- Encore une mission foireuse ! Grogna Louis en rampant à côté d'Iris. Ils s'étaient tous les deux mis à l'abri après avoir entendu la première explosion. Elle avait retenti une dizaine de minutes plus tôt qu'ils venaient à peine de franchir la frontière. Toujours couvert par les arbres, Evan avait pris la décision de se montrer en traversant une clairière à quelques mètres seulement des premières montagnes. Aussitôt plusieurs flèches avaient volés dans tous les sens avant d'exploser embrasant une partie de la forêt. Heureusement, Iris avait pu maîtriser la plupart de ces départs de feu, mais elle n'arrivait pas à arrêter à temps les explosions.

- Tu l'as dit... j’espère qu'il n'y a pas de blessé grave.

Louis montra sa jambe d'un air dégoûté, il avait plusieurs morceaux de bois plantés dedans, mais pas suffisamment profond pour que ce soit grave. La jeune femme l'aida à les retirer rapidement afin qu'il puisse continuer d'avancer.

Elle observa la forêt de son point de vue, perplexe. Elle ne voyait personne pourtant ils étaient bien visés par des projectiles.

- Je ne sais pas du tout d'où ils tirent.

Louis désigna le haut des arbres, mais elle ne remarqua aucun pont suspendu. Puis elle vit ce qu'il lui montrait. Il s'agissait de pièges automatiques. L'un d'eux avait dû les enclencher. Ils se faisaient donc mettre à terre par des pièges, les Beinniens n'allaient pas tarder à venir les achever.

Iris sortit son arc en grommelant avant de tirer une flèche dans l'un des pièges sur le point de s'activer. Il explosa sur lui-même détruisant la branche sur lequel il était attaché. Elle fit signe à Louis de la suivre.

- Prépare ton arc aussi, on va devoir avancer prudemment.

Aussitôt, elle tira une autre flèche ayant repéré un piège droit devant eux. Elle put l'avoir à nouveau avant qu'il ne s'enclenche.

- Hé !

Ils tournèrent la tête en sursautant pointant leurs armes sur le potentiel intrus ne s'avérant être qu'Elena.

- C'est juste moi du calme ! Alors vous pensez quoi de ce petit spectacle d'accueil, demanda-t-elle en imitant ses camarades avec son arc pour se préparer à tirer.

- Je m'en serai bien passée…

Elena tira sur un piège légèrement trop tard, heureusement Iris pu embraser la flèche leur arrivant droit dessus. Cette dernière explosa non loin de leur tête, mais ne les blessant pas.

- Il faut qu'on retrouve les autres ! Déclara-t-elle en observant tout autour d'elle afin d'essayer d'apercevoir les membres de leur groupe séparé.

Louis et Elena approuvèrent, ils s'élancèrent tous les trois désarmant le plus de piège possible sur leur passage.

- Capitaine ! J'ai trouvé Orens et Sam, ils sont cachés sous un tronc d'arbre. Ils n'ont rien.

Evan sortit sa tête pour regarder Phil trottiner vers lui. Ils avaient détruit tous les pièges autour d'eux et les explosions avaient enfin cessées. Il pu sortir de sa cachette tirant derrière lui une Amy complètement sonnée. Elle avait fait les frais d'une explosion bien trop forte pour l'ouïe humaine. Il la guida vers son officier qui les mena vers l'endroit où se trouvaient une partie de leur équipe. Une fois réunie, il laissa Sam prendre le relais avec le capitaine.

- Vous avez vu les autres ? Demanda-t-il en scrutant la forêt enfumée. Si les pièges avaient été déclenchés, les guerriers Beinniens n'allaient pas tarder à venir, prévenu par le son des flèches explosives.

Orens secoua la tête ne cachant pas son inquiétude.

- Non, les chevaux de Louis et Iris sont partie à toute allure quand les premières détonations ont retenti. Quant à Elena, elle est tombée de son cheval juste après la clairière.
Il se mordit la lèvre, mais Evan comprit qu'il souhaitait retourner la chercher. Lui aussi aurait aimé revenir sur ses pas pour s'assurer qu'ils allaient bien, mais il devrait miser sur la confiance qu'il avait en leur capacité de survie.

- Nous allons continuer pour rejoindre la montagne, d'après la carte, nous sommes à quelques mètres du premier poste de garde.

Il échangea un regard entendu avec Phil, qui releva Amy afin de la remettre sur pied. Sam suivit le mouvement tout en jetant des regards inquiets dans les environs cherchant un signe de ses camarades. Elle savait qu'ils devaient avancer et ne pas faire demi-tour, c'était le plan. Mais c'était plus dur à faire qu'elle l'aurait pensé. Elle ramassa tout de même son arme avant d'aider Orens à se lever, il était le plus réticent à partir.

- Nous allons juste ouvrir la voie. Ils nous rejoindront vite, crois-moi, déclara Evan en le poussant à avancer.

- N'oubliez pas ce que je vous ai dit, aucune arme. Vous devez montrer vos mains au moindre humain que vous croiserez.

Et c'est ce qu'ils firent. Après avoir marché plus d'une heure dans la forêt, guettant le moindre bruit. Ils finirent par apercevoir une sorte de porte. Plus ils avançaient et mieux elle se distinguait.
La plupart des membres de l'équipe furent impressionnés par cette immense construction tout en pierre. Elle témoignait du savoir faire des Beinniens, le peuple des montagnes. Ils étaient très doués pour travailler la pierre et surtout, ils avaient de très bon ingénieurs.

- Il va falloir taper ? Ricanna Orens ironiquement quand ils furent bientôt au niveau de la porte. Elle était comme incrustée dans la montagne s'étendant derrière et autour d'elle.
Ils n'eurent pas le temps de poser un doigt sur l'immense construction, déjà une dizaine de flèches étaient pointées sur eux.

Evan leva aussitôt les mains incitant son équipe à faire pareil.

- Un pas de plus et vous êtes morts ! Hurla une voix en hauteur.
Le Capitaine aperçu tout en haut de la porte, un jeune homme les menaçant d'une arbalète. Il plissa les yeux en dévisageant chacun des étrangers.

- Vous n'êtes pas des sorciers...mais nous réservons le même sort aux bandits, alors faite demi-tour et priez l'Univers pour que nos bombes vous épargnent encore.

- Je m'appelle Evan, je suis un sylvien. Voici mon équipe, nous souhaiterions simplement obtenir une audience avec votre prince.

Il entendit une vague de rire émerger tout en haut du rempart. L'homme qui avait parlé ria le plus fort. Puis il grinça des dents en répondant.

- Des Sylviens...c'est bien ce que je disais les bandits ne sont pas admis dans notre pays. Vous avez trente seconde pour quitter les lieux.

Evan prit une profonde inspiration. Il s'attendait à ce genre de conflit une fois arrivée, mais il était hors de question qu'il fasse demi tour après tout ce chemin. Ce petit morveux allait les laisser entrer.

- Selon les accords entres nos deux pays, les sylviens et les beinniens ont un droit de libre circulation sur les deux territoires.

Toute l'équipe tourna son regard vers le Capitaine. Encore une fois il avait une carte secrète dans sa manche qu'il sortait au dernier moment.

Phil se pencha vers Orens et Sam.

- C'est vrai ?

- J'en sais rien moi, je savais même pas qu'ils avaient un Prince, gromela Sam en fusillant du regard l'abruti qui les empêchait de retourner chercher leurs amis.

- Fermez la ! Grogna Amy en se rapprochant d'Evan pour le soutenir physiquement dans sa démarche.

- Selon ce même accord, si un membre de la garde suspect un étranger d'avoir de mauvaises intentions, il a l'autorisation de les laisser à la porte et de tirer pour protéger la population.

Amy ne pu s'empêcher de rire à son tour.

- Tu as trouvé un adversaire à ta hauteur, chuchota-t-elle à son ami, qui commençait à perdre patience.

Il leva à nouveau ses mains en s'avançant. Il avait déposé toutes ses armes au sol tout comme le reste de son équipe.

- Nous ne représentons aucun danger, nous ne sommes plus armés. Nous souhaitons simplement rencontrer le Prince. Je sais que ce grand homme accorde un entretien à toute personne possédant une excellente raison. Nous en avons une.

- Vous prenez un risque alors. En effet le Prince vous recevra si nous décidons de vous laisser passer. Mais si la raison n'est pas à sa convenance...hmm nous nous reverrons très vite dans des circonstances plus dramatiques.

Evan lui lança un regard de défi ne pouvant s'empêcher de le provoquer, agacé par son arrogance.

- Ne vous inquiétez pas pour nous. Alors, pouvons-nous entrer ?

L'homme disparu une minute de leur champ de vision. Ils l'entendirent échanger avec les autres gardes. Puis il réapparu au dessus d'eux.

- Nous allons ouvrir les portes et vous fouiller. Vous devrez en suite suivre mon équipe. Au moindre geste suspect, nous vous abattrons. C'est compris ?

Ils hochèrent la tête. Le garde donna un ordre et les portes s'ouvrirent lentement laissant passer deux hommes et deux femmes. Ils portaient tous un uniforme à l'image de leur pays. Il était gris acier et rouge. Sur la poitrine et le dos était incrusté un carré de métal. Ils les fouillèrent sans rien laisser au hasard avant de les laisser passer la porte.

Evan se planta devant l'abruti.

- Merci. Nous avons encore trois membres de notre équipe dispersés dans la forêt par vos fabuleux pièges. Deux femmes et un homme, ils sont sûrement à notre recherche.

- Nous irons les chercher. Il est hors de question que des Sylviens rôdent autour de nos murailles. Vous êtes presque pire que cette vermine de sorcier.

Il fit un signe de tête à ses camarades, qui ramassèrent les armes du groupe avant de les pousser à l'intérieur.

- Je suis Nyck Mokas, Lieutenant de la garde royale. Sur mon honneur je vous laisse entrer au sein du pays de Beinn afin de rencontrer sa majesté le Prince Ailan. Je prendrais la responsabilité des actes que vous commettrez sur nos terres et y mettrais fin s'ils représentent un danger pour la population ou la monarchie.

Il salua les autres gardes autour de lui, qui lui rendirent son salut d'un air grave et sérieux.
Orens les dévisagea un instant avant de se pencher à l'oreille du Capitaine.

- C'est la procédure normal ? Chuchota-t-il peu rassuré.

- En avant, il y a une demi-journee de trajet pour rejoindre la forteresse principale. Nous n'avons pas de chevaux comme vous autre, seulement la force de nos jambes. Ne traînez pas.

Nyck les invita à le suivre sur un chemin de terre.

- Réjouis toi de nourrir ton cerveau de morveux en t'ouvrant à d'autre culture, déclara Evan en réponse à son officier avant de s'élancer en toute confiance derrière le lieutenant.