13. Śimrod : la promesse tenue

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CORRIGÉ

.......

Sneaśda et sa nourrice accouchèrent en même temps, cette nuit-là. Le travail dura jusqu’au petit matin. Aux premières lueurs de l’aube pâle qui éclairait ces terres glacées, une fine nymphe de la cour vint trouver Śimrod, qu’on avait relégué loin du théâtre des opérations :

— Son Iridescence vient de mettre bas, seigneur sidhe.

Śimrod, qui faisait les cent pas dans ses appartements depuis qu’il avait quitté les deux esclaves humaines, releva le visage vers la dame de compagnie et posa la seule question attendue dans ces circonstances :

— Combien de reines ?

— Une seule, seigneur. Sa Radiance n’a mis au monde qu’un seul petit, une superbe femelle à la robe couleur d’étoile.

Une reine couleur d’étoile...cela voulait dire que le petit de Sneaśda avait la peau aussi noire et les cheveux aussi blancs que lui, mais également qu’elle avait quatre yeux rouges, comme toutes les ellith d’ascendance khari. Śimrod soupira, soulagé. Il avait accompli son devoir.

Restait maintenant à tenir sa promesse.

*

Śimrod trouva Evaïa prostrée dans la pièce du palais qui lui avait alloué pour aider la nouvelle esclave à accoucher. Il s’arrêta à l’entrée de la pièce, prudent : les mâles n’avaient rien à faire dans la chambre d’une parturiente, quelle qu’elle soit.

— Alors ?

La jeune aslith ne répondit pas. Elle continuait à lui tourner le dos sans rien dire, tandis qu’une ribambelle d’eyslyns venaient murmurer des imprécations à ses oreilles, répandant la poudre scintillante de leurs ailes partout devant ses yeux.

Punis-la, chantaient-ils de leurs petites voix cruelles. Punis-la !

Śimrod les chassa d’un revers de la main.

— Réponds-moi, aslith, ordonna-t-il d’un ton glacial.

Cette fois, Evaïa se leva. Mais elle lui tournait toujours le dos.

— Elle est morte, lâcha-t-elle. La nourrice est morte.

Śimrod garda le silence. Lorsqu’elle se retourna, Śimrod vit qu’elle tenait un nouveau-né dans les bras, encore tout ensanglanté.

— Mais l’enfant vit. Maintenant, tenez votre promesse et rendez-le au monde auquel il appartient !

Śimrod s’avança. Une fois devant elle, il s’arrêta, projetant son ombre noire sur l’humaine qu’il dominait de toute sa taille. Evaïa releva des yeux défiants vers lui. S’attendait-elle à être punie, fouettée comme cette malheureuse femme à qui il avait ôté la vie ? Pendant un long moment, les deux se fixèrent : l’ædhel semi-orc et l’esclave humaine.

— Viens avec moi, finit par lâcher Śimrod. Je pars ce soir : je vous déposerai en passant, toi et cet enfant.

— Pourquoi ? cracha Evaïa, les yeux embués de larmes de rage. Votre reine des glaces a besoin d’une nourrice, n’est-ce pas ? J’ai entendu les eyslyn chanter la naissance de votre fille. Elle s’appelle Sylwen Daemana. C’est une princesse à la peau d’obsidienne, comme vous !

Visiblement, elle en savait plus que lui. Śimrod aurait dû punir cette insolence, mais il n’avait plus le cœur à le faire.

— Il faut une mère pour cet enfant, maintenant que la sienne est morte, non ? lui répondit-il. De toute façon, Sneaśda te tuera, lorsqu’elle apprendra pour la nourrice. Tu n’as pas d’autre choix. Et en chemin, tu me diras tout ce que tu sais sur les Enfants de Mannu.

Śimrod avait pris sa décision. Il avait donné à Sneaśda ce qu’elle voulait. Il était temps, désormais, de payer sa dette à Ardaxe en accomplissant cette quête à sa manière : celle, brutale et directe, d’un semi-orc. Ensuite, il serait libre d’arpenter l’océan des étoiles, sans maître ni obligation d’aucune sorte.

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