Grand final

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Le roi en personne supervisait la visée de la catapulte.
- "Ma fille est enfermée dans cette tour là, juste là. Nous allons viser la fenêtre et vous pourrez entrer la délivrer. Dans le cas où ça rate, vous pourrez toujours lui faire un petit coucou et vous rincer l'œil si elle est en train de se changer. Je suppose que ces conditions conviennent tout à fait au chevalier libidineux que vous êtes, n'est-ce pas ?"
Dergval, pieds et poings liés dans le compartiment à projectile de la catapulte s'agitait frénétiquement en essayant de retirer son bâillon.
- "Non, restez bâillonné." Dit le roi. "Il serait mal placé que ma fille entendisse vos cris de terreur alors que vous êtes supposé être le sauveur venu la rassurer." Puis, se tournant vers son fils le prince: "Je vous laisse l'honneur d'actionner le mécanisme.
- Avec plaisir." Répondit le prince avec un sourire carnassier avant d'actionner le levier de la catapulte.
Dergval fut projeté avec une force et une puissance qu'il n'aurait jamais même seulement soupçonné. Il s'envola tel un oiseau vers le château blanc dont les murs se rapprochaient dangereusement.
Il plongea tête la première par la fenêtre, et amortit sa chute en faisant une roulade. Il se retrouva dans la chambre de la princesse qui était en train de se peigner et le regarda passer d'un œil flegmatique.
- "Drôle de colis." Dit elle. "Drôle, mais pas très décoratif."
Se dépêtrant de ses liens et de son bâillon, le chevalier pût enfin déclarer fièrement:
- "Madame, je suis ici sur ordre de votre royal père afin de vous délivrer.
- Je me doutais bien que vous n'étiez pas venu pour me peindre un portrait. Vous avez des armes ?"
Avec fierté, Dergval tira la dague qu'il avait à la ceinture. La princesse le regarda d'un air incrédule. Elle poussa un soupir et retourna son miroir, révélant un énorme cimeterre qu'elle tendit au chevalier.
- Retenez-les." Dit-elle en sortant une corde tressée de tissus de son placard. "Je descend.
- Et comment descendrai-je ?"
Elle ne dit pas un mot, attacha la corde au pied d'une table et en jeta l'autre extrémité par la fenêtre. Elle prit la dague des mains de Dergval et s'en servit pour découper sa robe, puis elle glissa souplement le long de la corde.
Pendant ce temps, des coups frappaient contre la porte. Finalement, celle-ci s'ouvrit avec fracas et une dizaine de soldats firent irruption dans la chambre. Le chevalier fondit alors sur eux en brandissant son cimeterre et…

Ah ! On nous informe qu'une erreur a été commise. Excusez le narrateur qui a inventé toute cette scène car en effet le destin tragique de notre fier chevalier fut plutôt de se fracasser contre la muraille à cinquante centimètres environ de la fenêtre qu'il visait puis de glisser lentement tout le long du rempart en dessinant au passage une très jolie trainée de sang avant de voir son corps amorphe et débile s'effondrer au sol avec un son flasque.

Pardonnez une interruption momentanée dans la trame de ce récit, car cela sied mieux à l'état actuel de deuil profond dans lequel se tient l'auteur face à la mort de son intrigue par la faute d'un protagoniste incompétent.

Or donc, chacun sait que la fin qui sied mieux à ce genre d'histoire est le récit de la mort du méchant. Reprenons donc quelques mois plus tard au moment où le blessé agonisant dans des souffrances atroces sur son lit de mort après être resté paralysé de longs mois hurle à l'aide et demande un prêtre car malgré tous les crimes dont il se sait coupable, il a espoir d'en être absout au moins avant sa mort. On lui fait venir un prêtre qui, alors que Dergval lui réclame l'absolution, s'exclame en riant:
- "Mon cher, bien qu'il est vrai que pervers vous fûtes votre vie durant et que de maints sinistres exploits votre nom pût être vanté, je ne crois pas que ni les dieux ni quiconque ne sache encore vous garder rancœur car le récit de votre mort fut en soi si pitoyable et injuste que même à l'inique il parait inique. Quelqu'un qui a reçu de plein fouet un revers aussi humiliant à l'apogée de sa quête ne saurait qu'attirer la sympathie. Mais puisqu'on me le demande, je sollicite les dieux et l'avis de ces dieux de par-delà le monde que l'on surnomme lecteurs ou encore Scribayens car ils jugent de tout y compris de vous. Lecteurs, quel est votre avis sur la question ? Prenez-vous comme moi le parti que Dergval a suffisamment souffert de sa mort ridicule et péniblement douloureuse ou estimez-vous que cette enflure n'a toujours pas mérité le pardon et qu'il ne saurait partir avec l'âme en paix ? Écrivez ce que vous en pensez en commentaires. Merci d'avoir lu.
- Vos formules sont étranges mon père." Fit remarquer Dergval.
- "Qu'importe. Dormez messire, ce n'est qu'un mauvais moment à passer."

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