chapitre 7

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Je suis donc assise à côté d’un avocat et en face d’un criminel. Ou plutôt, d’un fils de criminel. M. Russo va donc s’élancer dans nos demandes au juge et Eros Lo Piccolo continue de me fixer, comme s’il n’entendait pas ce que lui disait son avocat.

- Nous allons plaider votre cause et demander 10 ans de prison, au lieu de la perpétuité qui vous était assignée. Nous dissuaderons le juge de vous donner la peine de mort si elle est évoquée, et croyez-moi, elle le sera.

Surprise, je tourne la tête vers m. Russo. Ce n’était clairement pas ce qui était marqué dans le dossier. Peut-être est-il revenu sur sa décision entre temps ?

- M. Lo Piccolo, vous écoutez ce que je dis ?

- …

Je fais un signe à m. Russo pour lui dire que je vais parler.

- M. Lo Piccolo, mon collègue aimerait savoir si vous avez quelque chose à ajouter.

- Je n’ai rien à dire. Vous faites votre travail, je repars en prison.

Un silence de plomb s’installe dans la salle et m. Russo me fait signe de le suivre dans un coin.

- Merci de votre intervention mlle. Colombo. me chuchote-t-il. J’ai remarqué votre regard interrogateur lorsque j’ai parlé de nos demandes au juge. Je pense que je vais vous expliquer quelques détails.

Il fait signe au policier et me prend par le bras pour m’entrainer dans une pièce à côté. Il s’assoit et je fais de même.

- Comme vous le savez, m. Lo Piccolo est le fils du chef d’une des mafias les plus importantes de l’île. Nous savons que le seul moyen de le coincer un jour est de passer par sa famille. Et nous disposons aujourd’hui d’une des cartes les plus importantes, son fils unique. Nous devons alors le garder « sous notre toit », si je peux dire, de manière à attraper son père. Il sera relâché à la mort de celui-ci.

- La mort ? Ce n’est pas légèrement violent ?

- Il s’agit d’un criminel qui a tué des dizaines d’innocents et fait du trafic non seulement de drogues, mais aussi d’humains. Alors seule la mort lui est juste.

- Il est vrai que je peux comprendre ce point de vue.

- Votre devoir devant le juge est malgré tout de le convaincre de libérer Eros Lo Piccolo. Vous devez être convaincante, ainsi, je vous donnerai une bonne note à votre examen.

- Bien.

Nous retournons dans la salle où se trouve le prisonnier, toujours surveillé par un policier. M. Russo hoche la tête à ce dernier et nous partons pour la salle où le procès aura lieu. C’est une grande pièce très lumineuse. Beaucoup de gens sont déjà arrivés et parlent entre eux. J’aurais aimé que ma grand-mère soit là. Qu’elle voit où j’en suis aujourd’hui. Mais elle ne l’est pas. Alors je m’installe à côté de m. Russo et sors le dossier.

- Bien, n’oubliez pas que vous devez convaincre le juge. Si vous avez une question, n’hésitez pas à me la poser.

- D’accord.

J’ai l’impression d’avoir énormément de pression sur moi. J’ai peur de ne pas réussir à parler au juge ou à m’énoncer correctement. La note de ce procès comptera beaucoup dans mon bulletin alors je ne dois pas me rater. Sinon je risque de ne pas passer l’année prochaine.

- Bonjour, dit le juge en entrant dans la salle. Le procès peut commencer.

Dès que m. le juge a posé un pied dans la salle, tout le monde a arrêté de parler. Le silence est pesant et je stresse encore plus. Le juge commence par énoncer les faits, puis c’est au tour du parti contre Eros Lo Piccolo de s’énoncer, autrement dit, le gouvernement. Je trouve leurs arguments assez futiles, étant donné le dossier du prétendu « criminel ». C’est ensuite au tour de m. Russo et moi-même de nous énoncer. L’avocat principal de m. Lo Piccolo me fait signe de commencer. Alors je me lève et explique à la Cour pourquoi m. Lo Piccolo devrait être libéré.

- Bonjour, je suis Sienna Colombo, en charge de m. Lo Piccolo. Je souhaiterai tout d’abord évoquer le fait que mon client ici présent n’a commis aucun crime, et même aucun délit. J’ai eu l’occasion de découvrir son dossier il y a un mois environ et je pense que la meilleure solution serait tout simplement de lui rendre sa liberté…

- Et que feriez-vous s’il était amené à devenir comme son père ? me coupe le juge.

- Eh bien, justement comme j’allais le dire, nous pourrions mettre en place un système de surveillance plus avancé, qui permettra de vérifier les actions de chacun. Et dans le cas que vous avez énoncé, monsieur le juge, je pense qu’il faudrait prendre des mesures plus importantes, comme tout simplement une peine de prison.

Je me rassoie et jette un coup d’œil à m. Russo qui incline la tête l’air de dire que je me suis bien débrouillé. Je me permets alors de souffler un instant. L’opposition se lève alors de son siège pour s’exprimer. Il s’agit d’une grande femme blonde avec un rouge à lèvres très prononcé.

- Votre Honneur, des scientifiques ont également pu se pencher sur l’homme qui se tient en face de nous. Il a été démontré qu’il possède le gène MAOA, autrement appelé le gène du tueur en série. Vous le savez sûrement, mais je préfère en rappeler le principe à toute l’Assemblée. Ce gène joue un rôle dans la production d’une enzyme qui intervient dans l’élimination de neurotransmetteurs comme la dopamine. Un patient possédant ce gène a alors plus de risque de devenir violent, et peut être amené, dans certaines circonstances, à assassiner quelqu’un de sang-froid. Et dans le cas de m. Lo Piccolo, ce gène à de grandes chances de se manifester ainsi si on prend en compte les conditions dans lesquelles il a grandi.

Je vois le regard de m. Lo Piccolo changer à cette annonce. On dirait qu’il a envie d’aller étrangler la femme blonde. Au même moment, un homme, brun, en costume, assez grand, avec des lunettes à contours noirs, s’approche du juge et lui murmure quelque chose à l’oreille. Je ne sais pas quelle était cette information, mais elle a suscité chez lui un changement d’humeur immédiat. Son regard s’est adouci et il a lâché ses mains.

- Veuillez m’excuser, mais je dois lever la séance pour quelques minutes.

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