Rencontre extraordinaire

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Encore une énième fois que je me prépare à sortir avec un nouveau potentiel futur mari.

Je suis à mes méditations, devant le miroir. J'imagine peut-être que c'est enfin lui, et veux avoir toutes les chances de mon coté.

Je réfléchis aux questions que je vais lui poser, aux sujets que je pourrais lancer si il y a un petit blanc entre nous. Je pense aux derniers épisodes, et à certains points que j'aimerais vérifier en subtilité. J'ignore encore de quoi il a l'air, ça fait partie du jeu et de la surprise. Je pense que l'on peut s'habituer au physique de la personne quand on apprécie ses qualités, et que une photo ne racontera rien sur lui. L'aura, la prestance, le charisme qui peut se dégager, la chaleur, la lumière, la hauteur, toutes ces expressions qui forment la physionomie ne peuvent se lire que sur un réel visage en face de vous (même si généralement, lors d'une première rencontre, elle est diluée dans une bonne dose de stress). Et sans oublier la démarche, la façon de se tenir, de parler, de vous regarder, tout un ensemble de choses qui dénotent bien plus que de simples traits du visage.

Une boule légère au ventre par ce dimanche après midi de Janvier, c'est vrai que je l'ai attendue cette rencontre, car il avait ses examens depuis deux semaines. Il fait un froid mordant et la ville est plongée dans un brouillard tout blanc. J'espère que tout à l'heure au fond de moi, je serai enfin claire...

On a choisi un lobby d'hôtel, classique. Dès que je le vois de loin, je sais qu'il s'agit de lui. ll est grand, et ses yeux, qu'il plonge tout droit dans les miens, sourient. Une barbe noire encadre son visage. En général, c'est toujours moi qui lance le premier "bonjour!", mais là, j'ai la langue collée au palais. Un blanc dans ma tête, pendant que je le découvre et qu'il me découvre.

Les yeux dans les yeux pendant cette longue seconde, nous finissons en un éclat de rire simultané.

"J'espère que tu ne m'as pas attendue trop longtemps? lui demandais-je

-Si, me répond-il. Mais qui sais, peut-être cela en vaut-il la peine?

Ses yeux sont sombres et brillent de lumière. Il émane quelque chose, et au fond de moi j'ai comme une profonde intuition de ce qui va s'ensuivre.

Je ne sais plus combien de temps nous sommes restés là, l'un face à l'autre. Il avait vraiment la personnalité que je m'attendais à trouver chez un homme, il était ausssi carthésien que je me prenais la tête, aussi clair avec lui lui même que j'étais nuancée dans tout ce que la vie présentait. Je me sentais en confiance, comme si j'étais prête à me reposer sur lui.

Il avait pourtant, dans le fond de la pensée, la même manière d'envisager la vie que moi, nos valeurs communes, une fierté d'être ce qu'il était que je retrouvais avec délice, ce bien-être dans notre appartenance culturelle. Son visage était radieux, et il me semblait posé, et de cette paix qu'il émanait je sentais que j'aurais pu y passer ma vie.

Et dans ce qu'il disait, dans son point de vue qu'il portait sur chaque chose, j'avais l'impression de m'y retrouver. Comme si... Je n'osais pas me le dire à moi-même, mais réellement comme si c'était une autre partie de moi qui se trouvait là en face. Et cette lumière dans son regard, plus qu'elle m'envoutait, elle me renvoyait une image de moi-même séduite, dans ses prunelles je me regardais et j'avais l'impression qu'il était comme mon reflet, ou que j'étais le sien.

Et dans certaines réflexions qu'il émettait, j'étais troublée d'avoir retrouvé un cheminement que j'avais eu, dans certaines facettes de personnalité qu'il me dévoilait, je lui confiais que j'étais la même, et lui aussi s'exclamait, à intervalles réguliers "oh mais pareil!"

Pourtant, on argumentait et débattait, et dans sa capacité à trouver d'autres arguments, je sentais qu'il pouvait me tenir tête, et que j'aimais le laisser avoir raison à la fin comme si miraculeusement j'étais prête à lui donner les rames, et que j'avais déjà capitulé comme par miracle. Pour une fois, j'étais heureuse de voir que je ne menais nullement la réflexion, que sur bien des choses il en savait plus, et qu'avec ça il aimait m'écouter et s'extasier de ce que je disais. Je le sentais aussi mur, apprété à la vie alors que pour la première fois c'était moi la plus agée, légèrement.

Et nous nous prenions bien souvent à rire, un rire franc et décontracté, comme si j'étais avec une amie de longue date et que nous avions déjà partagé tant de moments ensemble.

"Se marier, ce n'est pas marcher l'un vers l'autre mais marcher ensemble dans la même direction".

Cette phrase que j'avais entendue dans ma formation à l'étranger, je la retournais sans cesse et me reposais dessus. Il me semblait qu'avant déjà de nous connaitre, nous allions exactement dans la même direction.

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