Chapitre 3

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Repassant par les immenses couloirs inter-stations, il vit de nouveau les écrans géants qui diffusaient les différents groupes de travail présents dans la 1ère station. Machiro s’arrêta quelque instants devant les écrans. Machinalement, il voulut sortir son téléphone portable pour chercher un mot qu’il ne comprenait pas, mais c’était sans compter sur le fait que tous les appareils électroniques avaient été interdit dans la navette pour aller jusqu’au Mayflower. On lui avait alors dit qu’il récupèrerait un téléphone là-bas, et donc qu’il ne devait pas s’inquiéter. C’est donc un Machiro visiblement inquiet qui se dirigea vers la 1ère station, avec pour ferme intention de récupérer un nouveau téléphone.

Cependant, ce ne fut pas un marchand de téléphone qu’il rencontra en premier, mais bien les groupes de travail dont il avait vu les sujets à la télévision. Il s’arrêta devant le bâtiment où semble-t-il tout se passait. On pouvait le voir d’abord à la stature majestueuse du petit immeuble de 4 étages, donc la façade en marbre inspirait le calme et le respect. Aussi, bon nombre de personnes rentraient et sortaient, dans un flot d’annonce se diffusant des téléviseurs et des haut-parleurs. Enfin, les mots « Centre de Débats » au-dessus de la porte d’entrée pouvaient légitimement laisser penser que ce fût le bon endroit. Avec un air curieux, Machiro s’engouffra dans le bâtiment.

L’intérieur grouillait de monde. Le plus souvent, les gens semblaient savoir où aller et passaient de salle en salle d’un air décidé. Parfois, il se rassemblaient pour écouter une personne vanter les travaux de son groupe et les encourager à venir discuter avec eux. Plus rarement, ils flânaient dans les couloirs, n’écoutant guère ce qu’on leur disait. Machiro fit tout d’abord partie de ces derniers. Longeant les couloirs, il cherchait surtout à visiter le bâtiment. Puis, après dix bonnes minutes, il se mit à regarder plus activement les sujets.

Il y avait de fait une étonnante diversité : des discussions d’ordres générales sur l’économie, la morale, l’humanité, l’amour, l’on pouvait passer aux questions extrêmement précises portant sur tel ou tel règlement de la loi en vigueur dans la station. On parlait parfois de la façon dont une loi ou un principe serait accueilli sur Terre. Ce n’était que pour se féliciter d’être partis du vieux monde.

Machiro décida de se prendre au jeu et entra dans une salle où l’on discutait de l’importance d’un mandat limité pour les sages ou de la continuation de la politique actuelle, c’est-à-dire un mandat illimité. La question parût d’abord visiblement ardue pour Machiro, sur les traits duquel on pouvait lire l’incompréhension. C’est ainsi qu’on lui tendit presque immédiatement une brochure fort bien faite, intitulée « brochure explicative » et qui contenait toutes les informations nécessaires à la bonne compréhension du débat. Il apprit donc que les sages étaient au nombre de 7, un sage par station (sauf la 1ère qui était coordonnée par deux sages) et que leur mandat ne prenait fin qu’à leur mort, ce qui n’était arrivé qu’une seule fois depuis les 20 ans d’existence du Mayflower. En effet, certains sages étaient encore jeunes (43 ans pour le 5ème sage et 37 ans pour la 7ème) et cela posait des problèmes quant à la possibilité d’un renouvellement de politique. Même s’ils avaient été choisis justement pour leur flexibilité d’esprit, ce qui normalement devrait prévenir une sorte d’immobilisme dans les stations, ce mandat était sujet à discussion - et c’était bien pour cela que le débat avait lieu.

Le débat était fort animé. Les questions et les réponses fusaient dans la salle, qui n’était malgré tout occupée que par une vingtaine de personnes, les invectives parfois houleuses étaient réprimandées par le modérateur du débat et les idées allaient bon train. Machiro se passionna pour ce débat, allant même au bout d’une demi-heure jusqu’à prendre la parole pour demander tel ou tel éclaircissement ou exposer tel ou tel paradoxe dans la pensée d’un des intervenants. Il semblait clair en l’écoutant parler que les sages devaient disposer d’un mandat limité, ne serait-ce que dans un souci de contre-pouvoir. D’ailleurs, la majorité des débateurs était d’accord avec lui. Au bout de 3h de débat, et alors que le ciel était noir au dehors et qu’il ne restait plus qu’une dizaine de personnes dans la salle, un homme qui fermait le bâtiment leur demanda de finir leur débat le lendemain. Il restait encore à définir la façon dont il allait pouvoir transformer leur débat en véritable conclusion politique. Il se donnèrent donc rendez-vous le jour suivant vers 10h dans ce même bâtiment.

Machiro revint chez lui, se coucha immédiatement et se leva aux alentours de 8h. Comme il restait encore du temps avant le rendez-vous, il décida de voir aux Centre de Travail si quelque chose était disponible. Après avoir fait la queue 10 minutes, ce qui était bien court comparé à la file de la veille, il arriva devant une femme souriante qui ne devait pas avoir plus d’une trentaine d’années. Après avoir donné son nom et sa carte, et au grand étonnement de Machiro, la femme lui indiqua qu’il restait un poste à pourvoir au sein de ce bâtiment comme aide de la 7ème sage. Il devrait commencer à 10h30. Après avoir réfléchi quelques instants, Machiro accepta.

A 9h45, après avoir récupéré un costume pour son nouveau travail, il attendit au Centre des Débats pour prévenir le reste du groupe qu’il ne pourrait être présent aujourd’hui. Cependant, après 20 minutes d’attente, personne ne semblait venir. A 10h20, toujours personne. Il décida donc de revenir en vitesse au Centre Solaire pour commencer son nouveau travail, tout en pestant contre ses collègues.

Le 12e étage du centre solaire était décoré de façon sobre et fonctionnelle. Un long couloir séparait l’étage en deux et des bureaux de taille modeste s’étendaient de part et d’autre de celui-ci, jusqu’à une pièce centrale qui servait de salon. Le bureau où il devait se rendre était situé au bout du couloir et donnait donc directement sur le salon, où il attendit quelques instants.

La 7ème sage avait déjà été prévenue de son arrivée.

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