A une adolescente

Une minute de lecture

Du haut de tes quinze ans

A ton premier orage,

il semble que ton coeur

Crève comme un nuage,

Et l'averse détrempe

Ta confiance froissée,

Comme aile de pigeon

Qui ne veut plus voler.

Les cailloux du chemin

Ont écorché tes jours ;

De ton vocabulaire,

Tu as banni "toujours" ;

Tu as appris "jamais",

Certaine que l'amour,

Ne se conjuguerait

Désormais qu'au passé.

Sous la flèche d'un mot,

Sous le poids d'une phrase,

Tu es tombée trop tôt

Et tout ton être a mal.

Ton sourire a coulé,

Et sous tes yeux baissés,

Tu ne vois plus comment

Tu pourrais avancer.

Alors laisse les larmes

Ecluser ton supplice ;

Laisse la nuit l'user

De sa noirceur complice...

Tu lâcheras la main du doute,

Et puis tu reprendras ta route,

N'aie pas peur et crois-moi :

Tu te relèveras !

Ton présent mime mon passé :

Ce que je te dis, je le sais.

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