suite la plume du destin

Mon Paul adoré,

Comment veux-tu que je regarde le ciel à vingt-deux heures ce soir … qui est ton soir mais pas le mien… à réception de ton courrier. Disons-nous plutôt que nous regarderons chaque soir qui nous sépare encore, cette lune magnifique qui s'installe au milieu des étoiles. Je suis persuadée que j'arriverai à t'imaginer près de moi, voire même à te sentir m'enlacer.

Cela fait maintenant plusieurs moi que l'on s écrit et je suis certaine d'une chose, j'ai vraiment besoin de te rencontrer. Je sais que la plus grande partie du chemin est entamée mais c'est de plus en plus difficile pour moi. Ces papillons commencent à me déchirer de l'intérieur tant l'attente est longue. Tu occupes toutes mes pensées, chaque minute, chaque seconde qui passent. Je suis toujours aussi impatiente de recevoir tes lettres et les dévorent avec autant d'engouement, mais je sens à l'intérieur de moi, comme une envie irrésistible de t'avoir entre mes mains, de ce contact qui, j'en suis sure, me transporterait dans un monde encore inconnu pour moi jusqu'ici. Imagine que jamais nous ne puissions nous rencontrer ? Que cette pandémie dure encore et encore malgré ce qui est annoncé ? Que tu sois amené à déménager à l'autre bout du monde où je ne sais quelle circonstance inévitable ? Je ne pourrais y faire face, c'est sur, aujourd'hui j ai besoin de toi dans ma vie.

Ma sœur a autant hâte que moi de te rencontrer. Elle est spectatrice de cette histoire depuis le départ, tu dois t'en douter. Chez moi, le téléphone fonctionne bien et je crois qu'elle n’en peut plus de m’entendre, surexcitée chaque jour à l'autre bout du fil. Elle me manque, mes parents me manquent, mes amis me manquent et tu me manques par dessus tout.

J'avoue que ce ne serait peut être pas le meilleur moment pour moi pour être dé confinée car j ai tenté une expérience et aurait mieux fait de m'abstenir. Tous ces longs mois sans pouvoir aller chez le coiffeur ont fait de mes cheveux une longue tignasse indémêlable. Oui, je ne t'ai jamais dis que mes cheveux étaient longs et légèrement ondulés. Et bien, j'ai voulu couper mes pointes, seule bien sur, et heureusement qu'ils sont ondulés, cela cache un peu la misère, car maintenant ils ne sont plus du tout alignés. Ils ont néanmoins perdu quelques centimètres ce qui ne leur fera pas de mal. J'ai cependant grande hâte de pouvoir enfin retourner chez mon coiffeur, ce qui me rapprochera du jour où je pourrais enfin te serrer contre moi.

Tendrement.

Callie.

PS : Paparazzi te rend la léchouille de Gandi.

PPS : si je m’écoutais, je bondirai hors de chez moi et traverserai les quelques centaines de mètres qui me séparent de toi.

Ma mystérieuse Callie,

Tu n'imagines pas à quel point tes mots me touchent et j'aimerais qu’il en soit de même pour ta bouche et tes mains. Cette attente est tout simplement insupportable. Tu es tellement avec moi, chaque seconde de chaque heure que j'en ai oublié en effet que tu ne recevais pas ma lettre instantanément et que le temps nous empêche également d'admirer le ciel ensemble. Mais toi, si pragmatique, tu as trouvé la plus belle des solutions et je te promets de contempler le ciel tous les soirs à vingt-deux heures, jusqu'à pouvoir le faire avec toi. Tu pourras dire à Sarah que moi aussi j'ai très envie de la rencontrer.

Et pour tes cheveux, ne sois pas inquiète, même avec des écarts de cinq centimètres sur les pointes, je ne t'en aimerais pas moins. Je dois t'avouer que moi qui entretient les miens avec soin, et bien aujourd'hui, j'ai beaucoup de mal à les dompter. Mais contrairement à toi, je ne me risquerais pas à les couper moi-même. Je suis quand même bien plus à l'aise avec un stylo que des ciseaux. Ca me donne un petit air de surfeur allié à mon tout nouveau bronzage et je dois dire que ça ne me déplaît pas. Je crois que je n'ai pas encore eu l'occasion de te dire que j'aimais beaucoup surfer à mes heures perdues. C'est un très bon moyen de se vider l'esprit et de profiter des vagues, même si ici, nous ne profitons pas des plus belles. Je t'apprendrai si tu veux. J'ai très envi de te voir sur une planche. Si tu es aussi douée qu’en cuisine, et surtout ne te vexe pas, je crois qu'on pourrait passer de merveilleux moments à rire ensemble. Chacune de tes lettres tant attendues est un réel plaisir pour mes yeux et mes sens. J'aime à penser que nous garderons ce petit rituel encore longtemps après notre rencontre. Chaque nouvelle lettre m'ouvre une nouvelle facette de toi et j’aime tout ce que j’y découvre.

Tendrement.

Paul.

PS: remercie Paparazzi pour la léchouille et les infos qu'il me passe en douce.

PPS: si je ne pouvais pas te rencontrer pour une des raisons que tu as cité (même si c'est impossible) et bien je me réincarnerai en Paparazzi, et moi aussi, j'ai une envie folle d'enfiler mes baskets et de courir te rejoindre.

Mon adoré,

J'ai contemplé le ciel chaque soir et j'ai senti que tu étais bien là, avec moi et je ne saurais décrire toute l'émotion qui m'envahie durant ces courts instants.

Si je me mets alors à t'imaginer, grand brun ténébreux, bronzé, aux allures de surfer … alors là je fonds littéralement. J'aime beaucoup ce style malgré, je l'avoue, ne jamais avoir mis les pieds sur une planche. Mais si c est toi qui m'initie, alors je suis prête à tenter l'expérience.

Nous avons déjà une liste, notre liste de moments à partager quand sera venue enfin l'heure de notre rencontre car au fond de moi, j'ai la certitude qu'elle arrivera belle et bien et que rien ne pourra l’empêcher. Un dîner, une promenade sur la plage, une ballade à moto, une initiation au surf, une rencontre avec ma sœur, celle d’Adrian et la confrontation ultime de Gandi et Paparazzi. Et bien d'autres vont venir s'ajouter afin de rattraper tout ce temps, que je ne peux pas qualifier de perdu tant il m'apporté depuis ces derniers mois.

J'aime tout de toi, ta personnalité, la façon que tu as de réussir à me faire rire avec chacune de tes lettres, de me complimenter aussi, ta sensibilité, cela me parait surréaliste tellement personne n'a jamais pu jusqu'ici me faire ressentir ne serait-ce qu'un centième de ce que je ressens à cet instant.

Il sera sûrement plus difficile de continuer à s’écrire quand nous serons réunis (même si l’idée me plait beaucoup) puisque je souhaite passer chaque minute, chaque seconde à tes côtés. Si je te retrouve, je te garde et crois-moi, je ne te laisserai pas t'échapper comme ça. Je te rappelle que je suis un chouilla possessive, d'ailleurs plus possessive que jalouse je dirais. Tu seras tout à moi.

Impatiemment.

Callie.

PS : tu sais bien que la réincarnation est impossible !

PPS : viens me rejoindre …

Lucie avait marché rapidement, d'un pas lourd et décidé vers la maison de sa grand-mère. Elle était passée par la plage. Des sentiments contradictoires la perturbaient plus que de raison. Elle était surtout furieuse. Paul n'avait presque rien écrit de potable depuis des mois et restait incapable d'écrire le moindre mot pour débuter son roman mais sa rencontre virtuelle avec Callie avait réveillé tout son talent. Elle le perdait. Son écrivain talentueux utilisait ses dons pour une autre et elle n'avait aucun moyen de savoir si son roman avançait désormais. Elle avait eu raison sur un point. Paul retrouvait sa flamme avec Callie mais c'était loin d'être suffisant pour elle. Intérieurement, elle se consumait. Elle avait besoin de le lire, d'être sa muse encore une fois. D'être la femme au bras de l'artiste.

Elle devait faire en sorte que Paul écrive son meilleur roman : un best-seller. Et c'est à elle qu’il le devrait.

Ma merveilleuse Callie,

J'ai beaucoup apprécié la liste des choses que nous allons faire ensemble mais je crois sincèrement que tu en a oublié une de taille. Je sais qu’il est surement beaucoup trop tôt pour y penser mais j'aime à croire que cette magnifique petite fille rousse aux yeux clairs sera dans nos projets. Je dirais même : Notre grand projet. Je continue à suivre de près les flashs radios en espérant qu'ils annoncent notre délivrance. J'ai beaucoup apprécié cet ordre que tu m'as donné dans ton dernier PS et je t'avoue que sur l'instant, je ne voulais que m'exécuter, mais si tout se passe comme le gouvernement l'annonce, dans une semaine, nous nous rencontrerons enfin. Qu'est ce qu'une petite semaine après tous ces jours passés à penser a toi ? Et souviens toi … Tu voulais une soirée romantique. Si je débarquais chez toi comme ça, en bravant l'interdit, nous n'aurions ni plat, ni la tarte aux fraises que tu m'as promis et qui me fait saliver. Tu as oublié tes cheveux ? En réalité, tout ça m'est égal et tu le sais j'en suis sur, mais je veux te rencontrer après la bataille. Comme un survivant qui reviendrait du front et n'aurait qu’une hâte, retrouver sa femme. Tu vois, moi aussi je suis irrémédiablement un grand romantique. Plus sérieusement, dans l'attente de ta précédente lettre j'ai débuté une conversation très enrichissante avec ma bouilloire. J'ai beaucoup ri quand elle m'a dit que mon désir pour toi était plus brûlant que l'eau qu'elle contenait. Vraiment perspicace cette bouilloire. Je t'écris ces quelques mots, une tasse de thé citron-menthe à la main, assis à la table du salon. J'aperçois les rosiers à travers ma grande baie vitrée et mon esprit martèle que tu es la plus jolie fleur qu’il va m'être donné de voir. Rassure toi, je vais bien. Je le sais car les roses ne m'ont aucunement répondu. Si elles l'avaient fait, j'aurais du t'avouer que la folie me gagnait. Tu n'imagines pas quel soulagement j'ai ressenti. Nous sommes sauvés, je ne suis définitivement pas un psychopathe.

Ma douce Callie, la vie d un écrivain est relativement calme mais tu as réveillé en moi ce monde imaginaire qui s'éloignait lentement et quand je regarde l'écran de mon ordinateur, je sais que le roman que je suis en train d écrire sera assurément ma meilleure œuvre. Il est donc envisageable que je doive m’absenter quelque temps, si je parviens à le terminer. Dans ces périodes de promotion, ce sont tes lettres qui me feront tenir loin de toi. Tu vois, je suis certain que nous aurons encore l'occasion de nous écrire. Mais je dois admettre que je ne le souhaite pas car tout comme toi, je ne te laisserais pas filer une fois que je te tiendrais enfin dans mes bras.

Amoureusement.

Ton Paul.

Lucie venait de se préparer une grande tasse de Earl Grey et la sirotait par petite gorgée tant elle était chaude. Elle se revoyait encore apporter à Paul, attablé dans son bureau, tapant frénétiquement sur son clavier son thé préféré : citron-menthe. Elle tentait toujours d'apercevoir quelques mots en jetant un regard par dessus son épaule mais il l'a rabrouait sévèrement. Résignée, elle quittait la pièce en s'accrochant à l'espoir qu'elle serait sa première lectrice. Elle détestait le temps que Paul passait avec Adrian à parler de son livre en cours. Elle devait admettre qu’il était de bons conseils mais elle voulait être la seule à avoir le contrôle sur les écrits de Paul. Elle avait toujours été jalouse de leur relation. Adrian était un obstacle à la création. Un bon écrivain devait être isolé et triste pour se consacrer pleinement à son art. C'est d ailleurs pour cette raison qu'elle passait peu de temps à Collioure. Quelques journées et nuits éparpillées pour que Paul soit submergé par le manque et l'absence, qui devaient l'amener à écrire. Son thé refroidissait, elle était aspirée par ce tourbillon de pensées qui animaient son esprit. Elle était proche du but mais elle devait encore attendre. Patienter était dur pour elle, mais ses efforts devaient aboutir. Elle ne reculerait pas. Paul avait retrouvé sa fougue et sa belle plume mais ce n’était pas suffisant.

Mon tendre Paul,

J'ai effectivement oublié sur ma liste le plus beau des projets : notre douce petite fille rousse aux yeux clairs. Comment ai-je pu passer à côté ? C'est pour moi une telle évidence. Trop tôt, trop tard, peu importe, j'aime cette idée et elle sera l'aboutissement de notre engagement dans cette magnifique histoire, que le hasard nous offre. Pouvons-nous même parler de destin ? J aime l'idée d'y croire en tout cas.

Je suis heureuse de constater que tu t'es remis au travail et je ne te cacherai pas que je suis aussi très flattée que je puisse y être pour quelque chose. Chaque écrivain a sa muse non ? N'est-ce pas ce que l'on dit ? En tout cas, je suis très contente pour toi. J'imagine que rester planter là, devant une page blanche, des heures durant, n'était pas satisfaisant. Cela me plaît d'être celle qui te fait sortir de ce manque d'inspiration, c'est nouveau pour moi. Mais je sais que tu as beaucoup de talent, je le vois à travers tes lettres, et, en réalité, tu n'as besoin de personne pour écrire de magnifiques œuvres, j'en suis sure. J'ai d'ailleurs hâte de pouvoir lire un de tes romans. C'est bien des romans que tu écris ? Des romans d'amour ? Policiers ? Donne-moi un titre que je puisse chercher un de tes romans sur internet. Mais quelle blonde…. je n'ai jamais pensé tout bêtement à taper ton nom sur le clavier et lire ce que la presse pouvait bien dire de toi…. Tu vois, je n'ai jamais connu de personne célèbre et même pas eu la curiosité de te filer sur le net. Je crois même que je n'aime pas cette idée. Et j'attendrais donc notre rencontre pour te découvrir et garder cette part de mystère qui me fait chavirer aujourd'hui.

Cette lettre est sûrement la dernière alors. Peut-être même que nous nous rencontrerons avant que tu ne puisses la lire. La fin de la semaine arrive à grand pas et, si le gouvernement dit juste, c'est dans deux jours que je serais dans tes bras.

J'aime imaginer que je peux dire beaucoup de choses dans cette lettre et que tu ne la découvriras qu'après m'avoir inondée de tendresse. Je peux peut-être alors coucher sur le papier des pensées que j'hésite à t'écrire depuis maintenant plusieurs échanges, mais qui se sont avérées une évidence, lorsque j'ai lu le dernier mot de ton dernier courrier (tu sais celui juste avant la signature) qui me laisse croire que nos sentiments sont partagés. Et même si cela peut paraître utopique, impossible voir surréaliste, je t'aime Paul et je t'aimerais toujours.

Amoureusement.

Ta Callie.

Ma magnifique Callie,

Tu vois, le temps reprend son court, j ai déjà reçu ta lettre. Et tu ne peux imaginer comment j’ai été emporté par la joie en lisant tes mots. Je suis si heureux qu’elle me soit parvenue avant notre rencontre. Trois petits mots qui ont fait chavirer mon être tout entier. Je suis comme un enfant, je trépigne d'impatience. C'est mon tour de douter que tu recevras ce courrier avant de t'avoir dans mes bras mais je mise sur la chance et le hasard cette fois encore. Prépare cette délicieuse tarte aux fraises car samedi soir à vingt heures, je frapperais à ta porte. J'ai tellement imaginé ce moment. Si par malheur, tu n'avais pas reçu ma lettre et bien tant pis, je serais tout de même là et nous ne mangerons pas. S'il le faut, nous changerons l'ordre de la liste et commencerons par une promenade sur la plage. Ça m'est égal tant que tu es là. Tu m'as demandé des précisions sur mes écrits dans ton dernier courrier, ça me brise le cœur d'imaginer que c'est vraiment le dernier. J'ai écrit de nombreuses histoires. Des policiers, des autobiographies romancées, des romans historiques mais je crois que si tu veux me lire c'est ma dernière œuvre qui te plaira le plus. Mais je suis en train de l'écrire. Alors en attendant : " du vent dans les voiles" serait une bonne approche. Et ne triche pas, il serait injuste que tu me cherches sur Google. Je tiens énormément que la surprise de se voir enfin soit réciproque. J'attends ce samedi soir comme je n'ai jamais rien attendu dans ma vie.

Tes sentiments sont réciproques je n'en ai jamais été si sur.

Très impatiemment et amoureusement.

Ton Paul excité comme une puce.

PS: dis à Paparazzi que notre rencontre est imminente et que Gandi restera à la maison pour cette fois.

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suite La plume du destinChapitre3 messages | 3 ans

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