Chapitre 7

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Je me réveille le lendemain matin un peu plus tôt que d’habitude pour aller courir. On est vendredi, et ce jour marque le dernier de ma première semaine de cours. J’ai envie de reprendre cette vieille habitude que j’avais un délaissé quand on vivait dans la capitale.

Courir m’a toujours permis de me défouler. Quand j’étais gosse, mes mères m’ont traîné chez le médecin pour savoir si j’étais hyperactif. Mais non, j’ai juste beaucoup d’énergie. Certains jours, ce n’est pas facile, mais je ne m’en plains pas non-plus. J’ai tendance à avoir des journées productives.

Le jour se lève doucement sur Larmore-baie. Mercredi dernier, Nicole et moi avons été chez le concessionnaire pour me trouver une voiture. J’ai jeté mon dévolu sur une Volvo blanche – le meilleur cadeau d’anniversaire de ma vie. Je suis censé l’avoir la semaine prochaine, ce que j’attends avec impatience.

La plage n’est qu’à quelques kilomètres de notre quartier. Parfois, des relents d’eau de mer et d’algues parviennent jusqu’à nous. Je ne suis pas habitué à l’air salin, qui me chatouille le nez.

La plage de Larmore-baie est immense, et son sable immaculé. À cette heure, il n’y a que des citadins qui promènent leur chien, mais dans le courant de l’après-midi, il devient difficile d’y trouver une place.

Mon alarme sonne pour me dire de faire demi-tour. Le temps que je revienne jusqu’à la maison, le soleil illumine déjà les façades des maisons proprettes. Je file sous la douche et cours jusqu’à l’arrêt de bus en me répétant qu’avec l’habitude, mon footing ne me mettra plus en retard.

Je suis le dernier à monter dans le car. Lista est déjà au fond, et elle me fait signe de la rejoindre. Je m’assois à l’avant dernier rang, juste devant elle.

— Je t’ai vu courir, tout à l’heure, me dit-elle. C’est nouveau ?

— Un vieux truc.

— Moi j’y vais le soir, avant de me coucher. Si tu veux, on peut y aller ensemble.

J’accepte volontiers, même si ma conscience me rappelle que ce n’est pas une très bonne idée. Depuis le jour de la rentrée, j’essaye d’arrêter de penser au fait que Lista me plaît, et qu’elle a déjà un petit-copain. Mais décidément, elle est entré dans ma tête et ne veut plus en sortir.

Quand Jérémy prend place à côté d’elle et pose ses lèvres sur les siennes, je détourne le regard. Faute de place, c’est Flynn qui s’assoit à côté de moi. Il ne m’adresse pas la moitié d’un regard.

Même si j’ai intégré cette bande de copains sans difficulté – les choses se sont faites plus naturellement que je l’avais espéré – je dois bien admettre que mes relations ne sont pas saines avec tout le monde.

Ce type, notamment. Flynn Richards est le prototype du mec populaire beau gosse qui sort avec une nouvelle fille chaque semaine. Son sourire est éblouissant, c’est l’une des caractéristiques les plus étonnantes chez lui – un sourire qui, même moi, me ferait craquer. Mais à côté de ça, c’est l’un des types les plus cons que j’ai jamais rencontré.

Tous les deux, on peut pas se blairer. La plupart du temps on évite tout simplement de se parler.

Je passe la majeure partie du trajet à envoyer des textos à Emma. Depuis Paris, elle me raconte les ragots de la rentrée. Elle me manque. Emma est le genre d’amie qu’on ne peut pas remplacer, je l’ai su dès que je l’ai rencontré.

Quand le car s’arrête au lycée, je suis le groupe en silence. De temps en temps, Charlie essaye de m’intégrer à la conversation, même si j’y mets pas beaucoup d’ardeur. Je l’aime bien, c’est le genre de type en qui on a rapidement confiance, mais comme il passe tout son temps avec Flynn, je détourne souvent l’attention vers autre chose pour me faire oublier.

Dans la cafèt, Jérémy parle de la soirée qu’il organise ce week-end. Apparemment, les deux frères Paris, qui ont l’air bien connus par ici, organisaient chaque année une soirée gigantesque pour fêter la rentrée, mais depuis qu’ils sont tous les deux à la fac, la tradition est passée à la trappe. Quelques soirées sont organisées ça et là, histoire de prendre la relève. Celles de Jérémy sont parmi les plus prisées.

— Tu viendras, hein, Joshua ? Demande-t-il en tournant le regard vers moi.

Mes yeux s’attardent sur sa main, qui sert celle de Lista.

J’accepte en souriant de travers.

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