Le grie'k

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Le grie'k est un arbre s'implantant dans les forêts tempérées, qui marque fidèlement le passage des saisons.

Reconnaissable entre tous avec son tronc uniformément lisse et blanc, il n'est pas sans rappeler un os dépouillé de toute chair.

Une fois débarrassé de cette écorce résistante et difficile à travailler, on trouve un bois brun-rouge toujours difficile à ébranler, épais, mais plus malléable et apprécié de tous ceux désireux de construire des défenses agréables à l'oeil. Lourd, ce bois rend la plupart des coups de masse et de hache inopérants grâce à sa capacité à absorber les chocs. Toutefois, il est souvent considéré comme trop pesant pour permettre de confectionner des boucliers valables. Pour parachever ses qualités défensives, il prend difficilement feu, même sans ignifugation.

Cet arbre est très présent à l'orée des bois et des clairières du continent de Dragonie, il s'agit par ailleurs d'une essence endémique de ce continent de la taille de l'Asie. Pour une raison inconnue, toutes les tentatives de bouture ou d'acheminement en-dehors de ce continent échouent. Certaines légendes évoquent des liens entre ces arbres et la magie du sang liée à celle des ossements, très pratiquées au cours de certaines périodes historiques.

Ses feuilles vert pâle sont assez fines pour laisser filtrer la lumière du jour. Les nervures blanches et lisses, comme l'écorce, se terminent toutes en pointe. Les bourgeons au printemps arborent une couleur vert foncé. Leur forme rappelle des mains squelettiques et maigres.

Les fleurs, en cette même période, éclosent de bourgeons indiscernables de ceux des feuilles. Elle prennent la forme des fleurs de cerisier, dans des teintes bleu nuit. Très vite, ces fleurs se rigidifient, pâlissent, et forment enfin le fruit si caractéristique des griê'k, "arbres à rotules" en vieux dragonien contracté. Du terme complet grarnel iê'kvassleh.

Les arbres à rotules méritent leur nom. Leurs fruits, triangulaires, présentent une face avant bombée, une face arrière creuse un peu plus large, des angles doux et arrondis, des contours tout aussi arrondis et une coque blanche comme le tronc, subtilement plus rugueuse. La coque développe en quatre jours à peine une épaisseur de deux centimètres. La chair du fruit rappelle celle du kiwi, blanche, mais ne présente qu'un noyau unique de la taille et de la couleur d'une framboise. Le fruit bénéficie d'un goût sucré, et ceux qui parviennent à s'en nourrir bénéficient de nombreux apports en vitamines.

Le noyau est le seul moment, de toute l'existence du griê'k où on peut le qualifier de malléable. Le cycle de cet arbre est le suivant : un fruit fendu par un carnassier attiré par les subtiles odeurs de sang frais et de peur s'enfonce lentement dans la terre. Le noyau se nourrit des nutriments présents dans le fruit, puis dans la terre, croît et achève sa coque. Les jeunes pousses surgissent du sol, et empalent ce qui rencontre leur passage.

Comme précisé plus haut, le griê'k attire de grands prédateurs en exhalant une odeur de sang frais et de peur, du moins au printemps, en été et en automne. En hiver, l'arbre est totalement dépouillé, ressemblant à s'y méprendre à un squelette blanchi par le temps. À cette saison, selon l'avis de beaucoup il ne sent rien. Pourtant, les personnes au nez le plus fin lui trouvent une très subtile odeur sucrée qui creuse l'appétit.

Son bourgeonnement annonce la fin certaine de l'hiver, et la venue des trois dernières nuits de gel. Sa floraison annonce le milieu du printemps, et la présence de fruits grands comme une main de femme le début de l'été. Lorsque le nombre de fruits dépasse celui de feuilles, alors l'automne ne tarde pas à venir. Enfin, tout au long de cette saison, les feuilles et les fruits tombent, augmentant encore le danger des forêts de Dragonie, où résident déjà diverses populations hostiles, des ours, des loups et des dragons préparant leurs réserves pour l'hiver.

Les guérisseurs aussi ont trouvé diverses utilités à cet arbre. Déjà, sa sève coupe l'appétit en imposant un goût écoeurant à toute chose ingérée, ce qui permet d'aider les boulimiques à changer rapidement d'habitudes. Les fruits servent à régler des maux digestifs très divers, comme les occlusions intestinales et les ulcères d'estomac. Les noyaux, extrêmements riches en nutriments, permettent de constituer des fortifiants. Pour les végétariens à l'estomac solide et aux mâchoires puissantes, certaines sous-couches de l'écorce apportent leur lot de fibres. Pour finir, la chair du fruit réduite en poudre sert de base à de nombreux onguents permettant de calmer la douleur de façon rapide, et de détendre les personnes anxieuses.

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