Demande atypique

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" T'es vraiment pâle. Pas d'un joli teint diaphane ou je ne sais quelle connerie du genre, non.
T'es le genre de pâle qui me donne envie de te serrer contre mon buste, si fort, pour y imprimer un peu de couleur dans tes joues.

Puisqu'on parle de livide: à peu de choses près, tu as le visage d'une statue grecque. Ton nez est droit, à peine bosselé en sa base, comme forgé par le poids de tes lunettes. Tu as la mâchoire androgyne- anguleuse mais pas carrée- le front large et les pommettes discrètes.

Tes yeux ne vont pas avec le reste. Ils sont en demi-lunes. Je n'dis pas qu'ils sont laids, hein. Je dis juste qu'ils ne collent pas. Ils ont l'air de sourire mais toi tu fais perpétuellement la gueule.


Pardon, pardon , je ne recommencerai plus.

Je reprends ?


Ton cou est curieusement épais pour des épaules si frêles. Il y a de parties de toi comme ça, qui ont l'air d'avoir été prises au hasard et assemblées juste pour voir si le résultat tient debout. Des grains de beautés seulement sur une fesse, de petites mains délicates et des grand pieds plats, les hanches étroites et le dos large...

Mais non, je ne me moque pas de toi. Attend, j'ai pas fini.


Tes épaules, tiens ! J'n'en ai jamais vu d'aussi biscornues.

Sérieusement, toute ces fois où je les ai embrassées, j'ai eu l'impression que je pourrais me filer un cocard rien qu'avec cet os qui dépasse. Celui là, tu le vois ?

Tes genoux aussi sont cagneux, mais t'as des jolies jambes je te l'accorde; cuisses arrondies, mollets bien dessinés. C'est un peu velu, mais n'en rougis pas, je ne veux te gêner. Je m'en fous moi, je les aime comme elle sont.

Tous ces soirs ou tu me tourne le dos je peux observer ta colonne. Si tu daignais te tenir correctement, sans doute que ces petites proéminences ne le seraient pas tant. Pour faire passer l'insomnie je les caresse du bout du doigt, je les compte, une à une. Parfois, ça te réveille. Tu me grognes dessus, tu me dis d'arrêter mes bêtises et tu te cale dans mes bras. Ton ventre à peine courbé rencontre le mien. T'as la peau douce et les cheveux secs, c'est à ne rien y comprendre.

Au final, je n'sais pas si on peu dire qu'esthétiquement parlant tu sois une belle personne. Me fais pas ton p'tit air fâché, tu sais que je ne te mens jamais. La beauté j'comprends pas trop. Tout ce que je sais c'est que je peux te voir les yeux fermés parce ces deux dernières années, j'ai passé mes nuits et mes journées à te dévorer du regard. Et avec ta permission, je voudrais continuer de le faire, pendant de longues années encore."


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