Maison de vacances

Une minute de lecture

Le portillon cerné de clématite blanche

Grince un peu en s'ouvrant sur ses vieux gonds rouillés ;

Dans la petite cour ombragée sous les branches

La mousse a recouvert presque tous les pavés.

Quelque pensée sauvage à la racine agile

A poussé quelque part dans le gazon perdu,

Et dans l'air attendri flotte l'odeur subtile

Du lilas qui se penche à l'épaule inconnue.

La lourde porte en chêne ouvre sur la cuisine,

Vaste pièce inondée des rayons du couchant

Où trône tendrement sur quatre pieds solides

La grande table ronde polie par les ans.

Près de l'âtre encore chaud deux grands fauteuils de cuir

Sommeillent en pensive et muette station ;

Sur le tapis déteint à leurs pieds on voit luire

Les immenses yeux verts du chat de la maison.

L'escalier de bois qui craque à chaque marche

Mène à la chambre claire au parquet bien ciré.

La haute armoire mire de sa grande glace

La courtepointe rose et le gros oreiller.

Derrière la fenêtre aux longs rideaux diaphanes,

Curieuse de douce et tendre intimité,

Une rose se penche dont les doux pétales

Attirent au jardin les yeux émerveillés.

C'est un nid de verdure sous le berceau des arbres

Un sauvage sous-bois aux fleurs en liberté ;

Il n'y a ni bassin ni déesse de marbre

Mais le temps semble bien s'y être replié.

Dans cet écrin caché, au chant des tourterelles,

On peut se retrouver, enfin, sans faux semblant ;

Boire enfin une vie ancrée sous le vrai ciel

Et savourer son goût aux lèvres de l'instant.

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