Raconte-moi un tableau
Je tombe, je chute dans les cieux, et je disparais. Mon corps, mon âme, mon tout se fondent dans ce décor insolent, dans ce paysage impertinent, dans cette peinture arrogante, et je suis, enfin. Pardon?
J’atterris, pieds à terre, pieds encrés sur le sol, plante contre plante, paume contre blanc. Oui, je suis arrivé et j’arrive, tu m’attends or je suis déjà là. Mais peu le sais-tu, suis-je vraiment déjà là ?
J’avance. Je ne marche pas, je ne vole pas ; je flâne, je lévite. Tu sais j’en ris, je trouve ça bien osé. Tu ne sais pas qui je suis, ni où je suis, je me joue de toi. Mais regarde bien, je suis là, en face de toi, je t’observe, je te juge de tout mon être.
Je suis tout, je ne suis rien, je suis donc je suis. Et c’est ainsi. Tu te trouves désemparé face à ce que tu vois mais ne peux comprendre, je te trouble et je suis pourtant si net, si simple. Je te défie du regard.
Tu me penses audacieux, pourtant je ne fais rien. Concentre toi, tu n'en sauras pas plus. Je ne suis que la réflexion de tous tes péchés, tu ne verras en moi que tes maux internes. Tu me hais donc tu te détestes, je ne suis rien, je suis toi.
Carré blanc sur fond blanc de Kasimir Severinovitch Malevitch (1918)
https://www.franceculture.fr/emissions/les-regardeurs/malevitch-carre-blanc-sur-fond-blanc
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