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Reenmo

" Je ne sais de quoi il s'agit, je répète, mais je crois que le meilleur remède pour toi serait que je t'envoie d'ici, de mon coeur si fort en ce moment, un souffle de vie, car tu es fait, crois-moi, pour la vie intense et pour la joie. Nous autres (excuse ce pluriel), nous avons des droits différents des gens normaux, car nous avons des besoins différents qui nous mettent au-dessus de leur morale. Ton devoir est de ne jamais te consumer dans le sacrifice. Ton devoir réel est de sauver ton rêve. "

Extrait d'une lettre d'Amedeo Modigliani à Oscar Ghiglia.

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œuvres
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défis réussis
16
"J'aime" reçus

Œuvres

Reenmo

L'hiver est un roseau
La lumière reprend son souffle
Je tiens tête à la continuité de la violence
Par ma propre existence, infranchissable.
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Défi
Reenmo


La petite fille serra fort ses deux mains, repliant les doigts sur leurs paumes.
« Zéro » déclama-t-elle en fronçant les sourcils. Elle regarda sa grand-mère agenouillée près d’elle. Un sourire bienveillant flottait sur son visage comme une douce brise marine.
« C’est ça, répondit la vieille dame, zéro ça veut dire qu’il n’y a rien. »
Elle ferma elle-même ses mains ridées avant de les rouvrir, agitant ses doigts en direction du sol comme s’ils s’étaient agis de multiples vers de terre.
« Tu vois, je n’ai rien, je me déleste de tout, c’est le zéro. »
La petite fille acquiesça gravement et fit mine de comprendre. Ses grands yeux bleus étaient légèrement écarquillés. Elle laissa sa grand-mère avec ses gants de caoutchouc vert aménageait la terre à l’approche du printemps pour partir à la recherche de … zéro.
Elle scruta l’horizon, son bonnet visé sur la tête, le pompon trébuchant d’un côté et de l’autre à chacun des pas décisifs où la menait sa quête. Elle s’arrêta devant la petite chienne rousse étalée paresseusement sur l’herbe et la dévisagea plusieurs minutes.
« Zéro ! dit-elle au bout d’un moment, tu as zéro bébé. »
La jolie bête considéra l’enfant à son tour et vint lécher sa main froide. Elle attendit que l’enfant interprète ses illisibles pensées. La petite fille se pencha et enfouie ses doigts dans le pelage d’hiver.
« Ne sois pas triste … j’ai zéro copain moi aussi. Nous sommes toutes seules comme … »
La petite fille s’affola et se mit à faire de grands gestes.
« Papi a dit que des familles d’oiseaux disparaissaient ! Qu’il en restait de moins en moins ! Peut-être que nous aussi, nous sommes en train de disparaître Fifi. »
Sur ces paroles, elle laissa vite la chienne à sa destinée et avança vers la maison. Elle ouvrit la baie vitrée avec la rudesse d’une enfant et appela à vive voix son papi.
« Qu’est-ce qu’il y a ? » lui répondit une voix assourdie par les coussins du canapé sur lequel un homme se reposait jusqu’alors.
Elle s’avança au bord du canapé sans considération pour son papi à moitié endormi, le regarda droit dans les yeux et d’un ton solennel demanda :
« Papi, allons-nous disparaître comme les oiseaux ? »
Elle appuya beaucoup sur le mot disparaître qu’elle ne connaissait que depuis hier.
« Quoi ? répondit-il abasourdi, non… non, personne ne va disparaître. »
Elle mis sa main devant le visage du vieil homme et montra son doigt.
« Fifi est toute seule ! Bientôt (elle replia son doigt) Fifi disparaîtra et il y aura zéro Fifi. Zéro ! Dans le monde entier ! »
Son papi eut l’air embêté. Il considéra la main de sa petite fille.
« Attends-moi, je reviens. »
Il prit une feuille de papier et un stylo. Il dessina un grand rond.
« C’est le zéro. » affirma-t-il.
« Non, c’est un rond papi. »
Il rit.
« Oui, le rond est un zéro. Qu’est-ce qu’il y a dans ce zéro ? »
La petite fille se pencha.
« Il n’y a rien. »
« Oui, le rond est vide et regarde … »
Du bout de son stylo, il fit le tour du cercle.
« Il est fermé, personne ne peut y entrer. Ni toi, ni moi, ni Fifi … Il est hermétique. »
Il prit la petite fille par le bras et se leva pour aller refermer la baie vitrée.
« Mais dans ce monde, tout s’additionne et s’influence. Les abeilles butinent le cœur des fleurs pour apporter des fruits, le vent dissémine les graines et regarde, mamie leur donne un coup de pouce. »
Il salua sa femme à travers la vitre et la fillette imita son geste.
« Les oiseaux qui disparaîtront laisseront leurs places à d’autres et s’ils ne le font pas… je suis sûr que le ciel se souviendra de leurs coups d’ailes et les branches de leurs pattes griffues. Tu vois... renchérit-il, le zéro est un nombre solitaire qui ne vient jamais par ici. »
Ses derniers mots flottèrent sans parvenir à destination. Son interlocutrice était déjà repartie.
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Questionnaire de l'Atelier des auteurs

Pourquoi écrivez-vous ?

J’écris parce que je ne sais pas parler.
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