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Jean-Marc Kerviche

Jean-Marc Kerviche est un ancien technicien des télécommunications.
Pendant une quarantaine d'années sa profession lui a permis de pénétrer tous les endroits, du sommet de la Tour Eiffel au plus profond sous-sol des tours de la Défense. De la chaufferie urbaine de Nanterre, celle qui a explosé en 1994 aux entrepôts frigorifiques du pavillon de la Marée à Rungis. Des maisons de rendez-vous discrètes du 16ème et des palaces du 8ème aux meublés crasseux et hôtels de passe sordides du 18ème, des restaurants les plus étoilés aux tripots de la proche banlieue parisienne où l'hygiène n'est pas toujours là où on l'imagine.
Il a côtoyé tous les milieux sociaux, de ceux qui résident dans les appartements les plus luxueux de l'avenue Foch dont la plupart des murs sont parés d'œuvres originales à ceux qui fréquentent les foyers municipaux de la Ville de Paris parce que sans-logis ou complètement démunis, sans émettre de réflexion et avec le détachement qui sied, des officines des partis politiques de droite comme de gauche, sans à priori, des églises, des temples aux organismes de secours juifs, sans état d'âme, et des maternités aux mouroirs sans manifester la moindre émotion de crainte qu'elle ne soit déplacée.
Ayant alterné ses visites aux plus riches, aux plus suffisants, aux plus en vue, et ses rapports avec le monde du travail, il a le plus souvent joué les figurants et se fondait dans le décor.
Il a beaucoup vu, beaucoup ressenti. Avec recul, il lui reste les odeurs, les impressions et les jugements. Pouvant difficilement parler à cause d'un incident de parcours, il a naturellement choisi l'écriture pour s'exprimer. Il traduit aujourd'hui ses ressentis dans le roman, mêlant tour à tour les personnages, les lieux, les circonstances, jouant sur les contradictions, les rêves, les craintes, les attentes, les désirs, les inimitiés, le tout saupoudré de drames pour créer des histoires imaginaires.
55
œuvres
1
défis réussis
21
"J'aime" reçus

Œuvres

Jean-Marc Kerviche

 
Compte rendu de l'opération avec le robot Da Vinci Xi ci-après menée par le Dr Gorphe chirurgien ORL et le Dr Qassemyar Chirurgien plasticien, ressentie du côté patient :

 

Prendre son mal en patience n’aura jamais été aussi bien illustré.

 

J’arrive un 12 avril vers les 15 heures à Gustave Roussy.

Après avoir satisfait à l’administratif et avoir rempli une douzaine de flacons de sang, je monte au deuxième étage où l’on m’indique ma chambre.     

On me communique les dernières obligations : La douche la veille de l’opération et le lendemain aux aurores. Je ne dois rien absorbé après minuit, sinon comme d’un "Mogwaï", je me transforme en Gremlin. Non, je plaisante !

La nuit se passe sans encombre aucune. L’aube se lève. J’entends les infirmières qui s’agitent dans le couloir. L’une d’elles me prévient qu’un brancardier va venir me chercher.

Je ne sais pas si je suis anxieux, soucieux, dubitatif, interrogateur. On serait à moins perturbé, mais je reste zen. Le brancardier se présente à moi avec une chaise roulante et me demande si je préfère le suivre à pieds. J’opte pour la marche à pieds.

Le bloc est à l’étage, je le suis et passe la porte qui mène aux salles d’opérations et je réalise soudain que je n’ai pas avec moi mes bas de contention. Je les ai oubliés. Mais où ai-je la tête ? Je propose de retourner dans ma chambre les rechercher. Impossible, me dit-on, on ira les récupérer. Mais savent-ils seulement où ils sont ? Je ne le sais pas moi-même ! Une impression diffuse m’effleure, je me sens comme ces bœufs dans le couloir qui mène à l’abattoir sans possibilité de revenir sur leurs pas. Mais je ne manifeste pas mon appréhension toutefois bien légitime.

J’arrive dans une salle où déjà attendent d’autres patients. Le climat n’est pas à la fête loin de là. Deux femmes, dont une arbore le fouloir caractéristique des musulmanes sont en train de prier, psalmodiant ou plutôt marmonnant en tremblant, les paumes des mains tournées vers le ciel ; Une autre, angoissée, prostrée, fixe l’horizon, un horizon qui s’arrête au mur d’en face. Quelques hommes graves et soucieux, une charlotte blanche sur la tête, des chaussons en cellulose bleue aux pieds attendent également l’appel de leur nom.

Et l’un après l’autre, ils se lèvent et disparaissent derrière un accompagnant portant leur dossier. Je reste le dernier et constate à ce moment que le seul dossier qui reste sur la table est le plus gros dossier de tous ceux qui y étaient précédemment. Il se trouve que c’est le mien. Comme j’ai débuté en 1986 quoi de plus normal !

Au moment où l’on m’appelle, arrive un homme à la face défigurée par de probables précédentes opérations, détendu autant qu’on peut l’être dans un moment pareil, tout sourire, affichant une décontraction que je suis loin d’égaler. Je me lève et passe devant lui. Il me lance un "Bonne chance". Je ne peux que lui répondre "Pareillement" et m’éclipse derrière mon guide auquel je rappelle mon oubli des bas de contention. Il me conseille de ne pas m’en faire, qu’ils vont s’en occuper…

Contraint, je le suis dans un dédale de larges couloirs, tourne à gauche, puis à droite, puis encore à gauche vers un lieu différent des premières fois où l’on m’a pratiqué la trachéostomie l’année précédente et tout récemment l’ultime biopsie du 14 mars, un peu à l’écart, jusqu’à arriver devant deux portes l’une à gauche l’autre à droite toutes deux à double battant. La porte de droite s’ouvre largement. Je constate qu’on m’attend. Dans une salle où l’équipement m’impressionne, 6 à 8 personnes s’affairent en silence.

Les deux tables d’opérateurs sont sur ma gauche et plus éloigné sur la droite le fameux robot "Da Vinci Xi", la toute dernière génération de robot encore en attente d’homologation. Le seul en France, je me conditionne comme peuvent l’être les astronautes en partance pour l’espace ! Cela a réussi une fois il y a trente ans sans tout ce matériel, aucune raison que cela ne réussisse pas cette fois-ci avec une technique moins invasive. Bref, une expérience à ne pas rater pour le technicien et réparateur dans l’âme que je suis ! Je l’observe dans son coin en attente, tentacules prêtes à l’emploi comme les pattes ou les pinces d’un crabe. Une idée me vint "Crabe contre crabe "!    

J’avise la table sur laquelle on me prie de m’allonger. Curieusement elle n’est pas sous le robot. J’imagine qu’on va la déplacer une fois que je serai prêt. On m’harnache de raccordements, tuyaux, cathéters et câbles de toutes sortes. Je me laisse faire, pose des questions. On daigne me répondre et puis plus rien...

… Je me réveille, non pas dans la salle habituelle comme je m’y attendais mais dans un endroit peu éclairé, malmené de tout côté par des bras experts auxquels je m’abandonne. Je ne sais pas où je suis, pourquoi je suis ici, ce que je fais raccordé de tous côtés. On me donne des consignes, m’indique la sonnette d’appel et la commande de la pompe à morphine sur laquelle je dois appuyer si je ressens une douleur trop intense. Je rêve ou cauchemarde ? Je porte la main à la bouche, me palpe la gorge, tâte la mâchoire, constate avec soulagement qu’elle est entière, qu’elle n’est pas ouverte en deux ainsi que je le craignais.

Je découvre en rêve Grazia à mes côtés, douce et apaisante. Elle me signale que Benoit, un de mes fils, est présent dans le couloir. Elle m’embrasse et s’en va, Benoit la remplace. Je suis las, sors à peine des limbes, lui parle sans me rendre compte de ce que je dis. Il doit s’apercevoir qu’il est venu trop tôt. Pauvre Benoit. Il m’embrasse et s’éloigne… je dors… J’apprendrai plus tard que c’était le lendemain de l’intervention et que ma Grazia était déjà présente la veille au soir vers les 22 heures, soit plus de 13 heures après le début de l’opération alors que j’étais totalement inconscient.
Je réalise que je suis en chambre post-opératoire, surveillé comme le lait sur le feu encore raccordé de partout, électrocardiogramme, perfusions, drains de toute nature sortant des plaies au cou et à la cuisse, et nanti d’une sonde urétrale.

Je n’ai aucune notion du temps. Je dors, me réveille au gré des douleurs actionne la pompe à morphine et me rendors. On me lave à même le lit, de la tête aux pieds, de l’entre jambes aux fesses, me savonne et me rince comme un légume, me déplace et me change comme un bébé, incapable de mobilité. J’apprends que j’ai les fesses sclérosées, le dos endommagé et les talons en compote. Pendant l’opération on s’est occupé de tout, de mon rythme cardiaque, de ma tension artérielle, de ma température corporelle, de mon endormissement, d’une aération optimale et du gaz dans le sang, bref tout ce qu’il faut pour me maintenir en vie mais pour ce qui est de mes fesses personne ne s’en est occupé, mieux j’apprends qu’on a fait baisser ma tension pendant l’intervention. On appelle cette opération « hypotension contrôlée » dans le but d’éviter des hémorragies toujours possible ce qui a eu pour conséquences les escarres au sacrum, au dos et aux talons. Rester allongé figé pendant plus de douze heures sur une table d’opération dans une totale immobilité a contribué à rendre les fesses totalement insensibilisées.

Bref, j’en suis sorti. J’ai dans l’idée que tout est fini ou plutôt que tout commence. De loin me viennent des gémissements, plaintes et invocations mêlés d’autres patients en souffrance dans des chambres voisines. 

Après Dimitri, l’infirmier de la zone post opératoire, je retrouve à l’étage au-dessus Marion la rigolote qui m’avait accueilli la veille de l’opération le rire comme arme contre l’angoisse et le désespoir, un rire de protection autant pour elle que pour ceux qu’elle assiste. Je découvre la sereine Catherine, douce et réservée comme un baume venu d’ailleurs qui demande pardon à chaque douleur qu’elle m’impose quand bien même je ne ressens rien, Rim, la méditerranéenne, directive, rapide et sûre d’elle, presque la Speedy Gonzales de l’hôpital, Evelyne, la petite dame de Juvisy, infirmière reposante et pleine d’empathie, qui cajole et rassure pour la nuit, Camille, complice, formatrice efficiente qui délivre ses conseils aux apprenties et à tous ceux qui veulent bien l’entendre ou encore Claire, le rire en embuscade et son Cameroun natal rivé au corps jusqu’à la toujours disponible Ludivine qui satisfait à toutes mes demandes mêmes les plus incongrues… tous et toutes au service du patient souffreteux que je suis.

Je découvre des voisins de chambre, dont les visiteurs parlent sans se soucier qu’on les entende qui doivent très certainement autant saouler leurs hôtes que moi-même, la porte de la chambre qui les reçoit grande ouverte. Des voisins, qui tentent de faire partager des goûts en matière télévisuelle essentiellement axés sur le divertissement ou les émissions débiles. Entendre des rires quand on n’a pas le cœur à rire, c’est le summum du pire.

Il y en a même qui poussent la chansonnette dans le couloir sans se soucier le moins du monde que leurs voisins cherchent désespérément un sommeil qui ne vient pas. J’entends des "monsieur Perret" par ci, des "monsieur Perret" par là. Quand on s’appelle Perret à quoi effectivement s’attendre ?

Je reste dans ma chambre la porte close mais elle ne m’empêche pas d’entendre tous les bruits du couloir, les allers et venues des uns et des autres, des échanges normaux pourrait-on dire entre soignants aux conversations sans fin de ceux qui tiennent absolument à nous faire partager leurs points de vue et desiderata à haute voix.

J’entends une femme dans le couloir qui claironne que son mari va bien, que la famille va bien, s’y reprend à plusieurs reprises pour attester ses dires, demande également des nouvelles à celui auquel elle s’adresse, lequel j’apprends que lui aussi va bien. La conversation s’éternise, je n’en puis plus. Cherchant le repos, le calme et la sérénité et pourquoi pas, un sommeil réparateur, j’avoue perdre patience et ouvre ma porte. Dans la chambre en face, la porte grande ouverte, je vois une femme, le portable à l’oreille, une autre assise sur une chaise à l’écart et un homme en pyjama à demi assis sur son lit. Je vais vers elle, m’apprête à fermer leur porte et me ravise. Elle s’interrompt, me regarde. Je lui lance : "Maintenant que nous sommes tous au courant que tout va bien pour vous, votre correspondant serait peut-être aussi intéressé de savoir que tout va bien aussi pour moi !" Interloquée, ne sachant quoi me répondre elle me lâche " C’est ma sœur !" Je rétorque : "Eh bien dites à votre sœur que moi aussi je vais bien !" Très certainement piquée au vif, alors que je m’en retourne, elle me fait "Et vos voisins, comment vont-ils ?" Je lui réponds : "Comment pourrais-je le savoir, je ne sais pas, eux, je ne les entends pas !"

La femme assise à côté me regarde sans mot dire, par contre je vois que l’homme au pyjama tout sourire dans le dos de sa femme me fait un signe, le pouce levé en signe d’approbation.

Un Koweitien qui râle à chaque inspiration, la porte de sa chambre grande ouverte au point que j’en suis à me demander quand il va passer de vie à trépas sans possibilité pour lui d’activer sa sonnette. Du coup je me déplace pour le signaler aux infirmières. On ne sait jamais !

Les nuits sont longues, trop longues. J’ignorais qu’il existât des nuits terribles à l’hôpital, des nuits qui n’en finissent pas, pendant lesquelles on espère que l’aube pointe son nez. Des nuits où tout ce qu’on peut souhaiter c’est de changer d’infirmière, notamment l’une d’elles avec sa tête de poupée en porcelaine du début du siècle dernier qui n’a de cesse de vous tarabuster pour vous refaire l’intraveineuse parce que, selon elle, la perfusion ne passe pas et qui ne renouvelant pas la poche de chlorure de sodium pendant plus de deux heures provoque justement l’arrêt de celle-ci. Puis, pour prouver sa bonne foi, vous repique à plusieurs reprises pour finalement réussir en vous laissant un bras perclus de douleurs pratiquement inutilisable, un bras qui garde encore la trace d’une auréole de 6 cm de diamètre plus d’une semaine après être passée du rouge au bleu noirâtre cerné de jaune.

La douleur, la fièvre, les tressaillements sans possibilité rapide d’amélioration peuvent vous amener à vouloir en finir et à passer à l’acte. Le cœur seul est le rempart qui vous permet de tenir, d’endurer. S’il est seul et fatigable, s’il est malade lui-même, il peut s’arrêter.

Et cette nuit où après avoir arrosé de vomissures toute la salle de bains du sol au plafond comme dirait Coluche parce que je ne suis pas arrivé à temps sur la cuvette des toilettes emberlificoté que j’étais par le tuyau de la perfusion et la corbeille de mouchoirs sales, rejetant nourriture, médicaments administrés quelques heures auparavant, sonde entérale toujours dans le nez me ressortant par la bouche. L’infirmière m’ôte tout, de toute façon c’était la dernière perfusion et me propose de me remettre une nouvelle sonde. Ayant la gorge en feu par les acides que secrète l’estomac, je ne pouvais supporter d’être ré-intubé dans l’instant. Je refuse. On attendra le lendemain !

Nettoyé, changé, je me recouche sans raccordement. Evidemment, je ne dors pas, les médicaments anti douleur ayant été vomis, je vais devoir attendre le lendemain avant d’être apaisé. Je vais devoir prendre mon mal en patience. Je commence à en avoir l’habitude…

Je reçois la visite d’un médecin chaque jour, et même plusieurs fois par jour, de l’interne au chirurgien le Dr Gorphe qui m’a opéré et qui photographie le fond de ma gorge avec son Smartphone. Je reçois même la visite du chef du département, le Dr Janot. Tous sont unanimement satisfaits de l’intervention, s’auto-complimentent sur la réussite de l’acte. Ce qui sans que j’en aie l’air me rassure…

Parallèlement, j’essaie la déglutition avec ma nouvelle gorge en peau de cuisse. Les orthophonistes ou plutôt les "déglutisseuses", car il ne s’agit pas de parler mais d’avaler correctement m’assistent. Elles m’apportent, compote et crème au chocolat et regardent comment je me comporte pendant l’exercice. Je me prendrais presque pour Louis XIV devant ses courtisans, car toutes deux sont extrêmement attentives. Elles m’observent à chacune de mes tentatives. Et c’est loin d’être gagné. Faudra encore quelques efforts, mais je ne suis pas trop déçu. Comme je ne ressens ni ma bouche ni le fond de ma gorge, je m’y attendais. Le marathon n’est pas encore terminé. Il va me falloir encore de la patience et un certain entrainement. Rien que de penser que je suis resté la bouche grande ouverte pendant plus de douze heures, il ne me parait pas anormal d’avoir la bouche de travers et la langue gonflée, ce qui me semble en soi fort gênant quel que soit le geste à réaliser.

Et un matin alors que je m’apprête à rester encore une bonne semaine le Dr Gorphe m’annonce que je sors dans deux jours !

Je suis tout de même surpris… 

La première phase est close. Je quitte Gustave Roussy le 28 avril en recevant mes futurs rendez-vous : l’orthophoniste dans 10 jours, le Dr Gorphe trois semaines après…

A suivre…
 
21 juin 2016

Deux mois après l’intervention, on me confirme que l’exérèse est totalement réussie. Maintenant, je peux boire à nouveau normalement par la bouche, eau, jus de fruits, compléments alimentaires par la bouche, quant à ingérer de la nourriture solide, je privilégie les légumes qui passent mieux que les pommes de terre ou les pâtes, encore que tout dépend de la quantité de sauce qui accompagne le bol alimentaire. J’ai une préférence pour la ratatouille, les petit-pois, les courgettes sautées, le gratin de chou-fleur archi-cuit et la quiche… mais sans les lardons qui passent difficilement à la déglutition. J’évite la viande, mais je mange du poisson qui se délite complètement dans la bouche et s’avale sans trop de difficulté. Mais je suis encore obligé d’accompagner chaque bol alimentaire avec une gorgée d’eau.

Deux mois, c’est long… encore deux mois et vous aurez la suite…

 
12 juillet 2016

J’enlève moi-même ma sonde nasogastrique pour nourriture entérale. Je me nourris désormais exclusivement par la bouche, c'est-à-dire comme tout le monde, enfin comme tout le monde, c'est beaucoup dire, il faut tout de même que je fasse attention à bien déglutir !

 
29 juillet 2016

Le Dr Gorphe m'annonce qu'on va m'élargir le larynx pour m'assurer une bonne aération.

La nouvelle que je n'osais espérer me remplit de joie.

Rendez-vous est donc pris début septembre pour l'intervention. But de l'opération : enlèvement de ma canule trachéale.

Déjà, je respire mieux… rien que d'y penser !

 
 

http://www.pagesfremissantesjean-marckerviche.com/

 
 
 
 
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Jean-Marc Kerviche



Avant de vous narrer ce qui m’est arrivé dans les années 70 alors que je dépannais une clinique située dans le Val Oise, il est nécessaire que je précise d’une part la topographie de l’endroit et d’autre part la façon qu’a le personnel de la clinique pour transporter les morts vers la morgue située dans une des dépendances de la propriété. J’ignore si c’est encore le cas aujourd’hui.
Cette clinique se trouvait et se trouve vraisemblablement encore située de nos jours dans le haut d’un grand parc. Visible de l’entrée principale, on découvre un ensemble de deux bâtiments, un ancien, auquel est accolée une construction plus récente et plus imposante, le tout sur 3 étages, et sur la droite se trouvent plusieurs autres dépendances le long d'un mur d’enceinte.
A cette époque la morgue était située dans une de ces dépendances et quand les cas malheureusement se présentaient il était nécessaire d’acheminer les corps vers cette morgue. Mais le problème résidait dans le fait qu’il n’existait pas d’accès par les sous-sols. L’on se devait alors de passer par l’extérieur avec le corps devant l’entrée principale de la clinique.
Or il eut été mal venu qu’un visiteur tombât sur ce genre de transport. En conséquence de quoi, les préposés à cet office utilisaient un chariot brancard à roulettes sur lequel s’allongeait un infirmier tout ce qui il y a de plus vivant donnant l’illusion aux visiteurs rencontrés qu’on véhiculait un malade, et juste en dessous de l’infirmier bien éveillé, se trouvait dissimulé un caisson de forme parallélépipédique de même dimension que le chariot destiné à recevoir le mort. Le convoi ainsi constitué, personne ne se doutait de rien.
Etant très souvent à la clinique pour les dépannages fréquents du téléphone, de la signalisation et la surveillance des malades, mais aussi pour des alarmes diverses et variées, j’avais connaissance de l’utilisation de ce subterfuge pour exécuter cette opération.
Et comme ce brancard était habituellement relégué au deuxième sous-sol avec le matériel obsolète de la clinique, lits et matelas d’appoint ainsi que le matériel médical en attente de réparation, le tout sur une immense surface nullement cloisonnée représentant la superficie de la clinique, quand je découvrais cet objet, je l’observais toujours d’un œil torve car il revêtait pour moi un certain effroi.
J’avais donc été appelé pour dépanner. Et après être resté un moment auprès du standard pour m’enquérir du problème, je descendais au 2ème sous-sol dans le local où se trouvait l’autocommutateur (pour les puristes une 7 E CGCT avec meuble BC, le chargeur, les batteries de l’installation et le répartiteur).
Quelle ne fut pas ma surprise après avoir ouvert la porte et allumé la lumière de découvrir le fameux chariot, là, juste devant moi dans un local non destiné à cet usage.
Excédé, à la limite de l’écœurement, pensant en moi-même qu’ils auraient pu le mettre ailleurs, je me décidais de saisir ses allonges pour le sortir du local quand je remarquais au vu les efforts que je consentais que le caisson était occupé.
Imaginez mon trouble. Sans aller jusqu’à paniquer, je lâchais l’affaire et me retournais, bien décidé à me plaindre en haut lieu.
A ce moment précis, le couvercle du caisson s’ouvrit et les rires fusèrent de tout côté de derrière les piliers de soutènement de la clinique.
Fort heureusement, je ne suis pas cardiaque !
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Défi
Jean-Marc Kerviche
La réponse à mon défi...
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Questionnaire de l'Atelier des auteurs

Pourquoi écrivez-vous ?

Pour mettre de l'ordre dans ma tête car les idées s'y bousculent.
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