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GoLrine

Second profil. Pourquoi second ? Découvrez l'oeuvre "Comment te dire maman ?" Et vous trouverez la réponse.

Ecrire est une activité récente. Sept tous petits mois. Tant de libération, tant de choses couchées au fil des défis, tant d'analyses et de rétrospections... Oui, écrire est salvateur. Mais peut-on tout écrire ? Oui, lorsque des inconnus nous accompagne. L'entourage ? Bienveillant, il ne jugera jamais, mais suis-je prête à tout leur dévoiler ? Non.

N'avons-nous pas tous droit à notre jardin secret ? Alors ici, voici mon jardin secret.

Bienvenue.

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œuvres
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défis réussis
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"J'aime" reçus

Œuvres

Défi
GoLrine
Petit défi qui devient grand.
Un jour, peut-être, tu liras tout ceci.
En attendant, je pose sur le clavier mes plus douces pensées concernant la folle aventure qu'est la parentalité.
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GoLrine

Comment t'avouer que depuis ton arrivée sur Scribay, je me sens limitée. Idiot, n'est-ce pas ? Probable. Sept mois de jardin secret. Puis, un jour, j'ai ouvert ma carapace et me suis emballée :
oui maman, j'écris.
Bienveillante, fière, te voilà possédée d'une envie : me lire. Fille aimante et ne désirant que ton bonheur, j'offre alors cette si belle parenthèse de ma vie après quelques insistances. Qu'est-ce que je risque au juste ? Ne suis-je pas de plus en plus fière de mes écrits ? Bien sûr. N'ai-je pas envie de dévoiler mon loisir à vous, mon entourage ? Je le croyais. Seulement, je me suis trompée. Comment l'avoir réalisé ? Simple.
Un texte. Une possible participation à un concours et une volonté de ta part, m'aider, m'accompagner dans toute ta bienveillance et ta fierté de maman. Mais ici, maman, ici, j'ai envie d'avancer seule. Pas prête encore à révéler toutes les failles parfois si bien dissimulées dans mes écrits. Pourtant, j'avais pensé être claire :  
non maman, merci mais ce texte restera en l'état. J'en suis fière et je ne veux pas qu'on le travaille ensemble.
Peut-être est-ce de ma faute, peut-être n'étais-je pas suffisamment déterminée. Ici maman, ici, j'ai envie de tout écrire. Puis-je le faire ? Me jugeras-tu ? Jamais et je le sais, mais maman, oh maman, moi en revanche je ne suis pas prête à autant me dévoiler. Un jour peut-être. Dans une semaine, dans un mois, jamais ? Je ne sais pas. Mais sache maman qu'au moment où je souhaiterais avancer à tes côtés, je glisserais mes doigts dans les tiens et tu sauras. Tu sauras que je suis prête à tout offrir au plus précieux des soutiens. Toi, maman. Vous tous. Mais là, je réalise que je ne suis pas encore prête. Votre regard est si riche, votre amour est si puissant, mais je veux que ce talent m'appartienne à moi et moi seule, le plus longtemps possible. Unique contrôle ? Moi.
Alors maman, s'il te plaît, accepte de lâcher-prise. Accepte de ne pas contrôler pour une fois. Te supplier ? Non. T'implorer ? Non plus. En appeler à ta bienveillance et à ta fierté de maman. Oui, ta fille écrit. Bien sûr que sa plume est la meilleure, puisque c'est celle de ta fille, mais ici, désormais, je ne peux plus tout écrire. Alors comment faire ? Quel stratagème trouver pour ne pas te vexer ? Car non maman, je ne supporterais pas de te blesser, je veux seulement vivre ma passion et coucher sur le clavier mes craintes, mes angoisses, mes démons et mes failles sans me sentir oppresser par des annotations que je sais bienveillantes. Une idée. Une simple idée. Un autre compte. Une autre riGoLaune.
Golrine.
Tout recommencer. Ici, mon souhait ? Etre seule, seule avec des inconnus aux plumes toutes plus douées les unes que les autres. Plumes invisibles qui lisent sans analyse inconsciente. Et si tu lis maman, saches que je t'aime. Je ne le dis jamais, je ne l'écris que trop rarement, tu le sais, une pudeur familiale. Un héritage de papa ? Très probable. Mais ici maman, avec tout ce que je place ça et là au gré de mes oeuvres, cette pudeur est exacerbée. Il me faut un exutoire, un moyen de tout libérer, de vider et d'analyser aussi. Aurais-je un jour le courage de te faire lire ce texte ? Je ne pense pas. La raison ? J'ai si peur maman, si peur de t'offenser, parce que je t'aime si fort maman, si fort.
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Défi
GoLrine

Défi entremélé à un autre. Sur un piano (4ème édition).
Musique choisie : Yann Tiersen. Naval. https://www.youtube.com/watch?v=m4kRciR7Eo4&feature=youtu.be
Ce sujet m'a fait trembler à la minute où mes yeux se sont posés sur lui. Comme mon cœur a tremblé le jour où il est revenu, les mains sur le crâne, le visage déconfit, le regard éteint.
— Il est mort, a-t-il alors sangloté en plongeant dans mes bras tremblants.
Son père, mort ? Enfin...
Est-il sûr ? Est-il encore chaud ? Y a-t-il un espoir ?
— Va voir, et tu comprendras.
Ni une, ni deux, me voilà sur le trottoir, la maison voisine, puis, sa maison, la maison de mon beau-père. Deux voisins se trouvent sur le portillon, eux aussi ont la mine des mauvais jours. À l'intérieur, le silence. Glaçant, terrible, morbide. Jamais la télé n'est éteinte dans cette maison, toujours le chauffage inonde l'air de ses effluves les plus puissantes. Ici, le silence et le froid. La mort avant même de l'apercevoir.
Couloir. Salon. Table basse. Pieds qui dépassent, nus, blancs. Sur le sol. J'approche. Une main. Son dos.
—Philippe...
Rien. Froid. Glacé. Dur. Rigide. Mort.
Dieu qu'il est maigre, il avait raison, son fils, mon amoureux, avait raison. L'ombre de lui-même. Voilà ce que cet homme était devenu. Voilà ce que la dépression et l'alcool avaient fait de lui. Un spectre avant l'heure. Un poids pour le seul qui y allait encore. Une angoisse ? Ça. Le découvrir. Le retrouver. Être fracassé contre cette mort misérable.

— SAMU bonjour.
— Bonjour, je vous appelle car je ne sais pas du tout qui appeler. Mon beau-père est mort.
— Vous êtes sûre madame ? Pouvez-vous vérifier son pouls, sa respiration. L'avez-vous appelé ? Répond-il ?
— Il est glacé, il est dur, il est face contre terre, il est mort. C'est certain.
— Madame, j'ai besoin que vous me disiez s'il n'y a vraiment plus d'activité cardiaque ni respiratoire.
— N'avez-vous pas compris mes propos ? Vous n'êtes pas en train de me demander de le retourner pour faire face à son visage ? Ne me demandez pas cela.
— Avez-vous accès à sa nuque ? Si oui, pressez deux doigts.
Alors ? Alors j'ai menti. De quoi avais-je peur ? D'un gasp. D'un soubresaut de la mort. D'un corps en acidose telle que le cerveau envoie des décharges pour tenter l'impossible. Oui, la mort, une sage-femme la connaît. Hors de question de subir celle de mon beau-père tandis que l'homme de ma vie s'effondre devant l'entrée de sa maison.
— Rien. Il n'y a rien.
— Et est-il rigide ? Retournez-le madame.
— Non. Je ne le retournerai pas.
— Alors essayez de plier une jambe.
Pantalon tiré, jambe en l'air. Dix petits centimètres. Rien de plus.
— Madame, les pompiers sont en chemin.
Camion tonitruant. Pourquoi se précipiter ? Il est bel et bien mort. N'êtes-vous pas en train d'offrir un espoir inutile et cruel à l'homme qui pleure devant la porte ?
Thermomètre. Front. 22 degrés.
— Je suis désolée, Madame, votre beau-père est décédé.
Soulagement. Suis-je horrible d'être soulagée qu'il soit parti ? Oui, je suis une personne insensible et atroce, à la carapace cuirassée. Lui, mon homme, ma moitié, s'était effondré. Ai-je seulement pleuré vous demandez-vous peut-être. Bien sûr que j'ai pleuré. Pleuré de déception. Cet homme avait tout gâché. Quelle chance d'être en vie, d'être en bonne santé. Pourquoi tout ruiner ? Pour ça ? Du Ricard ? Du rosé ? Et une solitude étouffante ? Qu'a-t-il gagné ?

— Si jeune... annonce le médecin de garde.

Sur le sol. Baignant dans son vomi. Vision déchirante d'une fin de vie impuissante. Certificat rempli à quelques mètres de lui. Oui, si jeune... Comment avoir glissé ainsi ? Au point de ne plus manger. De ne plus vivre. De boire, de vomir, de fumer et de dormir ? Quelle vie était-ce ? A-t-il seulement pensé à son fils qui subissait de plein fouet la détresse de cet être en souffrance ? Oui, une part de moi lui en veut.


— Lorsque vous le retournerez, j'aimerais voir son visage, s'il n'est pas trop abimé.
— Vous êtes sûre, Madame ?
Les pompes funèbres semblent étonnées.
— Oui. Je veux voir s'il a souffert.
Pourvu qu'il n'ait pas souffert. Les minutes sont longues. Puis, la bache blanche est soulevée. Il s'est éteint, à bout de forces. Sur son visage émacié, on observe presque le soupir de la mort, dernier souffle imprimé à jamais sur son corps et sur mes paupières. Notre dernier partage.
— Philippe... Qu'avez-vous fait... je me surprends à dire.
Notre dernier échange.


Philippe, vous avez fait du tort aux vôtres et vous êtes retrouvé seul. Votre vie est la conséquence de vos choix. Mais lui, lui il est resté, envers et contre tout. Contre les mensonges, contre la honte, contre le dégoût, peut-être. Il est resté. Il est resté car il vous aime si fort. Vous n'étiez plus un papa pour lui. Vous êtiez un ami, un ainé qu'il fallait respecter. Des heures passées sur la route pour vous rendre visite à la clinique. Des allers-retours aux urgences lorsque, pris d'angoisse, vous appeliez les pompiers ou nous suppliez de le faire pour vous.
Il vous a offert la meilleure part de lui. Sa générosité. Son altruisme. Son absence infinie de jugement. L'avez-vous seulement remercié ? Vous êtes vous seulement excusé ? Jamais. L'appeler quand vous aviez besoin, mais ne pas l'appeler pour son anniversaire. Lui demander de venir pour acheter de l'alcool mais ne jamais l'inviter à manger. Il vous a tout donné. Vous lui avez tout pris.
Alors oui, Philippe, je vous prie d'accepter ma colère qui me semble légitime.
Quand il dort dans le canapé, vous n'imaginez pas comme j'ai peur qu'il devienne comme vous, incapable de dormir dans une chambre. Nécessitant toujours le bruit sonore d'une télé pour ne pas se confronter au silence d'une vie de solitude. L'impact que vous avez eu sur sa vie, est pour l'instant si noir, si morbide. Votre mort, sa perte, l'a brisé. Il vous a perdu et pour lui, il a échoué. Echoué à vous sauver...
S'il y a quelque chose après la mort, j'espère que vous pouvez lire ces mots, que vous pouvez voir sa détresse. Sachez, Philippe, qu'à l'inverse de vous, il ne sera jamais seul. Où étiez-vous à son âge ? Que faisiez-vous ? Vous buviez déjà. Vous terrorisiez sa mère. Vous effrayiez vos enfants par vos coups de sang. Enfin, vos enfants... Votre aîné. Car lui, Philippe, lui n'a jamais eu peur de vous. Peut-être est-ce pour ça, d'ailleurs qu'il est resté. Alors non, Philippe, je ne le laisserai pas devenir vous. Je vais lui laisser le temps de digérer sa tristesse, d'appréhender sa dépression, de contrôler sa peur, puis, quand le temps sera venu, on se battra, on tapera du poing sur la table et on se reprendra. Ensemble. Il n'est pas seul, Philippe. Il n'est pas comme vous.

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