Je vais bientôt mourir ; c’est une inéluctable certitude. Comment pourrait-il en être autrement, alors que les grains de quartz brûlent ma joue, collent à mes lèvres desséchées ? Personne ne viendra me chercher ici, défier la morsure du serpent, afin de me relever. Je vais périr sur ce rocher loin de tout. Foutue capsule n’ayant su trouver son chemin !

J’ai perdu ma course avec l’étoile ; elle poursuit son mouvement dans le ciel amarante, tandis que je repose au bas de la dune, immobile et brisé. Au moins, la soif n’est-elle plus un problème. J’ai même cessé de transpirer. Je suis sec comme le désert qui me domine. Lorsque la faune aura dévoré mes yeux et ma chair, la déflation emporté mes habits, alors mes os pourront se fondre avec le décor et mon âme s’oublier.

Oui, je retournerai parmi les miens. Je renaîtrai pour ne plus jamais repartir, comme nous l’a promis le Grand Vaticinateur. J’ai tellement hâte de retrouver le tumulte de notre cité, d’arpenter ses jardins fleuris de mon enveloppe fraîchement clonée !

J’espère tout désapprendre, ne plus jamais repenser à la guerre, notre vaisseau qui se disloque, ma capsule qui se désarme pour se perdre aux confins de la galaxie, et me lâcher droit dans ma tombe.

Pitié, Notre Providence, dites-moi que bientôt, j’aurai tout oublié.