Une pauvre demande en mariage.

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Ce fut ma première grande bêtise.

J'avais toujours voulu être honnête. Je pourrais citer toutes les excuses qui m'ont fait me retrouver là bas mardi soir, mais moi-même j'ai encore du mal à me pardonner.

Tu m'as appelée lundi après midi. J'avais des examens qui m'attendaient. J'avais oublié mon téléphone à la maison, ce genre de chose qui n'arrivé qu'à moi, au bon moment. J'avais enchainé mon stage après la classe que je finissais à midi. Je ne racontais pas ma vie, on me demandait si j'avais quelqu'un, je me contentais de regards mystérieux.

Je ne me souviens plus de notre conversation de lundi soir, mis à part que tu m'avais demandé de me faire belle, et que tu voulais me dire quelque chose d'important, et que j'avais eu un grand noeud.

Je me vois derrière le bureau de l'enseignante mardi matin, alors que je suis à mille lieues. Au fond de moi le noeud grandit, se contracte, mais jen'ai pas le temps d'y penser. Je me dit que je suis contente. Mes collègues me complimentent sur ma tenue, et je me dis "s'ils savaient!.."

C'est une journée ensoleillée. Je sors de notre bureau du vingtième de mon stage à 18h15, à proximité de pelleport. Le soleil est tout doré, et se découpe en ombres sur les rues parisiennes à ma sortie du métro vers opéra. 

Je t'ai vu tout beau, magnifique, tu arrivais en hâte, le regard étincelant.Tu t'étais endimanché, mais que dis-je endimanché? Tu étais éblouissant, et tu transpirais le bonheur. O mais que s'est-il passé au fond de moi? Je ne voulais pas te refroidir, ni te communiquer mes doutes. Je ne voulais pas te tromper. J'étais mal. Je t'ai souri, comme dans un rêve. Ou comme dans un cauchemar

Tu était beau pourtant, et gentil, et attentionné, et passionné ! Qu’est-ce qui bloquait donc comme cela ? Encore aujourd’hui, j’ai honte du rôle que j’ai joué. Ce faux sourire qui me crispait les lèvres, et mon cœur qui se crispait horriblement à l’intérieur. Je ne savais plus à qui en vouloir, alors je m’en voulais moi-même. Je me disais que ça allait passer.

J'allais sans être là, et le noeud au fond de moi grandissait sans plus être supportable. 

Tu s’est tu un long moment. Comme les secondes s’égrenaient lentement !

Et tu l'as dit. Ca a du être dur pour toi. Tu avais fait ce grand pas, mais tu ignorais vers quel gouffre. Je n'aurais pas pu dire qui je plaignais le plus à ce moment. Toi ou moi. 

Comment ne pas me comprendre quand, comme une folle, je t'ai dit oui, me battant contre mon estomac qui se révulsait? Comment ne pas comprendre ce décalage, la folie de ce moment? Comment t'exprimer les choses, te faire redescendre de ton nuage? Surtout quand je ne me comprenais pas moi-même? 

Tu t’es mis à pleurer de joie et j’étais tétanisée. Candidement j’attendais que tu lise en moi mon trouble et que tu me rassures. « Je suis très sensible » m’as tu dit, et cruelle que j’étais, j'hochais la tête...

Il était en face de moi, et me demandait s’il pouvait me regarder.

Comme je n’arrivais pas à répondre, je me trémoussais sur ma chaise, horriblement mal.

« Je ne sais pas, j’ai honte ».

Oh que j’avais honte ! J’avais honte de moi, j’avais honte de le laisser comme ça, il nous croyait déjà fusionnants, j’étais à mille lieues.

J’essayais de me convaincre que j’étais heureuse, que lui m'avait demandé ma main, mais je n’arrivais pas.

Ces minutes longues qui se sont écoulées ensuite dans le métro, me crispant le cœur petit à petit, je ne les oublierai jamais. Je sentais mon cœur aspiré par une pression horrible, vers un trou sans fond. Les doutes, le rejet, le noir, la culpabilité, tout se mélangeait… je me sentais mal, mal, je ne pouvais plus tenir. Chaque station me semblait une éternité, j’avais envie de vomir, de pleurer, mes membres tremblaient. Oh my goodness.

Je revoyais ses yeux brillant et je me flagellais mentalement. Je tenais les bijoux qu’il m’avait offerts, mais mes mains étaient moites, tremblantes. Mon corps entier souffrait. Et mon cœur, mon cœur…

Ce vide profond, cette angoisse, oh qu’elle m’a réassaillie, encore et encore après. Même une fois que j’avais fermé la page, je me sentais replonger dans cette peur terrible, ce noir qui me serrait le cœur et m’empêchait de penser à autre chose. Ce creux au coin du cœur quand on se sent cruel, avant tout envers soi même et aussi envers celui qui vous a laissé entendre qu’il vous aimait…

Le pire, c’était revoir ses larmes, qu’inconsciemment mon profond avait rejeté. Je m’y étais refusée à ce moment là, quand j’avais senti ma gorge sèche.

Et les gens autour, personne ne pouvait comprendre. Il fallait faire comme si de rien, alors que j’avais envie de crier sur le monde entier ma douleur.

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