sang se répand partout sur le sol, les vitres et les habits. Ha ha ha ha. Sa cervelle exposée est magnifique. Toutes ses pensées sont arrêtées maintenant. Les deux autres tentent de s'enfuir mais le même sort leur est attribué. Tous sont alertés par les coups de feu et se barricadent comme ils peuvent. Oh, j'adore ça. C'est tellement amusant de jouer à cache-cache.

"Ouvrez, petits agneaux, ouvrez la porte de la bergerie. Laissez le loup entrer." murmurais-je avant de tuer trois passagers se trouvant sur ma route. Ha ha. Une autre cabine remplie m'attends quelques pas plus loin. Un couple terrifié me supplie de les garder en vie. Oh non. Non non non. Je ne peux pas faire ça. Les murs doivent être repeints. Ha ha ha ha. Leurs cadavres mutilés ornent la petite pièce et je suspend leurs têtes dont l'horreur restera imprimée à jamais. Oui. Oui ! Encore des morts ! Encore ! Ha ha ha ha ha ha !

Non, la folie n'a pas tendu son bras vers moi. Seule la raison m'a gratifié de son étreinte.

Au fur et à mesure que le nombre de mes victimes augmente, le train devient un vaisseau fantôme où règne une délicieuse odeur métallique. L'écarlate domine. Je n'ai plus de balles. Dommage. Je continuerai au couteau. Ha ha. Un passager se précipite dans le couloir afin de rejoindre la sécurité d'un autre compartiment. Je me jette sur lui, le renverse et plante ma lame dans sa gorge. Le sang gicle sur mon visage et un sourire ravi se dessine sur mes lèvres. Même s'il est déjà dans l'autre monde, je prend plaisir à le poignarder plusieurs fois. Ha ha ha ha. Et je recommence avec une jeune femme hurlant de désespoir. Le carmin recouvre mes vêtements et mes cheveux. C'est chaud et délicat. Un rouge si beau mérite d'être exposé. A l'aide de plusieurs crochets, je pend les lambeaux de chair dans l'allée. Oh. C'est vraiment magnifique. Des intestins, un foie et un coeur au grand jour. Rien de tel pour me rendre ma joie.

Mais... Mais il manque quelque chose. Une peau ! Une peau si douce, si blanche, si désespérément attirante. Qui me la donnera ? Qui donc possède une perle si rare ? Le silence est assourdissant. Mais... Oh, j'entends un pouls s'affoler, là, derrière cette porte. Une respiration étranglée par la peur. Ma préférée. Je ne dois pas abîmer la peau. Alors je prends mes précautions pour assassiner ma victime aux larmes incessantes. Enfin. Je découpe proprement. Et je retire les organes encore accorchés dessus. Et les morceaux de veines et d'artères. Et à présent, un chef-d'oeuvre se doit d'avoir la première place dans un musée. Mon musée. Mon chef-d'oeuvre. Pendu fièrement à l'entrée du wagon. C'est parfait. Je baigne dans le bonheur et l'exaltation. Parfait. C'est vraiment parfait.

" Mais pourquoi avoir fait ça ?

- Allez, ne dites pas que ce n'était pas amusant.

- Non, nous avons massacré tous ces pauvres gens. Ce n'est pas amusant, Initial.

- Toujours égal à toi-même, Second. Tu gâches mon plaisir.

- Je suis d'accord avec Initial, regardes un peu notre train maintenant, il est beaucoup mieux ainsi.

- Je suis toujours à me battre contre vous, de toute façon. Non, Tiers, je n'approuve pas vos moeurs. Vous êtes méprisables tous les deux.

- Silence ! Vous m'empêchez d'admirer mon travail ! Initial, Second et Tiers, silence !

- Tu ne pourras jamais nous demander le silence, tu sais. Mais soit, cela ne rime à rien de commencer une dispute pour un sujet aussi futile, surtout lorsque tout le monde sait que j'ai raison. De toute façon, ce qui est fait restera ainsi. Autant en profiter.

- Silence !"

Ils sont fatiguants. Mais deux d'entre eux ont raison, en effet. C'est un merveilleux massacre. Je chemine entre les membres déchirés et les boyaux répandus partout. Je m'arrête et regarde d'un air attendri les corps sanglants.

Les voyageurs sont adorables lorsqu'ils dorment.

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