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Chrisaltide thithival

Défi
Chrisaltide thithival

L'hôtel était au bout du chemin. Le randonneur, voyant le soleil décliner, hâta le pas. Pas question de cheminer de nuit dans les environs. De drôles de rumeurs circulaient sur le pays, tantôt hanté par les fantômes, tantôt visité par les fées. Il se sentait bien aventurier mais pas au point de vérifier la véracité du folklore local. La grande porte en bois sculpté de l'établissement couvert de lierre était impressionnante. Il actionna le heurtoir et attendit . Dans un grincement, la porte s’entrebâilla sur une petite femme rondelette à l'air jovial.

« - bonsoir, Monsieur, vous êtes pile à l'heure, je vais vous montrer votre chambre, suivez moi
- excusez moi madame, mais je n'ai pas de réservation, je suis de passage...
elle l'interrompit :
- vous voulez bien une chambre ,n 'est ce pas ?
- Oui effectivement, acquiesça-t-il
- alors suivez moi."

Ils longèrent de longs couloirs de pierre. Sur chaque mur, des grands tableaux représentant des coupes de fruits, des cornes d'abondance regorgeant de légumes ou bien plusieurs amoncellements de céréales si semblables à des collines qu'on s'y méprendrait au premier coup d’œil. La logeuse toujours souriante glissa une clé en fer forgé dans la serrure de la chambre vingt six.

« - je dois vous expliquer deux, trois petites choses avant de vous laisser. Tout d'abord , il est inutile de m'appeler en pleine nuit, je ne viendrais pas.
- Pourquoi donc devrais-je vous appeler ?
- Ça s'est déjà vu, mon petit et des plus costauds que vous ! Deuxième chose, dans vingt trois minutes exactement, ce sera l'extinction des feux, il n'y a pas à discuter.
- Mais... commença -t-il
- Il n'y a pas de « mais » et bien entendu, il est interdit de sortir de l'hôtel après le crépuscule. Si vous êtes d'accord avec ces trois petites règles, le petit déjeuner vous sera offert demain matin. Dans le cas contraire, vous pouvez reprendre votre baluchon et votre route tout de suite.
- Je n'ai pas vraiment le choix, à vrai dire, il est bien sûr hors de question que je reprenne la randonnée cette nuit. Satisfaite, la logeuse lui glissa la clé dans la main et lui souhaita une bonne nuit.

Le randonneur délaça ses chaussures, plia ses vêtements qu'il déposa sur la chaise en rotin prés du lit. Il était intrigué par cet hôtel, par ces règles sommes toutes absurdes,et décida de les consigner dans son carnet de voyage. Il s'installa sur la petite table et alluma l'unique chandelle de la chambre. Il nota heure par heure chaque lieu visité dans la journée, la flore magnifique découverte au gré des sentiers et la faune aperçue sur son chemin. Il notait tout, de la petite libellule au blaireau dans son terrier, de la basique pâquerette à la jonquille éclose dans les sous bois. Il n'en était qu' à la moitié de son récit quand la flamme de la bougie vacilla et s'éteignit. Il tenta à vingt bonnes reprises de la rallumer, rien n'y fit. Il pensa un instant appeler sa logeuse puis se rappela la première et la deuxième règle : « Ne m'appelez pas, je ne viendrais pas » et « dans vingt trois minutes : extinction des feux » « Comment a-t-elle pu savoir ? » Maintenant la troisième règle l'obsédait. Il y avait un mystère là dessous et il voulait en avoir le cœur net. Il se rhabilla en silence, glissa ses pieds fatigués dans les bottines sans les lacer complètement. Sans un bruit, il fit glisser le pan de la fenêtre et évalua la distance le séparant du sol. Sa chambre se situait au deuxième étage. Bizarrement, il ne se souvenait pas d'avoir emprunté des escaliers. Il balaya les environs du regard, à l'affût d'un témoin de son escapade. Il ne vit rien. Une brume épaisse avait envahit le pays, seule une lueur scintillait au loin. Un frisson lui parcouru le dos : et si les légendes étaient vraies ? Les chandelles refusant de s'allumer, la mise en garde de la logeuse concernant les sorties nocturnes... Le randonneur revint sur ses pas et fouilla son baluchon. Il en sortit un poignard de chasseur qu'il accrocha à sa ceinture et sans plus y réfléchir se laissa glisser le long du lierre qui couvrait entièrement les murs extérieurs. Lorsque ses pieds touchèrent le sol, il s'accroupit, observa tant bien que mal autour de lui à la recherche d'une bougie allumée, d'une chandelle scintillante. Il n'y avait rien. Rien que cette brume, cet épais brouillard sorti de nulle part en quelques minutes. Ses yeux s'habituèrent peu à peu à l'obscurité et quelle ne fut pas sa surprise de voir cette brume se mouvoir ! Elle ne se dissipait pas, elle ne s'évaporait pas ni ne s'évanouissait -elle pas au sol ; Elle se dirigeait vers un point bien précis. La lueur lointaine qu'il avait vu du haut de sa fenêtre . À pas feutrés, l'index humidifié du bout de la langue, il se mit à suivre le vent frais qui déplaçait le brouillard. Il aurait le fin mot de l'histoire , même si ça devait lui coûter son petit déjeuner offert ! Il marcha longtemps et sa grande expérience de randonneur lui indiquait qu'il avait dû parcourir une dizaine de kilomètres. Plusieurs fois, il avait trébuché sur ses lacets, sans jamais penser à les rattacher correctement. Une nouvelle fois, l'un deux se glissa sous sa chaussure. Le randonneur, tentant maladroitement de se rattraper à une branche, glissa puis roula au pied de la colline qu'il parcourait sans même le savoir.Il jura, furieux, pensant qu'il aurait mieux fait de rester au chaud dans le lit de l’hôtel quand elle s'alluma. Il n'avait pas entendu le tintement de l'eau, ni la fraîcheur émanent du ruisseau. Devant lui une gigantesque serre brillait d'une lumière éclatante. Telle une luciole, sa lueur oscillait au rythme du moulin à eau qui, grâce au ruisseau, lui apportait toute cette énergie pour briller. Les yeux écarquillés, ébloui par tant de beauté, le randonneur oublia sa colère. Doucement, respectueusement, il s'approcha de la bâtisse translucide et admira un potager immense, dont les fruits, les légumes grandissaient et mûrissaient à vu d’œil. Il entra discrètement, de peur de déranger cette nature magique et luxuriante et cueilli une fraise presque aussi grosse que son poing. Il la goûta goulûment, laissant son jus sucré couler le long des commissures de ses lèvres, il était en pleine extase ! Jamais de sa vie n'avait-il mangé quelque chose de si délicieux, de si merveilleux ! Tout à sa délectation, il n'entendit pas les petits pas glisser derrière lui :

« - eh bien ! On dirait que vous n'aurez pas de petit déjeuner demain matin !"
Sa logeuse était là. Droite et souriante.
« - je suis désolé, madame, s'excusa-t-il, j'étais curieux, ce pays recèle tant de mystères !
- Puisque vous êtes si curieux, je vais vous informer, dit-elle sans se départir de son sourire , mais d'abord, dites moi : quel est votre fruit préféré ?
- Après avoir goûté vos fraises, madame, je ne peux pas en nommer un autre ! Assurément ce n'est pas la fraise mais vos fraises que je préfère !
- Je comprends, n'est ce pas qu'elles sont juteuses ? Eh bien c'est parce que ce potager est le fruit du travail des fées. Comme vous avez pu l'entendre dans le pays, continua -t-elle en tournant autour du randonneur, les fées existent bel et bien ici. Elles fournissent la nourriture, en contrepartie, nous leur laissons le pays vide dés que la brume apparaît. Maigre sacrifice n'est ce pas ?
Le randonneur tenta de répondre mais ses lèvres refusèrent de s'ouvrir. Baissant les yeux, il comprit trop tard le sort qui lui avait été jeté . Ses mains étaient maintenant de grandes feuilles dentées, ses bras et ses jambes devenaient aussi minces que des tiges florales, ses pieds s'enfonçaient déjà en pleine terre. La logeuse, en bonne jardinière, le couvrit de bonne terre avant de l'arroser d'une eau pure venue tout droit du ruisseau. Elle leva les yeux, regardant la brume s'éloigner le temps d'une journée et se dit à elle même :
« - il faut vraiment que je déplace ces fraisiers ! Ils choisissent tous le fruit qu'ils viennent de voler ! »



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Chrisaltide thithival
Petite nouveauté pour moi, je tente, d'où le titre ;)
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Chrisaltide thithival
Merci pour ce défi, j'espère être dans les clous et vous divertir, bonne lecture ;)
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Chrisaltide thithival
Attention, frissons !
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Chrisaltide thithival
Paul, un jeune avocat altruiste, vient de perdre son père. Son mariage arrivant à grands pas, il décide d'honorer son père disparu et se lance dans une aventure pleine de surprises.
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Chrisaltide thithival

La maison est en pleine effervescence. Ma tante Catherine a embauché la plupart de mes amis pour préparer la fête. Jules s'occupe des jeux d'eau dans le jardin, Marcelin quant à lui gonfle des animaux flottants gigantesques pour la piscine. Il y en a tellement qu'on n'aperçoit presque plus l'eau chlorée. Elle a fait décorer le jardin avec des lampions, des fleurs colorées et la grande salle a un air beaucoup plus chic, les colonnes sont drapées de voiles blancs, une longue table, disposée contre le mur pour accueillir le buffet, est ornée d'un centre de table avec des lys et des orchidées. En cuisine, Justine et Emilie aident à la préparation des gâteaux, des amuses bouches en tout genre, au côté d'un chef étoilé qui élabore des milliers de petites bouchées plus étranges les unes que les autres: saumon et truffe, chips garnie d'une pâte de betterave ou oeuf de lump posés sur une verrine verte et blanche. Je me serais contentée de quelques biscuits apéros et de bières mais ma tante veut faire les choses en grand:
"- dix huit ans ça se fête, et puis avec ce qu'il vient de te tomber dessus, tu le mérites amplement!" a-t-elle ajouté, comme s'il était possible que ça me soit sorti de la tête. A quel moment peut-on oublier la trahison de sa meilleure amie? Meilleure amie depuis dix sept ans, depuis nos gardes chez nounou Fifi. Elle qui détestait depuis le premier jour mon petit ami, elle qui me rabâchait tous ses défauts et ses sautes d'humeurs, Becca n'avait rien trouvé de mieux que de lui sauter dessus à la fête de Justine il y a trois mois. Elle a bien essayé de me donner des explications, mais je n'ai ouvert aucun de ses messages. Elle doit bien voir que je me connecte tout le temps sur Friend's wall et que je fais le choix délibéré de ne pas les lire. Elle l'a sûrement compris puisqu'elle a enfin arrêté de m'en envoyer depuis quinze jours. Bon débarras!
Alors que je vérifie sur l'appli les dernières réponses pour ce soir, ma tante m'appelle:
"- Gwen! viens me voir, j'ai besoin de ton aide !" crie-t-elle du haut du grand escalier.
Je la rejoins dans sa chambre immense dont le dressing plein de robes de couturiers célèbres me fait rêver. Je n'ai emménagé que l'année dernière, après la mutation de ma mère dans le sud de la France. Certains diront que j'ai eu tort de rester à Paris au lieu de la suivre au soleil mais toute ma vie est ici, mes meilleurs amis et Lucas , mon petit copain. Je n'ai pas réfléchis longtemps avant d'accepter la proposition de tante Catherine de m'héberger. Ma mère était furieuse et s'était fâchée assez fort avec son frère qui laissait "sa poupée en plastique" faire ce qu'elle voulait sans réfléchir aux conséquences. Je crois qu'elle est un peu jalouse de ma tante. Bien qu'elles aient le même âge, ma tante a toujours parut bien plus jeune et n'a jamais réellement travaillé après le déclin de sa carrière de mannequin. Quant à ma mère, elle s'est toujours donnée corps et âme à son travail, quitte à me laisser dormir chez ma nourrice Fifi plusieurs jours de suite . Elle a fait l'effort surhumain de venir me chercher tous les jours quand j'ai commencé à appeler Fifi "maman". Ma mère était de nouveau plus présente dans ma vie mais me reprochait chaque dossier rendu en retard. Chose que j'ai su lui renvoyer en pleine figure quand elle s'est opposé à mon emménagement dans cette grande maison. Elle est partie déçue. Déçue d'avoir perdu la partie contre Catherine, pas de mon refus de la suivre.
Depuis toujours, cette maison m'a impressionnée par sa taille. Ses colonnes gigantesques de marbres blancs, semblant soutenir toute la structure, avaient des allures de temple romain. Le hall d'accueil aboutissait à deux grands escaliers, taillés dans le même marbre que les colonnes, qui se rejoignaient au premier étage. Comme j'aurais aimé grandir ici! Juste pour faire tourner en bourrique toute la maisonnée en glissant sur la rambarde polie ou en refusant de me faire attraper, singeant ma tante et mon oncle d'un escalier à l'autre. Malheureusement je suis arrivée peu après avoir fêté mes dix sept ans et la raison et le respect m'ont conduit à me comporter différemment. J'ai bien mis six mois avant d'évoluer normalement entre toutes ses pièces qui ressemblent vraiment à celles d'un musée. J'aime particulièrement la chambre de ma tante, le grand lit à baldaquin semble avoir été chipé à Buckingham Palace. Au mur, de grandes tentures rouges brodées de fils dorés donnent une allure princière à la pièce et la coiffeuse en face du dressing aurait pu être dans la loge des plus grandes stars. Ma tante ouvre grand les portes de la penderie où sont rangées des dizaines de robes magnifiques, colorées, ou brillantes, toutes venant de maisons haute couture réputées et dans un grand sourire me dit:
"- Choisis.
- Choisir? Celle que tu vas mettre ce soir? Je ne sais pas, la verte à sequins va bien avec tes yeux ou la noire qui...
- Non, m'interrompt-elle, choisis celle qui te plais et elle sera à toi, tu la mettras ce soir.
il est vrai que je trouve toutes ces robes exceptionnelles mais je vais faire tâche en robe de soirée à côté de mes amis en jeans et tee-shirts! Comment ne pas la vexer en refusant poliment d'en porter une ce soir?
Avant même que j'ouvre la bouche, elle me rassure:
"- J'ai prévenu toute ta liste d'invités et la mienne qu'une tenue correcte était exigée, les hommes avec au minimum une veste de costume et une chemise, blanche de préférence et les femmes, une simple robe de cocktail devrait suffire, maintenant choisis celle qui te plaît, dit-elle en désignant de la main la penderie aux mille merveilles.
- heu... TA liste d'invités? C'est à dire? Il s'agit de mon anniversaire, une soirée toute simple, sans chichis, entre amis ..
- J'ai invité quelques connaissances, ma chérie, rien d'important, tu va avoir dix huit ans et dans quelques mois tu auras ton bac. Je pense qu'il est utile d'avoir de bonnes relations avec des personnes bien placées dans différentes universités, juste histoire d'avoir un petit coup de pouce au cas où, voilà tout
- Ah ok... sympa la confiance, tu crois que je ne suis pas capable d'obtenir une bonne place sans piston?
- Ce n'est pas ce que j'ai voulu dire, ne te fâche pas, dit elle en me prenant par les épaules, je dis juste que de mettre toutes ses chances de son côté quand on le peut est tout à fait normal. Bon oublie ça, tu ne sera pas obligé de leur parler si tu ne le souhaites pas;
Elle m'embrassa sur le front et ajouta:
"- C'est ta journée aujourd'hui, souris et choisis cette robe haute couture qui te fait te sentir princesse.
D'un pas hésitant, je commence à farfouiller entre les différentes pièces. J'élimine d'office toutes les vertes et les violettes qui me donnent un teint de mourante et qui vont à merveille à ma tante grâce à sa chevelure rousse épaisse et bouclée. Il va m'être difficile de trouver quelque chose qui me donne un peu d'allure avec mon mètre soixante quatre et mes trois poils sur le caillou (expression de mon père se moquant de mes cheveux plats, ni blonds ni châtain). Je fais glisser les différentes housses de protection, prenant garde à ne rien abîmer en ouvrant les fermetures éclair pour toucher les différentes étoffes. Certaines tenues , garnies de froufrous et de volants semblent tout droit sorties d'un bal de promo des années quatre vingt. J'imagine ma tante avec une choucroute sur la tête, vêtue d'une robe mauve à volants et épaulettes, je rie toute seule. Sous les différentes housses se trouvent d'innombrables boîtes à chaussures aux noms éloquents: Gucci, Alexander Mc Queen, Dior. J'espère pouvoir en emprunter une paire ce soir. Plus je m'enfonce dans le dressing et plus il semble immense. De l'extérieur, il ne fait pas si profond.
"-Je vais finir par arriver à Narnia! " me dis-je en pouffant de ma sottise
C'est alors que je baisse les yeux vers le fond du dressing et aperçois un filet de lumière au sol. Laissant mes recherches de la robe miracle, je m'approche lentement de la cloison. Je plaisantais sur Narnia mais là c'est vraiment bizarre. Je tends la main, effleure le bois clair devant moi et trébuche sur une sandale Yves Saint Laurent. Je n'ai pas le temps d'y prêter attention. Une porte dérobée s'est ouverte.
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Défi
Chrisaltide thithival
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Chrisaltide thithival


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Ma chère Anna,
Je ne te raconterais pas l'horreur de la guerre. Je ne te décrirais pas l'odeur âcre du sang, ni cette impression d'être toujours sale, poisseux de sueur et de boue. Je n'évoquerais pas non plus les cris horrifiants de l'ennemi et encore moins les plaintes de nos soldats blessés et mourants que nous devons achever de nos mains. Marcel, le mari de la Berthe est à mes côtés. Nous parlons du temps d'avant, quand nous étions dans nos fermes, prés de vous. Il me raconte des histoires qu'il invente et rit à gorge déployée. Je ne sais pas s'il est emplit d'un courage qui m'impressionne ou s'il est tout simplement devenu assez fou pour oublier le bourbier où nous sommes. Je préfère encore le croire courageux. Nos bataillons s'amenuisent jour après jour, et l'espoir de rentrer s'estompe d'autant. Je rêve de te serrer dans mes bras , de voir Jean devenir un homme et Colette être aussi belle que toi le jour où je t'ai rencontré. Te souviens-tu de cette journée au marché? J'avais dix sept ans et toi à peine quatorze. Tu venais acheter du sucre, je venais vendre les poulets que mon père m'avait forcé à égorger le matin même. J'étais bouleversé, tu m'a consolé et rassuré. C'est à ce moment que j'ai su que je voulais t'épouser.Un an plus tard nous convolions en juste noces. Dix ans ont passés et ce sont les pieds dans la boue, à des centaines de kilomètres de toi que je te souhaite un joyeux anniversaire de mariage, mon amour. Un obus vient de tomber dans la tranchée, je dois te laisser. Embrasse les petiots pour moi.
Ton Eugène qui t'aime
le 06 juin 1916
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Mon bien-aimé mari,
Ta dernière lettre m'a rappelé de si beaux souvenirs! Je ne me lasse pas de la lire. Les enfants demandent souvent de tes nouvelles . Malheureusement ils étaient trop petits lors de ton départ mais je m'évertue à décrire ton visage, tes yeux rieurs et je leur raconte les plaisanteries que tu leur faisais. Depuis quelques mois, les compagnes des soldats et moi-même avons été réquisitionnées à l'usine Perneau. Nous assemblons les armes et remplissons les munitions. Je prie chaque jour que chacune d'elles te protège des féroces armées qui te font face. Tenir la ferme et travailler à l'usine chaque jour est ardu. A dire vrai, le plus difficile est de supporter Berthe se plaindre toute la journée de la tyrannie de notre chef d'équipe. Elle ne comprend pas qu'elle le fait pour notre patrie et encore plus pour nos hommes et nos fils qui se battent chaque jour au front. Notre Jean, si jeune, m'aide beaucoup. Accompagné de Colette qui le suit comme elle peut, il a creusé les sillons de nos deux champs tandis que sa petite soeur, de ses petits bras frêles, semait les grains de maïs et de blé. Ils font à eux deux la gloire du village. Les autres marmots ont commencé à les imiter en se chargeant de travaux pour aider leurs mères. Tu peux être fier d'eux.
Je pourrais t'écrire encore des heures, te raconter en détail nos journées mais mon coeur se serre de briser le tien, tant je sais que tu voudrais vivre ces moments avec nous, comme nous te voudrions déjà à la maison.
Dans la hâte de te revoir, nous t'envoyons des milliers de baisers.
Anna, Colette et Jean
le 13 septembre 1916
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Ma belle Anna,
j'ai une grande nouvelle! j'ai obtenu de mon supérieur une permission pour la fête de Noël! je suis trés excité mais je reste humble pour tous mes compatriotes qui eux n'ont pas eu cette chance. Marcel est content pour moi et écrit chaque jour une lettre pour Berthe que je lui apporterai. Il a aussi fabriqué du mieux qu'il a pu un étendard bleu, blanc et rouge qu'il voudrait voir accroché à sa barrière à son retour.
Il me tarde de vous serrez tous les trois dans mes bras et d'admirer pour quelques jours notre belle campagne recouverte d'une neige blanche et immaculée. Ici tout est morne, gris, sanglant et boueux, nous ne voyons que le blanc du papier, sali par le voyage, qui nous parvient avec vos mots si doux.
J'ai une seule requête mon amour. Lors de mon retour pour quelques jours, je voudrais ne plus être en guerre, je voudrais juste que nous soyons une famille qui s'aime, qui se réunit, qui va à l'église pour la messe de minuit, je voudrais que nous soyons juste les citoyens d'un pays qui a pour devise la liberté, l'égalité et la fraternité, trois mots qui me sont chers et qui nous manquent cruellement à tous sur le front.
Je sais que tu respectera mon souhait et que nous serons à nouveau heureux quelques jours. Embrasse fort les enfants pour moi et n'oublie jamais que je t'aime.

Ton Eugène
le 02 novembre 1916
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Chrisaltide thithival

Un peu en retard, le texte arrive demain
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Chrisaltide thithival

- Et voilà ! Nous voici de nouveau confinés!
- Qu'est ce que cela peut bien te faire à toi, tu es à la retraite et tu ne sors jamais le bout de ton nez!
Myriam en avait assez d'entendre son mari geindre sur toutes les informations qui passaient sur BFMTV. Il restait toute la journée dans son fauteuil confort, qui lui avait coûté les yeux de la tête, à se ronger les ongles et à prendre sa température trois fois par jour. Il l'évitait même elle, se tenant bien à un mètre cinquante de distance à table, règle d'ébéniste en main, lingettes désinfectantes et gel hydroalcoolique à portée de main, s'assurant de sa propre sécurité. Cela faisait déjà des années qu'ils faisaient chambre à part, depuis que les enfants étaient partis. Depuis cette histoire de Covid, ils devenaient des étrangers dans une même maison.
Gérald, quand à lui, ne semblait pas affecté par cette distance. Il gardait en tête que cette maladie était mortelle, que les personnes âgées étaient plus fragiles, ça lui suffisait pour croire qu'il avait raison. Il n'avait pourtant que soixante deux ans. De toute façon , se disait-il, ils n'avaient jamais été trés proches. Elle était juste là quand le temps du mariage était venu. Son père l'avait un peu poussé mais il y était allé à contrecoeur. Il ne pouvait pas lui dire que ce qui le gênait le plus dans le confinement était justement qu'elle serait confinée avec lui. Il n'eût pas besoin de poser la question, Myriam, continuant de râler assez fort depuis la cuisine pour qu'il l'entende, prononça les mots qui le soulagèrent instantanément:
"- ...heureusement que cette fois je continue à travailler, parce que t'avoir dans les pattes toutes la journée...
Il n'en écouta pas plus. Il lui proposa gentiment de choisir le programme de la soirée et se remit à zapper entre les différentes chaînes d'infos.

Chacun d'eux était satisfait de ne pas être ensemble vingt quatre heures sur vingt quatre, satisfait de ne pas avoir à supporter l'autre, satisfait de se complaire dans leur solitude.
Le lendemain, Myriam partit à son travail, masquée, attestation dérogatoire professionnelle en poche au volant de sa berline. Comme à son habitude, Gérald guettait son départ à la fenêtre, veillant à ce qu'elle n'accroche pas les rétroviseurs aux colonnes soutenant le portail en fer forgé. Dés qu'il vit la voiture s'éloigner, il mit sa veste en daim un poil trop grande et se dirigea comme tous les matins au bar tabac du coin de la rue. Myriam ignorait tout de sa petite balade matinale, et il ne voulait absolument pas qu'elle l'apprenne. Si elle savait qu'il jouait au tiercé et aux jeux à gratter, elle le houspillerait pendant des heures. Plutôt mourir!
"- salut les gars, dit-il avec un geste de la main
-salut Gégé! répondirent en coeur deux gendarmes qu'il avait coutume de croiser tous les matins.
Personne dans l'établissement ne portait de masque mis à part le patron, prostré devant sa caisse et son panneau en plexiglas déjà jauni. Gérald bu un café, et commanda quatre tickets à gratter. Connaissant ses habitudes, le gérant le laissa choisir ses tickets tout en racontant une drôle d'histoire sur son fournisseur. Il avait été mis en quatorzaine parce que sa femme était positive au test Covid. Gérald était devenu blême. Il tint son visage à deux mains, commença nerveusement à se ronger l'ongle du petit doigt, dernier survivant de sa vilaine manie et décida de rentrer.
"- Je vous laisse, demain je passe pas , j'ai un truc de prévu" dit-il , laissant la porte du bar se refermer sur lui.
Il arpenta la route au petit trot, plus vite que s'il était poursuivi. Il se lava les mains durant dix bonnes minutes, désinfecta ses tickets et mis tout son linge au lavage, veste comprise. Il l'avait échappée belle ,pensa-t-il.
Il glissa ses tickets dans son portefeuille, prit sa température, 36,7°C; Tout va bien.  Gérald reprit sa place dans son fauteuil, grignotant le reste de ses ongles désinfectés et alluma la télé.
Myriam rentra plus tard que prévu et fût reçue par les jérémiades de son mari. Il avait faim et habituellement, ils mangent à vingt heures, devant le journal télévisé. Elle lui répondit d'un ton sec:
- y'en a qui travaille et si vingt et une heure c'est trop tard, va te coucher, tu mangeras mieux demain! Surtout que finalement, je suis confinée, un collègue est positif, ils ferment toute la boutique.
- Tu dois faire un test!
- et d'aprés toi , pourquoi je rentre si tard? La patronne a fait venir une infirmière qui nous a tous testé et je suis clean! ça t'en bouche un coin, hein?!
- bon, je vais faire des omelettes, tu sors les chips?
D'un hochement de tête, elle acquiesca et s'exécuta.

Les deux semaines qui suivirent furent calmes, chacun vacant à ses activités, chacun dans sa pièce et ne se rejoignant que pour les repas. Chacun d'eux n'avait aucun regard pour l'autre, tous deux ne se préoccupant que de lui même. Myriam espérait pouvoir reprendre le travail et Gérald enfonçait chaque jour un peu plus l'assise de son fauteuil hors de prix.
Un matin le téléphone sonna. C'est Myriam qui se leva la première pour répondre. La porte de Gérald était encore close. Au bout du fil, sa patronne lui annonçait qu'elle pouvait reprendre dés le lendemain. Ravie, elle grimpa deux par deux les marches de l'escalier menant aux chambres. Elle toqua, mais n'optînt pas de réponse.
- Gérald? Dit-elle en entrebaillant la porte
Mais Gérald n'était plus. Il avait succombé. Le Covid l'avait emporté et elle n'avait rien vu.
- Tu étais confiné! lâcha-t-elle dans un sanglot avant de refermer la porte.
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Chrisaltide thithival

la lampe du plafonnier occillait. Bientôt le filament grillerait. Le detective ne comprenait rien à cette scène de crime. Une femme, plutôt quelconque d'aspect, les cheveux ternes, les yeux d'un bleu délavé fixant le mur fade de son appartement, gisait au sol. Des photos d'elle en compagnie d'hommes de belle prestance, de femmes élégantes étaient éparpillés un peu partout. Tout ce qu'il regardait, tout ce qu'il inspectait ressemblait à un crime passionnel. Son problème était que ce genre d'affaire concernait des femmes magnifiques, victimes d'un amant jaloux, ou d'un mari trompé. Cette femme là vivait seule avec deux perruches. Elle semblait être appréciée de chacun, participait à de nombreuses associations du quartier et faisait même du bénévolat. Tous les personnes que le detective avait interrogé étaient du même avis. Elle était une belle personne, altruiste, qui prodiguait beaucoup de conseils à qui venait lui en demander.
Il se rendit sur son lieu de travail où tous ses collègues ne dérogeaient pas du point de vue de ses voisins. Elle était gentille, à l'écoute , serviable. Elle avait même aidé une jeune fille à intégrer une université à Marseille alors que sa famille vivait à Paris. Il vit dans cette anecdote une piste à suivre. Rapidement, il sauta dans le premier metro pour rejoindre le treizième arrondissement. Il sonna à la porte d'un appartement plûtot vétuste et attendit. Une belle femme d'une quarantaine d'année lui ouvrit.
- detective Chritay, madame, bonjour, je souhaite vous parler de Jeanne, qui travaillait avec votre fille Lola.
- oui, entrez, je la connaissait bien , elles étaient amies toutes les deux
-votre fille n'a-t-elle pas été victime d'un accident sur Marseille, il y a deux mois?
le detective avait bien creusé son sujet en naviguant sur internet et en interrogeant un ami , agent de police dans la cité focéenne.
- Oui, effectivement, sanglota-t-elle, elle a succombé à une balle perdue dans une fusillade entre jeunes rivaux
-Je suis désolé, et je vous présente mes condoléances , madame mais je suis obligé de vous poser la question: en avez vous voulu à Jeanne d'avoir encouragé Lola à partir?
-Oui bien sûr, sa beauté intérieure à tué ma fille, ma peine a tué cette femme.

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Chrisaltide thithival
bonne lecture ;)
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