Un mois et demi… Un mois et demi que je suis enfermée chez moi avec mes parents… La situation dehors devient inquiétante… Le gouvernement est dépassé par les évènements et ne sait plus quoi faire. Un peu partout dans le pays, des mouvements d’indignation apparaissent…

Nous n’avons plus rien dans nos réserves… Il faut aller faire des courses et c’est mon tour. Les voitures n’ont plus le droit de circuler, je dois donc y aller à pieds. Après m’être habillée d’un pull à manches longues moulant noir, d’un slim noir et de mes Dr Martens, je m’équipe de mon masque noir en tissu, de mes gants et de mon sac à dos. Dans mon sac, il y a de quoi survivre deux jours, car j’ai beaucoup de route et l’attente devant le magasin peut être très longue. J’embrasse mes parents et part, mon casque sur les oreilles.

Le soleil brille, les oiseaux chantent et l’air est plus pur… C’est agréable… Mais on en déduit facilement que sur cette planète, c’est nous le problème. Après deux kilomètres de marche, je me retrouve face à un cerf, majestueux et en plein milieu de la route. Je m’assois et attend qu’il s’en aille, le prenant en photo. Après vingt minutes, il reprend sa route et je fais de même. Il me fallut encore marcher six kilomètres avant d’arriver au magasin. Le magasin était assez grand, à l’orée d’une grande et épaisse forêt. Je remarquai que la queue était longue, il me faut attendre un moment avant d’entrer. Je suis juste derrière une vieille dame assez gentille avec qui je discutais.

Je suis partie de chez moi à 7h30, il est maintenant 14h et je ne suis toujours pas entrée dans le magasin qui a fermé sur le temps de midi. La petite dame semblait inquiète, comme beaucoup de personnes dans la file d’attente. Ils regardaient tous les informations sur leurs téléphones. Mon casque sur les oreilles, j’écoutais un livre audio. A 16h, ma mère m’envoya un message.

« Lia, oublie la liste de courses… Il ne faut pas que tu rentres ! C’est trop dangereux. Prends-toi de quoi survivre en dehors de la maison ! Je t’aime ma fille ! »

Prenant les instructions de ma mère au pied de la lettre, je pris ce dont je pensais avoir besoin, c’est-à-dire nourriture et boisson. Je passais à la caisse et sortais du magasin. Après quelques pas dehors, j’entendis des coups de feu. Par instinct, je me suis mise dans un coin cachée pour regarder ce qu’il se passait. Des militaires tiraient à vue sur les gens dans la queue pour le magasin. Ils abattaient en majorité les personnes âgées et les jeunes de mon âge. L’un d’eux me repéra et je me mis à courir vers la forêt. L’adrénaline montait de plus en plus en moi. Si j’arrivais à atteindre le couvert des arbres, je pourrais leur échapper. Cette forêt est mon domaine, j’y ai passé une grosse partie de mon enfance avec mon grand-père. Une balle me frôla et déchira ma manche droite, me blessant au passage. J’y suis, cachée par les grands arbres, j’étais un peu plus à l’abri. Ma tête se mit à tourner, sous l’effet de la baisse d’adrénaline. Je m’assis, adossée à un de ses géants des bois.

Je repris mes esprits, respirant calmement. Je pris mon téléphone, pour appeler ma mère et comprendre ce qu’il se passe mais aucun réseau. Je soupirai. Je suis dans une forêt, blessée, terrifiée et seule. Ça n’augure rien de bon tout ça… Si seulement je savais ce qu’il s’était passé devant le magasin… D’ailleurs je ne devrais pas rester là… S’ils me retrouvent, je ne donne pas cher de ma peau… Dans un élan de courage, je me remis sur mes deux jambes et avançais sous le couvert des arbres. Je n’entendis pas un cri, pas un coup de feu, juste le doux gazouillement des oiseaux et le vent dans le feuillage. Le soleil vint se coucher. Je n’avais rien… Pas de couverture, pas de sac de couchage… Je fis un petit feu pour me réchauffer et m’allongeais, couverte de ma veste en cuir qui était dans mon sac. Recroquevillée, je m’endormis, espérant que tout cela n’était qu’un mauvais rêve et que je suis en réalité dans mon lit…