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Clarisse

Clarisse
Fruit du péché charnel d’une sœur et d’un moine, Lilith est élevée dans un couvent par des sœurs qui la traitent comme un animal de foire. Incarnation du péché, l’enfant, méprisée de tous, voit le chaos de sa vie bouleversé par un homme qui lui propose de venir avec lui. Mais qui est-il ? Pourquoi s’intéresse-t-il à elle ? Autant de questions auxquelles Lilith n’a pas de réponse. Pourtant, n’ayant rien à perdre, elle suivra cet inconnu. Auprès de lui, la fillette, mutique, s’engage dans un voyage initiatique.
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Clarisse


En ces lieux bénis par l’effervescence de la Vie, des nymphes établirent leur séjour. Elles étaient trois, Titanis, Adonis et Humanis, ni parmi les plus belles, ni même les plus savantes qui foulèrent les décors de la Terre de leurs pieds délicats. Oubliées des hommes, dédaignées des dieux et rejetées de leurs semblables, elles se mirent en quête de territoires plus favorables à leur établissement.
Leur intérêt pour la nature humaine plutôt que la nature elle-même déplaisait aux belles, esprits des eaux, des bois et des champs. A défaut de personnifier la fécondité d’une nature évanescente, à l’instar de leurs sœurs, les belles de ces contrées se firent égérie de la fécondité de l’esprit. En ce point seul résidait leurs différents, les unes adulant la nature, les autres adulant les Hommes, la scission fut inévitable entre ces belles des champs et ces belles des villes comme elles les appelaient, le châtiment fut irrémédiable : les trois grâces, doté d’une sensibilité à fleur de peau, ne purent éterniser le séjour au sein des leurs. Leurs espoirs se tournèrent dès lors vers les dieux, qu’elles croyaient sages et admiratifs de leur création humaine.
Encore jeunes et naïves, les Nymphes de Niss, de leur surnom, dont les traits étaient emprunts de la gaité que délaisse l’âge et l’expérience, avaient encore les yeux baignés d’espoir de trouver d’entre les dieux les soutiens à leur cause. N’étaient-ils pas comme elles épris des hommes, amoureux des arts et heureux contemplatifs de la nature mère ? La chute fut rude et la peine bien grande pour ces trois nymphes à la découverte du narcissisme des dieux qui cherchaient l’amour des hommes par pure conquête, à la seule fin d’être vénéré d’eux. Bien lourd fut leur chagrin de les voir se déchirer l’adulation de leurs créatures comme des vautours. Et bien plus encore de constater les marionnettes que ces derniers devenaient entre les mains habiles qui se jouaient d’eux, avançant leurs pions sur l’échiquier de la vie, les laissant mener leurs combats et offrir leur vie avec pour seul objectifs l’ambition des uns de régner sur l’Olympe et l’espoir des autres de rentrer dans l’histoire.
Elles crurent un temps trouver leur place parmi ces dieux qui comptaient dans leur rang le Cercle des Muses. Au nombre de neuf, ces divinités des arts et des lettres prirent d’affection les jeunes nymphes, leur donnant le goût pour ces passions dénuées de sang mais point de gloire. Emerveillées devant les moult façons d’exprimer affres et autres sentiments, de découvrir l’harmonie de ces mères plus paisibles que leurs semblables et d’embrasser la vie paisible de ces enfants des dieux libérés de leurs chaînes, les Petites Sœurs entrevirent la lumière. Poussées par des sentiments plus nobles que le simple amour des arts et des lettres, dont elles eurent l’intuition d’un pouvoir en sommeil, ces ainées bienfaitrices les abandonnèrent avant que leurs protégées n’achèvent leurs armes en la matière. Enviant leur éclairement et jalousant leur talent naissant, ces déesses d’un autre âge délaissèrent celles qui devenaient goutte-à-goutte leurs rivales en ce monde divin.
Résolues à détourner les hommes des dieux et les dieux des hommes pour libérer mortels et immortels de la soif de gloire et de sang, les nymphes de Niss vouèrent leur existence à répandre les Arts et les Lettres, attisant ainsi la colère des dieux sur elles-mêmes. Parcourant le monde pour répandre leurs armes, elles laissèrent derrière leur passage des puits d’inspiration, fécondant l’esprits des bons Hommes. Ces muses firent don de leurs grâces au grè de la sensibilité humaine, offrant à tous l’inspiration, laissant libre cours à chacun de s’en servir ou non, car en nous vibre encore leur croyance qu’Art et Lettre sont filles de Liberté. Il revient à chacun le droit de s’en acquitter.
Bénies de la grâce des nymphes, du savoir des dieux et de l’amour des hommes elles n’en eurent pas moins une fin tragique car, leur mission accomplie, voulant se retirer dans nos contrées, douces et apaisantes pour l’esprit, elles furent rattrapées par les divinités en perdition qui hantaient leurs pas et abattirent leur courroux sur nos trois nymphes. Leur enveloppe charnelle se déchira non sans libérer leur esprit qui se déversa en ses terres bénites par leurs grâces. Le jeune Florian qui y naquit bien des saisons plus tard fut ainsi baigné, son enfance durant, en ces lieux élus des Nymphes de Niss. les Musaflores comme on les appelle par ici firent ainsi un ultime don à ce bébé, celui d’être un homme de lettre complet.
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Clarisse
Petit recueil de lettres
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