Chapitre 5

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Mes jours de procrastination et de dépenses d’argent sur des activités peu légales étaient finis. J’aimais bien les paris mais ça n’était intéressant qu’un temps. J’avais aussi remis à flot mon stock de papier, cette ressource si rare, pour mes menaces de mort. Je payais plusieurs gars qui allaient m’acheter mon matériel chez plusieurs revendeurs et qui se passaient les paquets dans la rue. Des types différents à chaque fois. Comme ça, si la police s’intéressait aux ventes de ce produit, elle ne trouverait jamais des transactions excédant deux feuilles. Ce qui était la moyenne pour ce type d’achat, tellement c’était cher. Quand je pense qu’avant, on achetait quelques crédits plusieurs rames contenant des centaines de feuilles…

J’avais reçu un nouveau contrat par le biais habituel : des messages cryptés d’un numéro masqué sur mon ArmScreen. C’était toujours la même chose, j’avais le nom de la cible, son travail et la durée que j’avais pour effectuer le contrat. Toujours bien trop courte à mon goût. Cette fois-ci c’était trois semaines. Quand allaient-ils comprendre qu’il faut plus de temps pour harceler correctement quelqu’un ? Je n’aurais pas le temps de le suivre efficacement moi… Mais je n’allais pas me plaindre, mes commanditaires pourraient faire appel à un tueur plus expéditif. J’aimais jouer avec mes proies et ils le savaient. Peut être que l’un de mes commanditaires était aussi sadique que moi et il me comprenait.

Alors ce contrat… La cible se nommait Olliver Zuid. Il travaillait à la Castle Bank dans le quartier Central, la zone de la ville la plus riche. La mieux surveillée aussi. J’allais devoir m’adapter pour ne pas qu’on me remarque. Le quartier regorgeait de banques et d’immeubles entiers de sociétés côtées en bourse. Les tours d’habitations étaient les plus hautes pour accueillir les plus riches et les plus puissants de la ville. C’était le quartier de la luxure et de la démesure en somme. Bien loin des bas-fonds que l’on pouvait trouver dans le quartier nord.

Je commençais par chercher un maximum d’informations sur Zuid en ligne. Un profil professionnel, des photos de sa famille, sa passion étrange pour les robots de première génération. On pouvait en apprendre déjà pas mal sur lui de cette manière. Je fixai ses différentes photos afin de pouvoir le reconnaître facilement lorsqu’il sortirait de la banque pour pouvoir le suivre jusqu’à chez lui. Quand j’estimai en savoir suffisamment, je m’habillais avec un costume gris très chic. Il fallait savoir se fondre dans la masse pour être invisible. Et à Central, il fallait transpirer le pognon pour passer inaperçu.

J’étais installé dans un café chic en face de la banque. La serveuse m’avait servi du café et je scrutai la banque pour la sortie des employés. En bon bureaucrate, il devait finir tous les jours à la même heure à peu près et sortir par là. Je buvais tranquillement mon café en observant les entrées et les sorties. A cinq heures précises de l’après-midi, Zuid sortit de la banque. Je le reconnus immédiatement. Il avait une petite tête sur un long corps fin. En fin de trentaine, il avait une belle tignasse de cheveux bruns et une barbe taillée avec soin. Habillé avec un costume bleu foncé, il allait falloir faire attention à ne pas le perdre dans la foule. Je transférai le prix du café et partis tranquillement dans la rue à la suite des employés. Zuid marchait d’un pas pressé vers l’accès au métro aérien.

Tout le monde a ses petits secrets, il suffisait de regarder pour les voir. Et d’avoir une lentille de contact appareil photo pour les immortaliser en toute discrétion. Zuid allait chez une femme qui n’était pas la sienne trois après-midis par semaine. Je l’avais pris en photo lorsqu’il conduisait ses enfants au cinéma, chez leurs amis, à l’école. Je lui avais fait parvenir les premières photos par coursier à la banque. Puis j’en avais déposé sur le pas de sa porte à son intention. Quelques unes chez sa maîtresse pour lui prouver que je connaissais son adresse à elle aussi. Zuid a commencé à flipper à ce moment là. Il ne voulait sans doute pas que sa femme l’apprenne. Pour me tromper dans mes filatures, il finissait son travail plus tard à la banque, de quelques minutes au début, puis de plusieurs heures. Il arrivait plus tôt là bas aussi. Mais j’étais patient. Inlassablement je le suivais tous les jours et je lui envoyais les meilleures photos comme un admirateur secret.

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