Réponse à "Une nouvelle chaque dimanche... #146"

Cela faisait maintenant dix minutes que le chien aboyait contre un mur. Plus grand que lui, sans une fissure, ce dernier restait droit. Malgré sa petite taille, l'animal ne désespérait pas. Peut-être que sa voix serait assez forte pour faire incliner ce titan ? Ou bien ses neurones se consumaient à mesure du temps, ce qui l'empêchait de réfléchir à la situation. Sous le ciel étoilé, la jeune fille sortit par la porte de la cuisine afin de le rejoindre.

Les yeux encore gonflés, son nez rougissait encore plus à cause de la brise. Un frisson l'obligea à s'enrouler un peu plus dans son gilet. Elle avait quitté sa série pour l'alerte de son chien. Cette dernière parlait d'une coréenne orpheline ayant rejoint un couvent. Un jour, des riches personnes vinrent la chercher afin qu'elle remplace leur fille qui avait fugué. Alors que Neige hurlait, la jeune femme allait enfin savoir si le fils du couple était le frère de la nonne. Mais, les gens normaux dorment à deux heures du matin donc elle devait calmer son chien.

Le beagle brun cessa ses aboiements lorsque sa maitresse vint lui caresser la tête mais il continua ses grognements.

"Calme-toi Neige, les voisins vont finir par débarquer. Tu veux que papa ne me laisse plus la maison de toute ma vie ?

-Ah, vous êtes seule chez vous ? Vous avez donc une chambre de libre ?"

Un peu grave mais sans être rauque, cette voix venait de traverser le mur de béton pour danser dans ses oreilles et lui arrachait un sursaut. La jeune fille tint son cœur en regardant autour d'elle, croyant à un effet secondaire des dramas coréens.

"Allo ? Vous êtes partie ? S'il vous plait, aidez-moi. J'ai peur des chiens."

Neige se remit aussitôt à aboyer, provoquant un cri de la part de l'inconnu du mur.

"Aidez-moi !

-Vous êtes qui ?

-Tristan !

-Vous mentez.

-Bien sûr que non !

-On est à Constantine, où les européens se font aussi rares que la neige. Vous êtes qui ?

-Qui appelle son chien Neige si on suit votre logique ?

-C'est un chien, ce n'est pas la même chose. Et puis... comment je pourrais laisser un garçon entrer chez moi ?

-... D'accord, je m'appelle Asma. Désolée pour le mensonge.

-Avec une voix pareille ?

-Je suis malade à force d'être dehors. Tu n'as qu'à vérifier !

-Je le fais déjà."

Asma leva la tête en direction du haut du mur depuis lequel la jeune fille l'observait. Dans la nuit, ces grands yeux noirs et sa chevelure tout aussi sombre la rendait difficile à percevoir. L'inconnue du mur dut pointer une lampe torche vers sa direction pour voir son visage.

"Oh, je suis plus belle que toi.

-Si tu veux, j'envoie Neige te courir après.

-Non non, je plaisante ! Tu ne sais vraiment pas rire.

-J'avoue que je ne suis pas la plus sympathique quand une inconnue vient me demander l'asile dans la nuit.

-Je suis perdue, tu peux bien m'aider !

-Viens au portail, je t'amène de quoi te réchauffer.

-Je préfèrerai que tu me laisses entrer.

-La dernière personne qui m'a demandé ça, c'était un expert en soudage. Et il a fini avec des membres en moins.

-C'est vrai ce mensonge ?

-Neige mord très fort.

-Compris, je vais au portail.

-Sage décision."

Asma recula du mur pour faire le tour de la demeure. Haut sur la colline, elle pouvait apercevoir les limites de la ville. A cause du gouffre qui l'entourait, seul un unique pont permettait d'y avoir accès. Ou bien, il fallait grimper. Mais très souvent, on préférait le premier choix. C'était plus impressionnant et on avait une meilleure vue. Même dans la ville, il fallait toujours grimper. Constantine ressemblait à une montagne que les hommes avaient taillée pour se cacher. Des menaces humaines et météorologiques ou même de la société. Plus un lieu était dur d'accès, plus il renfermait une histoire. Asma appréciait cet aspect de la ville qui lui donnait envie d'y rester.

Un bruit de porte la fit se tourner vers la jeune fille qui finissait d'arranger ses chaussures. Elle attacha son chien avant de venir vers elle, une veste sous le bras avec un sachet en plastique. Grâce à la lumière du jardin, Asma put distinguer la petite cicatrice sur son front, semblable à celle d'un célèbre magicien de la fiction adolescente.

"Merci beaucoup, remercia Asma en mettant la veste.

-De rien, mon père m'a interdite de faire entrer les inconnus alors c'est le peu que je puisse faire.

-Ah ? Je pensais que tu vivais seule.

-Même après ce que j'ai dit ?

-Et bien, tu fais vieille pour ton âge.

-Tu me donnes quel âge ?

-23 ans.

-Wow.

-J'ai faux, je m'en doute.

-Et même, très faux. J'ai 16 ans.

-Mais... tu me mesures combien ?

-Un mètre soixante... quinze je crois ?

-Mais c'est pour ça ! Avec ta tête de cadavre !

-Je peux reprendre ce que je t'ai donné hein.

-Non non c'est bon ! Merci la girafe, s'éloigna Asma avec le sac en main."

La jeune fille la dévisagea. Au temps où sa famille était encore un quatuor, son petit frère s'amusait à la dessiner sous les traits d'une tour ou de cet animal. Mais si, elle gardait un souvenir mélancolique de cela, elle avait plus envie de lâcher son adorable Neige dans les pattes de cette énergumène. Ce qu'elle fit d'ailleurs.

"Cours, la souris."

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En réponse au défi

Une nouvelle chaque dimanche... #146

Bonjour à toutes et à tous,

Je vous retrouve avec grand plaisir pour assurer l'animation de ce défi hebdomadaire.

Sans doute en connaissez-vous le but. Toutefois je vous le rappelle. Le défi paraît chaque dimanche pour une durée d'une semaine. Il consiste à écrire une nouvelle sous la contrainte d'un thème et de six mots clés.

La nouvelle littéraire se traduit par un bref récit fictif qui fait appel à la réalité et qui, la plupart du temps, ne comporte pas de situation finale. Généralement, elle se termine avec un dénouement inattendu qu'on appelle la chute.

Les mots imposés suivant leur nature peuvent s'accorder en genre et en nombre ou se conjuguer. Ils sont à utiliser en totalité mais dans l'ordre que vous souhaitez. Vous devez les mettre en évidence par une police en caractère gras, italique ou souligné.

Le genre littéraire et la forme (poésie, dialogue ou monologue, récit, conte…) sont libres.

Je vous propose donc de composer dans le créneau suivant, entre le dimanche 14 avril 2024 et le dimanche 21 avril 2024.

Le thème de cette semaine : " Jeunes "

La liste des six mots imposés : Chaussure, Couvent, Soudage, Aboyer, Taille, Quatuor.

Je vous souhaite une très belle semaine, un peu de soleil, et plein d'imaginaire.

À bientôt de vous lire

Jean-Michel

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