Irréparable

Une minute de lecture

Elle a tourné ce soir la dernière des pages,

Mis fin à sa tristesse, plongé dans l'ombre sage,

Où l'attendait son père qui l'avait tant aimée,

Dans la douce tiédeur des souvenirs passés.

Et toi tu restes là, l'oeil agrandi d'horreur,

Toi dont un seul regard eût tué sa douleur,

Toi qui n'as rien compris au secret de son âme,

Illettré de l'amour et aveugle à ta femme.

Tu n'avais d'autre choix, prétendais-tu sans cesse,

Que de passer ton temps en obscures affaires ;

Ses larmes n'étaient rien que de la comédie...

Qu'en penses-tu ce soir ? Ce soir as-tu compris ?

Elle ne s'ennuyait, jamais nous disais-tu,

Mais à bien y penser, comment le savais-tu ?

Tu eusses été jaloux d'une sœur, d'une amie,

Et elle a passé seule vingt années de sa vie.

Tu semblais voir en elle un objet familier,

Et ton silence obtus, ce soir l'aura brisée...

Ne me demande pas soutien en ta détresse :

Il n'y a pas de vie, ni d'amour sans tendresse

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